01 septembre 2008

Péages autoroutiers : Stop au racket !

Droit à acquitter pour franchir un passageA l'origine, les péages autoroutiers devaient servir à rentabiliser les investissements consentis pour construire les autoroutes mais aujourd'hui ces grands axes de circulation sont largement amortis depuis longtemps.

Il n'est donc plus nécessaire d'augmenter les tarifs des péages et il serait même tout à fait justifié qu'ils soient réduits de façon significative.

Or, non seulement, les tarifs continuent d’augmenter régulièrement mais sur deux tronçons d'autoroute, à peu près identiques en longueur, le prix du péage au kilomètre peut varier de 1 à 5...


Pendant les vacances d’été, rares sont les parlementaires qui se préoccupent du sort quotidien des Français. Pourtant, un député non inscrit Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP) a demandé au gouvernement un «gel d’un an» des tarifs des péages autoroutiers, "le temps qu’une Commission d’enquête parlementaire (...) puisse faire toute la lumière sur ces scandaleux dérapages".

La route est en effet un bien public mais, comme toujours, les missions de service public confiées à des opérateurs privés, à l'image d'autres secteurs comme la distribution de l'eau potable, notamment, se traduisent par des augmentations non justifiées des prix au détriment des utilisateurs ou des consommateurs.

Les sociétés d’autoroutes, privatisées depuis 2006, invoquent bien l'argument du coût de l'entretien mais celui-ci représente une part infime dans une recette de péage et ne résiste pas à l'examen des bilans annuels de ces sociétés qui démontre que les taux de rentabilité atteignent des taux record, dans certains cas, de plus de 60%...

La technique du foisonnement


Malgré l’opacité de la gestion pratiquée par les concessionnaires de péages autoroutiers, la Cour des Comptes a mis en lumière cette fameuse technique dite du «foisonnement».

A chaque augmentation, les concessionnaires d'autoroutes justifient le montant des péages en disant respecter le cahier des charges et en indiquant que le système des prix était inhérent au système tel qu'il avait été conçu avant même la privatisation. De plus, chaque société possède sa propre méthode de calcul des péages, ce qui complique encore un peu plus la compréhension des prix par les automobilistes.

En clair, l'Etat fixe un taux global d'augmentation pour chaque société, qui choisit ensuite d'augmenter plus ou moins certains tronçons. Les tronçons où il y a le plus de trafic autoroutier sont les plus chers, ce qui permet de donner un coup de pouce à leurs résultats tout en respectant ce que leur demande l'Etat.

Par exemple, si l’on emprunte le tronçon de l'A64N entre Chapitre et Muret Nord, il faut débourser près de quatre fois plus que sur le tronçon Nîmes Ouest-Arles sur l'A54, qui est pourtant loin d'être le moins cher. Ces pratiques ne sont pas hors-la-loi mais plus que douteuses et les usagers ne sont pas bien sûr au courant car ils n'ont aucun moyen de comparer, les grilles tarifaires étant d’une complexité énorme...



Petit rappel sur la privatisation des autoroutes 

Le processus de privatisation des autoroutes a été engagé, en octobre 2001, par le socialiste Laurent Fabius, lorsqu'il était ministre des finances du gouvernement de Lionel Jospin. Une seule société d'autoroutes était alors privée : Cofiroute.

L'opération lancée par Laurent Fabius concernait les Autoroutes du sud de la France (ASF) : la mise en Bourse, le 28 mars 2002, de 49 % de son capital avait rapporté 1,8 milliard d'euros à l'Etat.

La Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône (SAPRR) et celle des autoroutes du nord et de l'est de la France (Sanef) ont été introduites en Bourse en novembre 2004 et mars 2005.
Puis, annoncée le 8 juin 2005 par le Premier ministre Dominique de Villepin, lors du débat à l'Assemblée nationale, la privatisation totale des sociétés d'autoroutes est lancée officiellement via un appel à candidatures le 18 juillet 2005.

Elle est rapidement mise en œuvre par la suite, la privatisation des sociétés ASF, APRR et Sanef, pour lesquelles la participation de l'Etat était majoritaire, est rendue effective par décrets en 2006.



Photo Creative Commons


Lire la suite du blog :

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Le coeur du problème est les deux grands partis de gouvernement UMP et PS ne représentent plus les intérêts de la très grande majorité des français.

Ceci n’est pas un détail, car ce pourrissement général de la République est ce qui permet le passage de lois indignes concernant le TEMPS DE TRAVAIL ou le TRAITE DE LISBONNE, ou cette gestion privatisée des autoroutes, entre autre!

Il faut que toutes les personnes engagées pour que les choses changent dans ce pays soutiennent l’idée d’une ASSEMBLEE CONSTITUANTE PROVISOIRE dont le but serait de rédiger une Constitution qui redonne le contrôle aux français sur les institutions politiques.

Seulement de cette manière des lois qui ne servent qu’un petit nombre d’intérêts privés ne pourront plus passer.

Les membres de cette assemblée ne pourraient pas être ceux qui vivent directement de la politique, car ils ont tout intérêt à ce que rien ne change dans ce qui est devenu un République confisquée !

Anonyme a dit…

Une remarque supplémentaire pour montrer le côté néfaste de la privatisation des autoroutes. De nombreuses petites sorties d'autoroutes n'ont plus du tout de personnel.

L’automobiliste est obligé de payer par carte bancaire. Malheur à celui qui n’a pas de carte bancaire ou des problèmes avec celle-ci.Il est possible, parait-il, de payer aussi en liquide mais on ne voit pas les distributeurs…

Il est plus que temps que l'état rejoue son rôle de service public qu’il n’aurait dû jamais perdre dans ce secteur mais pour cela il faudra attendre au moins quatre ans.

Et encore il n’a pas sûr qu’une gauche qui reviendrait au pouvoir annulerait les privatisations. On se souvient tous que Jospin avait privatisé plus que la droite !

Anonyme a dit…

Merci Albert pour cet article documenté, comme toujours.
J'avoue m'être posé le problème des péages autoroutiers lors de mes vacances d'été où après avoir emprunté des tronçons en travaux, limités à 90 km/H sur environ 110 km, j'ai fait parvenir une lettre à la société des autoroutes pour contester l'onéreux péage non justifié par la limitation de vitesse, notamment !
Aucune réponse à ce jour évidemment... Un véritable racket.

Anonyme a dit…

La même réflexion peut être faite avec la SNCF.

Quand on demande à cette dernière pourquoi ses recettes augmentent beaucoup plus vite que le nombre de passagers, elle répond que c'est parce que les clients fréquentent plus la première classe !

Un peu court.

Tout cela alors que le train connait, grâce à l'envolée du prix de l'essence (et des péages!) un environnement économique historiquement exceptionnel.

Ou sont les contrôles (Commission d'enquête parlementaire ?), maintenant que le parlement à tellement, parait-il d’après Jack Lang, plus de pouvoirs ?

Albert Ricchi a dit…

@ Christine,

Idem pour le tronçon Avignon-Marseille où il y avait récemment des travaux et où de surcroit, en pleine période de congé d'été, les sorties an niveau de Lançon de Provence sont souvent engorgées, provoquant de longues files d'attente...

Un tronçon également où la technique dite du foisonnement fait fureur au niveau des tarifs...

Anonyme a dit…

En "haut lieu" on est très pressé de s'en mettre plein les fouilles.

C'est tout et tout de suite, bling blng !

Tant pis pour ces idiots d'automobilistes qui paient sans rechigner et sans rien comprendre.

Encore a venir La poste (projet de société anonyme), l'énergie nucléaire et tout ce qu'il y aura à privatiser.

Jospin a donné le bon exemple et la droite continue sur la même lancée.

Que restera-t-il après cette grande braderie et avec un état moribond ?

Le choix de baisser la tête et attendre ...

Attendre quoi ? Dieu seul le sait !