27 octobre 2018

Chômeurs visibles et invisibles : la barre des 12 millions bientôt atteinte !

Chômeuse découragée
Les chiffres des  demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi pour le troisième trimestre 2018 font apparaître une nouvelle augmentation globale du chômage par rapport au trimestre précédent.

Dans le même temps, Emmanuel Macron, son Premier ministre Edouard Philippe et ses différents ministres continuent d’évoquer un changement de politique économique depuis 2017 qui devrait à terme porter ses fruits… 



Depuis le mois de janvier 2018, la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), publie tous les trois mois le nombre de demandeurs d’emploi. On constate aujourd'hui pour le troisième trimestre 2018 :  
  • Catégorie A : 3 456 800 (+ 0,5 %) demandeurs d'emploi sans emploi  
  • Catégorie B : 771 600 (+ 2,1 %) demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite courte (moins de 78 heures au cours du mois)
  • Catégorie C : 1 421 200 (- 0,8%) demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois) 
  • Catégorie D : 269 900 (+ 5,7 %) demandeurs d'emploi en stage, formation, maladie, etc. 
  • Catégorie E : 353 200 (- 0,7%) demandeurs d'emploi bénéficiaires de contrats aidés, etc. Total A+B+C+D+E = 6 272 700 demandeurs d’emploi toutes catégories
La tendance est également à la hausse chez les moins de 25 ans : cette catégorie d’âge enregistre 0,3% de demandeurs d’emploi supplémentaires au 3ème trimestre par rapport au deuxième 2018. Les plus de 50 ans sont eux aussi plus nombreux sur le marché de l’emploi qu’il y a trois mois (+0,6%).
Si l’on tient compte des DOM-TOM (338 900 chômeurs), ce sont au total 6 611 600 chômeurs répertoriés et ce nonobstant la politique de radiation des listes de demandeurs d’emplois appliquée avec acharnement par le gouvernement.   

Le chômage invisible 

Il faut encore ajouter à ces statistiques officielles les chiffres du chômage invisible dont le gouvernement ne parle jamais :  
- 2 610 000 de foyers bénéficiaires de la prime d'activité (aide aux travailleurs à revenus modestes qui remplace le RSA activité) au premier trimestre 2018, soit une hausse de 4,2% par rapport à mars 2017. Les Caisses d’allocations familiales (CAF) ont ainsi versé 1,26 milliard d’euros au titre de cette prestation. Et quand on sait que dans un foyer il peut y avoir plusieurs personnes à revenus modestes, ce nombre est un minimum !
- 1 100 000 au bas mot, sur environ 2 000 000 de bénéficiaires de l'allocation adulte handicapé (AAH) ou d'une pension d'invalidité, qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d'accès à un emploi adapté.
- 1 500 000 de sans-droits qui sont principalement des : 
  • jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui n'ont même pas droit au RSA (situation quasi unique en Europe) 
  • personnes sans droits pour dépassement des plafonds de ressources dans le foyer 
  • bénéficiaires de pensions de reversions (veufs, veuves) de 55 ans et plus, qui dépassent les plafonds du RSA (473,50 € pour une personne seule), et qui n'ont pas l'âge pour prendre leur propre retraite ou pour percevoir le minimum vieillesse 
  • bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté…)  
  • étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires  
  • auto-entrepreneurs qui ne gagnent rien ou presque et qui sont demandeurs d'emploi en parallèle  
  • retraités qui cherchent un emploi car le montant de leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre : loyer, gaz, électricité, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste, etc.)  
En ajoutant ces 5 210 000 chômeurs invisibles, qui n'entrent pas ou plus dans les statistiques, aux 6 611 600 chômeurs recensés par la Dares, on arrive à un total général de 11 821 600 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels !
Devant ces chiffres catastrophiques, il est urgent de changer de politique économique pour aller vers un renforcement des services publics, un soutien à l’investissement public, une relance économique par la demande, une hausse des salaires et pensions afin de favoriser la consommation intérieure. 

Trouver une réelle solution au problème d’un chômage durable suppose aussi de dresser le bilan de la construction européenne. Il convient notamment de mettre fin au scandale des 500 000 salariés détachés qui sont en fait des travailleurs low-cost qui perturbent le marché du travail en France et dont les entreprises payent les charges sociales dans leur pays d’origine. Or, le gouvernement d’Edouard Philippe continue d’approuver toutes les directives européennes. 

Il est donc indécent de parler de bilan positif pour ce début de quinquennat en disant notamment que les indicateurs économiques commenceraient à « porter leurs fruits » en matière d’emploi. Et ce ne sont pas non plus les mesures prises par Emmanuel Macron pour " simplifier " le code du travail, la durée du travail, les droits des salariés, la qualification des métiers qui permettront aux demandeurs d’emploi de sortir du chômage et de la précarité en retrouvant un emploi de qualité… 


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