02 avril 2016

Gazoduc Eridan : une menace pour la population de la vallée du Rhône !

Canalisation destinée au transport de matières gazeuses

Entériné par le Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, le projet de canalisation de transport de gaz naturel, appelé « Eridan » doit relier les départements des Bouches-du-Rhône à la Drôme et servir à développer les capacités de transport de gaz naturel dans le Sud-Est du pays. 

Mais ce gazoduc représente un véritable danger pour les habitants de la vallée du Rhône, région déjà soumise à de multiples pressions : LGV, autoroutes, centrales nucléaires, sites industriels... 



Cette installation, longue de 220 kilomètres, doit relier la station de compression de Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) à celle de Saint-Avit (Drôme) et sa mise en service est prévue pour 2019-2020. Elle traversera 5 départements (Drôme, Ardèche, Gard, Vaucluse et Bouches-du-Rhône) ainsi que 59 communes. 220 km de gaz compressé à 80 atmosphères, enterré à 1 mètre seulement, dans une canalisation de 1.20 m de diamètre, soit le maximum autorisé.

Le montant des travaux s'élève à 620 millions d'euros, une subvention de la Commission européenne étant prévue à hauteur de 74 millions d'euros.  

Un gazoduc dangereux pour la population

Ce projet va anéantir des espaces agricoles en plantations d'oliviers, de maraîchage et de foin de Crau. Il menacera la nappe phréatique de la Crau qui alimente près de 270.000 personnes en eau potable en détruisant le poudingue, une roche sédimentaire détritique consolidée, qui sert de barrage aux pollutions. Il passera enfin à proximité de plusieurs écoles et serait une catastrophe humaine en cas d'accident sur le gazoduc.

En cas de rupture de la canalisation, le gaz peut provoquer des explosions suite à la formation de nuages de gaz, mais également des jets enflammés. Or, le gazoduc Eridan doit notamment passer aux pieds des centrales nucléaires de Marcoule et du Tricastin. Il passe à deux reprises sous le canal de Donzère-Mondragon qui sert à refroidir la centrale de Tricastin. En cas d'explosion du gazoduc, les réacteurs de la centrale ne seraient plus refroidis et 4 millions de personnes seraient impactées !

Les avis de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) confirment ce risque. L’étude de dangers  menée par le maître d’ouvrage GRTgaz a été jugée insuffisante par ces autorités scientifiques. Certains dangers potentiels ont été minimisés tandis que d’autres ont littéralement été écartés !

GRTgaz a reconnu lui-même la faiblesse de son étude de dangers en modifiant le tracé de sa canalisation mais aux abords de la centrale nucléaire uniquement. Or, après le tracé actuel du gazoduc, si l’on prend en compte les risques d’accidents occultés par GRTgaz, ce sont parfois des communes entières qui se retrouvent dans la zone d’effets létaux (zone de danger de niveau grave à très grave pour la vie humaine).

Les distances des effets létaux ont été largement minorées (1500 mètres autour du gazoduc au lieu des 3200 définis par l’IRSN). Et on se souvient à ce sujet de la rupture et l'inflammation d'un gazoduc le 30 juillet 2004 en Belgique, à Ghislenghien, faisant 151 victimes dont 18 morts.

De plus, le tracé du gazoduc se situe principalement en zones inondables. Les impacts sur les espèces et les milieux seront particulièrement importants avec la traversée de 13 zones Natura 2000 et de la réserve naturelle nationale des Ramières du Val de Drôme.

Les mesures compensatoires envisagées ne sont pas à la hauteur des enjeux environnementaux soulevés. Des espèces protégées telles que la loutre d’Europe ou la tortue Cistude vont être sérieusement impactées, d’autant plus que la prise en compte des zones humides et cours d’eau lors de l’étude d’impact représente un sérieux point faible montré du doigt par l’autorité environnementale elle-même.

Le projet ERIDAN a été déclaré d’utilité publique par Ségolène Royal, Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, alors même que d’autres tracés moins dangereux et largement moins coûteux sont possibles.

Pourquoi donc s’entêter dans un projet plus cher dans un contexte de crise, implanté dans une vallée du Rhône déjà sous pression ? Un projet d’autant plus incompréhensible qu’il ferait d’Eridan le plus gros gazoduc de France, alors que toutes les prévisions de consommation de gaz sont à la baisse... 


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