07 novembre 2013

Le Front de Gauche doit-il être refondé ?

Coalition de partis politiques français
Les militants communistes se sont prononcés sur le type de liste qu’ils entendent présenter au premier tour des prochaines élections municipales 2014, à Paris.

Au-delà des effets au sein même de la fédération parisienne du PCF, qui a connu des résultats très contrastés suivant les arrondissements, ce vote aura des répercussions sur l’ensemble du Front de Gauche car il obscurcit les perspectives de construction d’une véritable force politique à la gauche du PS…



Dans la capitale de la France, faire liste commune avec le Parti Socialiste dès le premier tour des élections municipales est loin d’être anodin. Drôle de rassemblement en effet que celui qui commence par diviser son propre camp et aboutit à ce que des organisations membres du Front de Gauche soient sur des listes séparées et donc concurrentes. 

Divers arguments ont été avancés par certains cadres communistes pour justifier ces accords à Paris et dans d'autres villes de France. Le premier est la nécessité du rassemblement face à la droite, le second est celui de la menace Front National qui justifieraient des accords de large union dès le premier tour. 

Dans les couloirs, certains cadres communistes expliquaient que ce n’était pas leur choix mais que, face au chantage socialiste, il fallait cet accord à Paris pour obtenir le maintien de ce qu’il reste des bastions communistes de la ceinture rouge. 

En fait, finalement, seule la perspective du nombre d’élus communistes semble avoir été prise en compte. Cette stratégie de la direction communiste avait déjà été observée notamment lors des dernières élections régionales où dans cinq régions et 19 départements, le PCF avait choisi une alliance avec les socialistes dès le premier tour : Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Champagne-Ardenne et Lorraine.

Pour beaucoup de militants du FdG, la « trahison » de Pierre Laurent, est un évènement d’une gravité considérable qui fait penser à ces accidents dont on sort vivant, avec quelques blessures mais qui révèlent au fil du temps la réalité inguérissable du choc.

Car il ne s’agit pas d’un simple accord concernant une ville. Il s’agit d’une révolution de palais, Pierre Laurent et le chef de file des communistes parisiens, Ian Brossat,  ayant l’intention d’utiliser le logo FdG sur les affiches d’Anne Hildago ! Le PCF ne se contente pas de quitter un camp pour en honorer un autre. Il feint d’agir au nom de l’ensemble de ses alliés alors qu’il ne représente qu’une partie du groupe !

Laisser passer l’orage ou créer un nouveau parti ?


Cette stratégie dans la capitale de la France risque d’être fatale à l’ensemble du FdG. Que vont faire en effet les militants qui ne partagent pas ce choix ou les électeurs de gauche qui devront choisir entre deux visions du FdG ?

La dernière note sur le blog de Jean-Luc Mélenchon donne une première réponse : « Pour qui sonne le glas ? ». JLM se rassure en indiquant que ce glas-là ne sonne pas pour lui. Une des raisons de ce relatif optimisme est le vote des militants communistes de Lyon en faveur de l’autonomie par rapport au PS dès le premier tour. Sur Facebook notamment, cette nouvelle a été accueillie avec joie. Malheureusement, dès le lendemain, on apprenait que 8 élus communistes sortants sur 12 refusaient le vote des militants…

Ne plus parler de l’incident parisien et entrer en campagne ardemment pour obtenir les meilleurs résultats possibles, Jean-Luc Mélenchon a, semble-t-il, choisit cette dernière solution pour les mois qui viennent. Il appelle à la loi des urnes pour régler cette affaire et demande en fin de compte aux électeurs de choisir entre Pierre Laurent et lui-même. 

Danielle Simonnet, chef de file du PG à Paris et les autres participants du FdG se veulent aussi rassurants sur l’avenir du Front de Gauche. «Dans nombre de capitales régionales, il y a des listes du FG», citant notamment Lille, Strasbourg, Grenoble. «Majoritairement sur le territoire français, nous allons avoir un FdG rassemblé en opposition aux listes gouvernementales».

«C’est plutôt des cas d’exception que la majorité de la situation nationale. On est plutôt optimistes sur l’avenir du FdG», a renchéri Roland Mérieux. «Il y a une crise du FdG à Paris  mais elle est limitée. Rien de tout cela ne signifie qu’il y ait une rupture acquise du FdG», a ajouté Laurent Lévy, de la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique.

En fait, Jean-Luc Mélenchon et le PG ont beaucoup de mal à sortir de l’ambiguïté et reconnaître que depuis les débuts du FdG, le PCF se sert plutôt de celui-ci pour maintenir ses scores électoraux et conforter la situation de ses élus plutôt que d’œuvrer à une véritable alternative à la politique néo-libérale du PS et de ses alliés. La perspective du renouvellement de son poste de député européen sur des listes FdG avec le PCF va sans doute le conduire à avaler cette nouvelle couleuvre parisienne…

D’autres militants du FdG sont eux en faveur de la création d’un nouveau parti ou une nouvelle coalition sans le PCF et ce le plus rapidement possible. Créer un nouveau parti clairement anti-libéral avec une nouvelle appellation aurait aussi un autre avantage en faisant disparaître la myriade des petites organisations, qui aux côtés du PC et du PG, sont membres du FdG.

Si les choses restaient en l’état, comment vont se croiser dans les villes, les anciens alliés, désormais ennemis ? S’étriper lors des municipales et ensuite redevenir amis pour les Européennes ? En attendant que les élections municipales  soient passées et en préparant dans la foulée les élections européennes, le FdG risque de sortir au final en lambeaux avec une stratégie incompréhensible pour les électeurs, faux FdG et vrai FdG noyés dans la même confusion, la droite et l’extrême droite emportant le morceau… 

D’une manière générale au plan national, le choix opportuniste, ville par ville, fait par le PCF est à peu près le même que celui fait hier pour les Régionales et les cantonales : un choix «à la carte» en fonction de la configuration électorale de chaque territoire et destiné à sauvegarder le plus grand nombre de ses élus.

Dans un cas (listes du FdG), le PC risque de perdre des élus, ne serait-ce parce que les places éligibles doivent être partagées avec les autres formations constituant le FdG. Ce n'est pas rien puisque économiquement, le PC est en très grande difficulté sans la manne de ses élus de terrain.

Dans l’autre cas (listes PC/PS au premier tour), le parti de Pierre Laurent peut espérer garder nombre de ses élus, avec l'argument de pouvoir influencer les décisions des majorités de gauche, bien que jusqu'ici, cela n’ait joué qu'à la marge et sur des sujets annexes sans grande importance.

Mais en jouant sur les deux tableaux, le PCF rebute tout à la fois ses électeurs, le PG et les autres composantes du FdG, le PS et décrédibilise  la tentative de construction d’une autre gauche qui risque ainsi de plafonner longtemps à moins de 10 % de l’électorat…



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