29 septembre 2008

La Poste en danger... de mort


Boîtes aux lettres
Premier service public de proximité en France, la Poste est l’une des dernières postes publiques en Europe.

La Poste privatisée et introduite en bourse - option mise à l’étude par le gouvernement de François Fillon - mettrait un terme au service universel postal, accessible pour tous au même tarif sur tout le territoire.

Et la question aujourd'hui du maintien de son statut ne devrait même pas se poser...


Au moment où les salariés de la Poste se mobilisent pour refuser la privatisation de cet établissement, l'administration ultra libérale de Washington nationalise des établissements financiers (banques et crédits après la nationalisation de fait d'Enron, la compagnie californienne d'électricité en 2002). Ces mêmes Etats-Unis possèdent en outre une entreprise publique de qualité : la Poste fédérale...

Il est cocasse de voir aujourd'hui tous ces libéraux qui siphonnent les richesses de l’état, pillent les services publics, s’attaquent en permanence à l’impôt républicain en appeler ainsi à l’Etat contre les méfaits de leurs banquiers et autres spéculateurs sans foi ni loi.

200 milliards par-ci pour cautionner Fanny Mae et Freddie Mac, Lehman Brothers, 85 milliards par-là pour équilibrer AIG, le Trésor américain paie les frasques du privé en dépit de tous les crédos libéraux.

En France, après de multiples privatisations faites dans tous les domaines par les gouvernements successifs de droite comme de gauche (le gouvernement de Lionel Jospin battant tous les records en la matière…) voilà que l’on essaie de s’attaquer à la poste, institution créée au XVème siècle par Louis XI, qui est un fleuron de notre tissu social participant à l'aménagement du territoire.

Et derrière les juteux milliards de la privatisation de ce bien commun se cache en fait une double escroquerie : 
  • Faire croire que tous les services publics doivent être privatisés 
  • Faire croire que la concurrence c’est bien pour les consommateurs 
Dans les deux cas, les limites ont été très rapidement atteintes tant au niveau des échecs commerciaux que des ententes commerciales illégales. Nous vivons ainsi en direct les épisodes parfois chaotiques de la libéralisation des énergies, des transports, des services portuaires et des services postaux. Dans tous les pays où elles se sont déjà produites, ces libéralisations ont eu pour effet de réduire la qualité du service et d'augmenter les prix.

Seuls des apprentis sorciers tels que Nicolas Sarkozy, Jean-Paul Bailly son directeur et naturellement la commission européenne qui orchestre et surveille tout cela avec la plus grande attention croient encore aux vertus de l'ultra libéralisme.

Ils auront désormais des comptes à rendre à la nation sur leurs propres responsabilités…


Pétition pour réclamer l'organisation d'un référendum d'initiative populaire sur l'ouverture au privé du capital de la Poste.

Un séisme financier fait vaciller l’ensemble du système bancaire international et, au-delà, l’économie mondiale. Et malgré cela, le gouvernement français persiste à vouloir privatiser La Poste. L’administration américaine « nationalise » des pans entiers de la finance pour éviter la débâcle, mais l’Etat français, lui, est prêt à céder au privé une partie au moins d’un service public auxquels les Français sont attachés. Et, avec lui, la banque des classes moyennes et des tout petits épargnants.

Comme dans le cas du fichier Edvige, Nicolas Sarkozy, sentant la montée des oppositions, a repris les choses en main et créé une commission de réflexion. En réalité, c’est tout réfléchi : une fois transformée en société anonyme, La Poste ouvrira son capital aux investisseurs privés pour lever en bourse les fonds nécessaires à sa croissance - dans un marché totalement ouvert à la concurrence d’ici 2011.

Pour nous faire avaler la pilule, les promoteurs de cette idée de génie nous promettent que l'Etat restera majoritaire – même si on nous a déjà fait le coup avec France Télecom dont l'Etat ne possède plus aujourd'hui que 27 % du capital ! Ils nous jurent que La Poste conservera toutes ses missions de service public. Sans jamais dire lesquelles et pour combien de temps ? Ils nous assurent que les tarifs n'augmenteront pas – contrairement aux prix des péages depuis la privatisation des autoroutes. On nous certifie que l'usager y trouvera son compte - contrairement au fiasco des renseignements téléphoniques privatisés. Le tout, bien évidemment, sans supprimer le moindre emploi. Tout juste fermera-t-on quelques centaines de bureaux de Poste dans les zones rurales ou les quartiers populaires (après avoir fermé casernes, tribunaux et hôpitaux…). Au nom de la rentabilité !

Pour toutes ces raisons, Marianne a décidé de relayer l’idée d’un référendum d’initiative populaire, comme le permet désormais la nouvelle Constitution. La Poste est un service public. A ce titre, elle appartient à l’ensemble des citoyens-usagers-contribuables. C’est donc à eux - à nous, à vous - de choisir si cette entreprise doit ou non demeurer à 100 % dans le giron de l’Etat.

Quant à la question « faut-il privatiser La Poste ? », pour notre part, la réponse est non.



> Signer la pétition ICI


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5 commentaires:

Anonyme a dit…

La principale justification à l'ouverture à la concurrence de marchés auparavant sous monopole (le plus souvent public) est bien souvent la baisse des prix que cette libéralisation doit mécaniquement provoquer.

C'est en tout cas ce que croit entendre le futur consommateur, ex-usager, lequel se frotte déjà les mains à l'idée d'économiser quelques sous sur sa facture d'acheminement du courrier…

Et c'est bien également le discours tenu par bon nombre de politiques et quelques "économistes" pour vendre la dite libéralisation à ce bon peuple de consommateurs alléché par "demain on rase gratis" et autres promesses de "grand soir" consumériste…

Voilà le double effet kiss cool de la libéralisation sur des services à forte élasticité de prix : le prix baisse mais le budget qu'on y consacre augmente!

Et c'est en fait le véritable effet recherché par les acteurs industriels sur ce type de marché: accroître significativement la taille du gâteau au profit de tous, mais pas forcément du portefeuille des ménages.

Le discours focalisé sur la baisse des prix masque l'effet premier de la libéralisation dans de nombreux secteurs, l'innovation de services et la multiplication des offres et donc des sollicitations commerciales auxquelles le consommateur lambda a bien du mal à résister.

Les sirènes de la consommation ont un chant bien attrayant, surtout lorsque l'on n'a guère la volonté d'y résister! Et tant pis pour le portefeuille...

Anonyme a dit…

Je pense que les "usagers" - j'apprécie beaucoup le terme -, ont plus à perdre qu’à gagner de la privatisation.

Je n’ai jamais été pour la libéralisation des grandes entreprises publiques et encore moins depuis que j'observe les conséquences de la philosophie du marché sur nos comportements sociaux et politiques.

Je n'ai pas un porte-monnaie à la place du cerveau.

J'attends autre chose de la vie en société que la manne économique libérale ne peut à elle seule apporter.

Anonyme a dit…

J’aimerais bien que La Poste soit vraiment un service public, c’est à dire qu’elle serve le public.

Parce qu’entre les horaires d’ouverture des bureaux incompatibles avec les horaires des salariés, les files d’attente à rallonge et les guichetiers qui décrochent à peine un bonjour en maugréant quand ils doivent se lever pour aller chercher votre lettre recommandée, franchement, un service public comme ça, j’ai pas envie de le défendre.

Anonyme a dit…

Si seulement la crise financière actuelle pouvait s'imposer comme un "nouvel adversaire" de la privatisation de La Poste ?? Elle aurait au moins cela de bon !
Les missions du service public postal doivent effectivement continuer à s'exercer au sein d'un groupe public unitaire. Visiblement, on s'achemine cependant vers la disparition d'un de nos meilleurs outils d'aménagement du territoire et vers le délitement des politiques de solidarité.

Anonyme a dit…

La privatisation de la poste est probablement la privatisation de trop.

Ce qui est énervant dans ce débat, c’est qu’à cause des prises de position dogmatiques des libéraux on est obligé de prendre des positions tout aussi dogmatiques dans l’autre sens alors que la question mérite examen, nuances, cas par cas.

Certains services marchent mieux lorsqu’ils sont privatisés d’autres au contraire ; un exemple: les renseignements téléphoniques en France, un bide total...

En outre"privatisé" ne veut pas dire nécessairement mis en concurrence sérieuse : qui peut prétendre encore que les FAI et les opérateurs de téléphonie mobile se font vraiment concurrence ?