15 septembre 2019

Soutien aux maires anti-pesticides !

Zéro
50 maires en France ont fait le choix courageux d’interdire l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres des habitations. Mais sur ces 50 arrêtés, 4 ont déjà été cassés par un tribunal et 11 attaqués par des préfets. 

La raison : " L’utilisation des produits phytopharmaceutiques relève d’un pouvoir de police spéciale confiée au ministre chargé de l’agriculture ", autrement dit, c’est au ministre de prendre ces décisions et les maires n’ont pas à s’en préoccuper... 



L’État préfère donc attaquer ses représentants locaux plutôt que de les soutenir dans leur démarche de protection de leurs concitoyens. L’Etat ne protège pas la population car il ne restreint pas l’usage des pesticides qui inquiètent de plus en plus les Français.

Ainsi le maire de Langouët, qui a été un des premiers à prendre un arrêté et qui se trouve actuellement en situation de bras de fer avec la préfète d’Ille-et-Vilaine, explique qu’il y a aujourd’hui une “ carence de l’État ”.

Cela tombe sous le sens. Et pourtant des cocktails de pesticides contaminent tout, même les champs en culture bio. L’exposition aux produits phytopharmaceutiques pulvérisés met ainsi en danger les populations, comme le révèle des tests de présence du glyphosate sur les habitants de la commune de Langouët. L’habitant le plus contaminé était un petit garçon, qui mangeait pourtant bio chez lui et à l’école...

Comment peut-on vivre aujourd’hui sans condamner nos enfants, qui malgré toutes les protections que peuvent prendre les parents, sont contaminés par une multitude de produits chimiques contre leur gré. L’organisation Générations futures, présidée par François Veillerette, a testé une journée de repas ordinaires, du petit-déjeuner au dîner. Bilan : " Trente-six pesticides différents. Nous avons trouvé quatre pesticides et jusqu’à dix résidus dans les salades. Dans le raisin de table, plus de huit résidus. "

Le gouvernement se soucie plus des lobbies que des citoyens


Face à l’engouement médiatique des arrêtés de ces maires, Emmanuel Macron a réagi. Dans une interview, il déclare soutenir les “ maires anti-pesticides ” sur le fond. " Il y a des lois, [la préfète] doit les faire respecter, donc je serai toujours derrière les préfets qui font respecter les lois ", en estimant que " la solution n’est pas de prendre un arrêté qui n’est pas conforme à la loi " mais plutôt " de mobiliser pour changer la loi ". 

Une loi sans doute comme la loi Équilibre Alimentation Agriculture votée en octobre dernier, où le gouvernement a repoussé toute législation sur les pesticides en zones habitables ! Pour rappel, les députés de la majorité ont refusé aussi d’inscrire dans la loi l’interdiction du glyphosate sous trois ans en mai 2018. Ils ont préféré laisser le sujet à l’Union Européenne. Manque de chance, celle-ci a autorisé la vente du glyphosate (et donc a fait un cadeau à Monsanto) jusqu’en 2022...… 

La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye a relevé la différence cruciale entre " la volonté et l’action ". Pour elle, les pesticides sont dangereux et c’est tout à fait louable de vouloir les éliminer. Seulement, elle affirme qu’interdire les pesticides à 150 mètres des habitations serait une " folie pour les consommateurs ". Encore un grand écart entre les mots et les actes !

Finalement le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a proposé une zone d’exclusion de 5 à 10 mètres entre les cultures sulfatées de pesticides et les habitations et une consultation publique sur les conditions d’épandage. Outre le fait que c’est quinze fois moins ce qui a été proposé par les “ maires anti-pesticides ”, 5 et 10 mètres, c’est la distance recommandée sur les bouteilles de pesticides...

Alors concrètement, que peut-on faire ? On peut manger bio, habiter à la campagne mais on ne peut s'empêcher de respirer. Les pesticides ne s’arrêtent pas miraculeusement à la porte de son jardin.

Et au vu de l’inaction du gouvernement et du ministère de l’Agriculture, il faut soutenir les maires ayant pris des arrêtés anti-pesticides et exiger que l’Etat :
  • cesse toute poursuite contre les maires ayant pris des arrêtés anti-pesticides,
  • rétablisse les arrêtés ayant été cassés par la justice,
  • laisse chaque maire légiférer sur le sujet en fonction des demandes de sa population,
  • inscrive dans la loi l’interdiction d’épandage de pesticides à moins de 150 mètres des habitations,
D'après l'Institut de la recherche agronomique (INRA), on pourrait réduire rapidement la consommation de pesticides en France de 30 à 40 % - sans aucune perte de revenus pour les agriculteurs - en revenant simplement à un système de rotation des cultures qui permettrait de combattre efficacement les parasites en réduisant durablement l'usage des traitements chimiques…  



Pétition adressée à Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation - Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire - Emmanuel Macron, président de la République

Signer la pétition ICI



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