24 juin 2016

Brexit : chapeau les Anglais !

Référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE

Le vote britannique du 23 juin en faveur du Brexit est un moment historique. En votant à 51,9% pour une sortie de l’Union européenne, les électeurs britanniques ont donné une leçon de démocratie au monde.

Ce résultat porte la condamnation d’une forme du projet européen et le besoin de revenir à des formes plus respectueuses de la souveraineté dans le cadre des nations qui constituent l’Europe…


Tout ne fut pas parfait dans cette campagne. La couverture des médias s’est faite en faveur de l’option « rester » et les milieux financiers ont fait une campagne hystérique pour que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne. Mais, on a pu voir que les électeurs ne se laissaient pas outre mesure impressionner par l’argent ni les arguments déversés dans les médias. Et il convient de saluer la maturité des électeurs britanniques qui, légitimement choqués par la tragédie qu’a représenté l’assassinat de la député travailliste Jo Cox, ne se sont pas laissés submerger par l’émotion.

Le succès de l’option « Brexit » dans ce référendum peut alors être comparé au succès similaire du « non » lors du référendum sur le projet de Traité Constitutionnel Européen en France en 2005. Dans les deux cas, un électorat populaire et ouvrier s’est soulevé contre des « élites » autoproclamées et les journalistes à leur solde. 

Le nouveau dirigeant du parti travailliste, M. Jeremy Corbyn, qui faisait campagne contre le Brexit, a été désavoué par une partie significative de ses électeurs. Le référendum britannique s’avère être aussi un véritable camouflet pour le Président des Etats-Unis, qui avait fait le déplacement en Grande-Bretagne il y a quelques semaines pour inviter les électeurs à rester dans l’Union européenne, témoignant de ce fait de ce qu’est la véritable nature de l’UE. 

Il faut saluer enfin la décision du Premier-ministre britannique, M. David Cameron, de laisser les positions divergentes s’exprimer, que ce soit au sein du parti conservateur ou au sein du gouvernement. David Cameron a dit qu’il entendait que la décision du peuple britannique soit respectée, et que la procédure juridique permettant une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne serait engagée. Ici aussi, cela tranche fortement avec le comportement des élites politiques françaises qui n’ont eu de cesse que de faire appliquer une décision qui avait été largement rejetée par les électeurs.

Sortir du déni de réalité


Cette leçon de démocratie aura des conséquences importantes pour le futur. Non pas tant à cause des conséquences financières. L’agitation sur les marchés financiers va durer quelques jours, puis va sans doute se calmer quand les opérateurs prendront actes du fait que ce vote n’interrompra certainement pas les flux de marchandises et la production. La Norvège et la Suisse ne font pas partie de l’UE et ne s’en portent pas mal, si l’on en croit les statistiques économiques. 

Les conséquences les plus importantes seront politiques. Il faut rappeler que ce vote en faveur du Brexit est le premier par lequel un pays membre de l’UE prend la décision démocratique de se séparer des institutions européennes. D’ores et déjà, on peut voir que dans d’autres pays, comme les Pays-Bas, le Danemark ou la France, ce vote donne des idées aux différents partis eurosceptiques. Au-delà, la victoire de ceux que l’on nomme « populistes » lors des élections municipales italiennes, le M5S de Beppe Grillo, ou l’échec sur le fil du candidat du FPÖ à l’élection présidentielle en Autriche, montre bien qu’il y a une forme de révolte contre l’Union européenne. 

Mais la politique du déni des élites européistes est telle qu'on ne doit pas s’attendre à une remise en cause sérieuse des options de la politique européenne par ceux-là mêmes qui l’ont mis en œuvre. Il est donc probable que l’on assiste, dans les semaines et les mois qui viennent, au maintien de cette politique. 

Il reste une dernière leçon à tirer de ce référendum. La victoire de l’option « Brexit » n’a été possible en Grande-Bretagne que parce qu’une partie de l’électorat travailliste a voté au contraire des consignes données par la direction du parti. 

Cela conduit à constater le degré d’aveuglement des directions des partis sociaux-démocrates européens et de François Hollande qui se refusent à admettre que les conséquences concrètes de l’Union européenne sont négatives pour les couches populaires. Les réglementations européennes ont été le cheval de Troie de la dérégulation et de la financiarisation des économies nationales. 

Non seulement, François Hollande n’aura rien fait contre la finance internationale mais aura même donné son feu vert à la nomination Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg - un des pays champions du secret bancaire en Europe - pour être le nouveau président de la Commission européenne. Et continuer à prétendre changer l’UE de l’intérieur et à tenir le discours convenu sur « l’Europe sociale », comme le fait le PS - mais aussi d’une certaine façon les frondeurs du PS, Pierre Laurent du PCF ou Jean-Luc Mélenchon du PG - constitue un mensonge qui se double d’une impasse stratégique.

En écoutant François Hollande qui affirme vouloir tirer les conséquences du Brexit, et construire une Europe qui ne serait pas un simple marché avec sa concurrence libre et faussée, on a envie de lui dire : Cher François, c'est facile ! Il suffit pour cela de retirer toutes les lois voulues par l'Union européenne, à commencer par la loi travail El Khomri, d'abroger la circulaire sur les travailleurs détachés, de retourner à la retraite à 60 ans à taux plein, d'annuler les baisses de remboursement des soins médicaux, de mettre fin à l'existence des paradis fiscaux au sein même de l’Europe, d'arrêter les négociations sur les traités de libre-échange, etc...


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