05 décembre 2010

Claire Villiers restera dans nos mémoires

Fondatrice d'Agir ensemble contre le chômageClaire Villiers est morte le 3 décembre 2010, à l'âge de 59 ans. Elle avait un cancer depuis 15 ans, qui a fini par prendre sa vie malgré toute la rage qu'elle a mis à le tenir à distance, en continuant ses combats, en affirmant ses convictions, alors que l'ombre de la maladie s'étendait sur elle. 

Elle était une force de conviction, de courage, d’engagement humain réfléchi. Avec son souvenir, on ne peut faire qu’une chose : continuer le combat du mieux possible ! 


Pour tous les militant-e-s de l’autre gauche, la peine est très grande et beaucoup perdent une amie. Son énergie, son courage venaient de loin. 

Il faudrait parler de sa famille et de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) aux antipodes des traditionalistes qui défendaient « nos colonies » et l’ordre économique et social « naturel ». 


On l’a connue syndicaliste à l’ANPE où elle devint l’une des fondatrices de Agir ensemble contre le chômage (AC !). Il fallait bien que des syndicalistes aident une Marche des chômeurs et que ceux-ci acquièrent une visibilité par l’action et non par la souffrance !


La CFDT ANPE était ainsi un des piliers dans le regroupement, durant les années 1980, d’une opposition syndicale de lutte au sein de cette confédération syndicale. Le courant « Tous ensemble » a lutté longtemps pour une autre orientation de la CFDT et Claire en était une des animatrices. 


Avec d’autres, Claire Villiers voulait « changer la politique » afin que les mobilisations populaires ne restent pas dans une impasse et puissent « entrer en politique » et considérait comme essentiel cette passerelle entre le mouvement social et la gauche de transformation.


Co-Présidente de la Fondation Copernic, elle a été tête de liste pour les élections régionales de 2004, en Île-de-France, à côté de Marie-George Buffet. Elle espérait que cette bataille aide à des options nouvelles dans le PCF. Elue conseillère régionale dans les Hauts-de-Seine, elle était devenue vice-présidente de la région chargée de la démocratie sociale jusqu’en 2010. 


Elle avait activement participé à la campagne de la gauche antilibérale contre le Traité constitutionnel en 2005 puis soutenu la candidature de José Bové à l’élection présidentielle de 2007, devenant l’une de ses porte-parole de campagne. 


C’est avec rage qu’elle vécut le gâchis et l’échec des collectifs unitaires de 2006-2007 ! 


En 2009, elle avait participé à la création de la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE), dans le même esprit de construction d’une force alternative et sociale à gauche de la gauche.


Et, depuis, malgré la maladie, elle a été de toutes les luttes avec le souci de ne pas s’enfermer dans les contraintes de la politique, de repartir de l’idée « fédérons-nous ». Quand le plus grand nombre se met en mouvement, comme chacun-e est transformé-e ! C’était son but essentiel : que l’activité des militant-e-s serve à cela. 


Mais toute cette cohérence personnelle entre ses idées, sa vie et ses combats, ne suffirait pas vraiment à expliquer ce que l’on a perdu en perdant Claire, son exceptionnelle imagination politique, son éternel sourire, sa bienveillance paisible, son souci absolu de l’autre, bien plus que d’elle-même…


Photo Creative Commons



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4 commentaires:

gabriel a dit…

L'opposition à la ligne majoritaire de la CFDT à la fin des années 80 fut une belle et rude bataille.

La mort de Claire réveille le souvenir de ces moments où la gauche syndicale se battait à contre courant.

Elle a su lui donner un prolongement politique stimulant - même si on peut ne pas être d'accord avec tel ou tel épisode !

sauveur a dit…

Claire a été une des figures de l'opposition interne à l'esprit "cogestionnaire" qui a finalement triomphé à la CFDT mais son action avec des centaines d'autres syndicalistes a permis la création de SUD et le renforcement de la FSU.

andré a dit…

Bien que je ne sois pas de la même mouvance politique, je pense que cette femme était une grande dame.

J'admire son engagement.

Merci Albert de lui avoir rendu hommage.

Anonyme a dit…

Triste nouvelle...

C'était il y a 15 ans, action au Château de Versailles pour faire entendre la voix des "sans", (travail, logement, papier etc...), dans le train qui nous y menait, j'avais écouté et entendu Claire, à l'époque de la création A/C...

Les combats continuent...tu vas nous manquer...chienne de vie