28 mai 2018

Donner un minimum de crédibilité à l'indice des prix : une vraie réforme que ne fera pas Emmanuel Macron…

Indice des prix à la consommation
L'indice des prix à la consommation (IPC) de l’Institut national de la statistique et des études économiques  (Insee) est utilisé pour mesurer, mois après mois, l'évolution des prix des biens et des services ainsi que le pouvoir d'achat des ménages. 

Il est d'une importance primordiale pour tous les acteurs de la vie économique et sociale mais sa fiabilité laisse fortement à désirer…


L’IPC est établi à partir du relevé de prix des produits et des services fait par les agents de l’Etat et transmis ensuite aux statisticiens de l’Insee. Il est calculé en référence à une année de base dont le niveau moyen est égal à 100. Depuis le 29 janvier 2016, cet indice est déterminé en référence à l'année 2015 et non plus à l'année 1998 comme auparavant.

Un « panier » de consommation moyen tient compte de différents paramètres tels que la composition du ménage (personne seule, couple marié avec ou sans enfants, etc.) ou le lieu d’habitation (grandes villes, banlieue, province, campagne, DOM-TOM). Une péréquation, fondée sur la structure globale des ménages, permet au final de calculer un indice moyen. 

La composition du panier correspond-t-il vraiment à ce que les ménages achètent ? On peut en douter car la liste des produits et services est indisponible sur le site de l’Insee et toute demande de communication restera vaine. Le contenu du panier est donc tenu secret par l’administration. La raison ? Il s’agirait d’éviter les manipulations. Mais depuis quand le secret est-il l’allié de la sincérité ? 


L’IPC publié est ainsi à la fois l’indice de tout le monde et celui de personne. Cette remarque, plusieurs observateurs l’ont faite et certains vont même jusqu’à proposer la publication de plusieurs indices, correspondant à différentes typologies de familles.  

Des relevés de prix qui ne reflètent pas les prix réels 


Il faut savoir que les agents de l’Etat ne relèvent que les prix des mêmes produits, achetés aux mêmes endroits. L'indisponibilité de certains d’articles ou leur remplacement par des produits non équivalents pose un problème grave. Il est très fréquent en effet que des fabricants remplacent un emballage par un autre, le volume ou le poids d’un produit par un autre, entraînant une impossibilité de comparaison. Or, ces modifications sont souvent accompagnées d’une hausse très sensible du prix. Les fabricants arguent de leur côté d’un meilleur « service rendu » (meilleur bouchon, meilleure prise en main, etc.) mais ce point reste très discutable.  

Certains services publics ont eu recours aussi à ces changements tarifaires, statistiquement invisibles. Par exemple, un aller-retour en TGV entre le point A et le point B qui coûtait 100 euros l’année dernière coûtera 120 euros cette année parce que l’horaire est passé de « période creuse » à « période de pointe ». De même, la Poste proposait des envois en « Colieco » pour la France (moins de 500 g) à un peu plus de 4 euros. Puis, le service a été supprimé et remplacé par un colissimo à 5,10 euros, soit une augmentation de 27%, complètement invisible pour l’IPC. Les enquêteurs de la revue des consommateurs « Que Choisir » indiquent que cette dissimulation générale d'augmentation représenterait environ 15 % des produits répertoriés dans leurs études de prix. 

Un autre biais plus récent a été constaté dans la grande distribution, où de nombreux Français se fournissent en produits de consommation courante. Il s’agit de l’existence de divergences fortes entre les prix portés sur les rayons et ceux facturés à la caisse. Ces différences sont dans 95 % des cas favorables au magasin et peuvent atteindre, sur un produit donné, plus de 40 %. Le plus souvent, elles se limitent à environ 15 % et deviennent difficiles à repérer. Ces hausses restent donc invisibles pour l’Insee, puisque seul le prix affiché en rayon est enregistré. 

De plus, l'IPC n’a jamais intégré l'augmentation des prix camouflée par les « arrondis » opérés nettement à la hausse après le passage à l’euro ! Si l'on ajoute à tout cela que l'IPC ne prend en compte que les prix à la consommation, on comprendra aisément que l'indice des prix est très loin de refléter l’évolution réelle des prix et du pouvoir d’achat.


On pouvait lire récemment, dans un communiqué syndical, que ce débat sur la validité de l’IPC devait prendre place hors de la pression politique liée à la conjoncture immédiate. L'indice joue en effet un tel rôle dans la vie économique et sociale qu’il est tentant pour quelque gouvernement que ce soit, d’exercer des pressions sur les statisticiens de l’Insee. 


L'IPC sert de base notamment à toutes les discussions sur le niveau du SMIC et des salaires en général, retraites, pensions alimentaires, indice de référence des loyers (IRL), allocations familiales, allocations chômage, etc.   


Mais tous les gouvernements successifs, depuis de nombreuses années, se sont accommodés de cet indice sous-évalué. Et aujourd'hui, si Emmanuel Macron voulait vraiment faire de vraies réformes et préserver le pouvoir d’achat des Français, une des mesures à prendre, parmi beaucoup d'autres, serait de changer l'instrument de mesure du coût de la vie en introduisant plus de transparence…


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2 commentaires:

Le 421 a dit…


Effectivement, si ces indices étaient calculés sérieusement, il apparaîtrait inévitablement une baisse du pouvoir d’achat des ménages. Donc, comme toute mauvaise nouvelle dans « le nouveau monde », on la planque sous le tapis...

petit gibus a dit…


« la liste des produits et services est indisponible sur le site de l’Insee et toute demande de communication restera vaine. Le contenu du panier est donc tenu secret par l’administration. La raison ? Il s’agirait d’éviter les manipulations. Mais depuis quand le secret est-il l’allié de la sincérité ? »

Et oui
la seule chose à faire pour rendre à l ’IPC sa réelle utilité
c’est de faire sauter ce secret
Faut certainement pas demander à Macron d’oser !