26 novembre 2019

Inondations sur la Côte d'Azur : et si on regardait ailleurs plutôt que vers le ciel ?

Intempéries dans le Sud-EstLes violentes intempéries qui se sont produites sur la Côte d’Azur, entre vendredi et dimanche 24 novembre, ont provoqué de graves inondations et fait cinq morts et deux disparus selon le dernier bilan établi par les autorités.

Si de nombreux élus municipaux ou départementaux accusent le ciel de tous les maux, ils oublient trop souvent que si ce type d’épisode méditerranéen ou cévenol fait autant de ravages, c’est surtout parce que d’autres facteurs importants se conjuguent à une météo exécrable...



Victimes d’un épisode méditerranéen, deux départements de la Côte d'Azur, les Alpes-Maritimes et le Var, ont été touchés par des pluies diluviennes assorties de vagues impressionnantes sur le littoral. De nombreux cours d’eau ont débordé et dans certains endroits du Var, il est tombé l’équivalent de 2 à 3 mois de précipitations en 24 à 48 heures. Toute la zone avait été placée en vigilance rouge par Météo France et les sirènes ont même retenti à Nice pour que les habitants restent chez eux. 

La situation actuelle, explique Météo-France, est notamment due à un vaste système de basses pressions, positionné sur l’océan atlantique, qui autorise la remontée de l’air chaud chargé d’humidité en provenance de la Méditerranée. Mais " aucune preuve solide ne vient étayer actuellement le principe du réchauffement climatique pour expliquer ces catastrophes régulières " estime plusieurs spécialistes du climat. Le nombre de jours ayant connu de très fortes précipitations n’a pas subi en effet d’évolution sensible au cours du demi-siècle écoulé.

La loi Defferre sur la décentralisation du 2 mars 1982 largement en cause 


Les chaînes de télévision donnent surtout la parole aux habitants et reprennent en boucle les images des voitures, maisons et sous-sols inondés, provoqués par la brusque montée des eaux mais peu de médias parlent des véritables causes de ces catastrophes répétées dans le Sud-Est. 

En 1982, la loi sur la décentralisation, initiée par Gaston Defferre, a partagé le pouvoir entre l'État et les collectivités territoriales ou locales. Par ce processus, l'État a délégué un certain nombre de ses compétences aux collectivités locales, qui se sont dotées de leurs propres organes de décision et de ressources propres. Les collectivités locales ont acquis ainsi depuis cette époque davantage d'autonomie, notamment dans la délivrance des permis de construire, la délimitation des zones à urbaniser, le plan d'occupation des sols, etc. 

La plupart des élus locaux ont alors mené des politiques foncières délirantes en faisant disparaître chaque année de nombreuses terres agricoles ou zones vertes. Entre 2006 et 2014, l’artificialisation des sols par le bétonnage ou le goudronnage a supprimé 500 000 hectares dont 2/3 de terres vouées à l’agriculture, réduisant quasiment à néant leur capacité d’absorption des eaux de pluies. 

Tracé de nouvelles routes, construction de parkings, dispersion des zones d’habitats, création de nombreux lotissements inondables, mise en place d’un urbanisme commercial ou canalisation excessive des petits fleuves côtiers ont ainsi décuplés la force destructrice des pluies violentes ou d'orages exceptionnels. Cela a renforcé les dégâts dans les zones les plus basses où aucun permis de construire n'aurait dû être accordé, pour les habitations individuelles comme pour les implantations industrielles ou les grandes surfaces. 

Aujourd'hui, les élus du Var et des Alpes-Maritimes ont donc d’écrasantes responsabilités dans deux département en proie à la folie immobilière et où la densité atteint 300 habitants au km² (et parfois bien plus contre une moyenne de 114 pour toute la France métropolitaine). Ces élus ont facilité l’artificialisation de territoires entiers au nom de leurs valeurs foncières et oublient aujourd'hui dans leurs commentaires éplorés aux médias, que le taux d’artificialisation des sols est trois fois supérieur dans les zones littorales de la région Paca que dans le reste de la France. Toutes les statistiques du ministère de l’Ecologie et du ministère de l’Agriculture le confirment. 

La loi de la décentralisation de 1982 et les pouvoirs absolus accordés aux maires ont ainsi permis de faire des choix urbanistiques contestables, trop souvent liés à la pression des milieux immobiliers qui règnent depuis des lustres sur la région Paca... 



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8 commentaires:

JPCiron a dit…

Vous avez raison !
Les médias (et aussi nos politiques) aiment traiter les effets des causes.
.
Pour être honnête, il faudrait ajouter que nous autres citoyens, pris globalement, n’aimons guère affronter les changements.
On fait même des collectes pour ceux qui nous escroquent...

Séraphin Lampion a dit…

Le bétonnage littoral est un désastre, mais il est ancien
Il a commencé bien avant la régionalisation et la décentralisation/déconcentration
L’aménagement de la Riviera française (les Italiens ne font pas mieux, mais c’est leurs oignons) et de la côte Languedoc Roussillon a commencé dans les années 70 et fini par créer le mur de béton que l’on connait, le Grau du Roi, La Grande Motte, mais aussi les Marinas qui ont un aspect plus sympathique mais un impact aussi désastreux
Bien sûr que les élus locaux sont responsables, parce qu’ils sont corrompus par les promoteurs immobiliers avec l’accord (et les encouragements) du pouvoir central
le tourisme de masse et les résidences de retraités rapportent beaucoup d’argent, la création de nouveaux quartiers dans des zones sensibles aussi, mais la contrepartie coûte aussi beaucoup d’argent : les flux des torrents et des oueds sont très irréguliers et les catastrophes ne se produisent que si on a mis bêtement sur la passage des eaux des freins qui multiplient leurs puissance en les retenant
c’est la même logique que de construire des stations de ski dans des couloirs d’avalanches
c’est pourtant plus fréquent qu’on ne croit

Titi a dit…

Les maisons en bord de rivière comportent très souvent un « droit d’eau » avec en contrepartie un devoir d’entretien du cours d’eau et de ses berges.
Le droit d’eau tout le monde s’en souvient très bien quand il s’agit de remplir sa piscine.
Par contre le devoir d’entretien tout le monde s’empresse de l’oublier.
Mémoire sélective.

Xenozoid a dit…

Et si nous cherchons encore , que pourrions nous trouver ? Forêts , jungles, plaines sauvages , collines majestueuses ? Celles-ci sont rapidement en train de disparaître nous travaillons sans relâche pour envelopper notre monde dans une peau de béton , pour s’assurer que toute l’herbe soit arrosé par aspersion et tous les marécages drainés et sondés pour être transformés en espace de bureau .Et ce que nous ne transformons pas en grandes cages et autres aquariums , nous le détruisons avec la pollution

Esprit Critique a dit…

Je me marre quand je vois certains reportages sur les inondations. ceux ou l’on voit des maisons très récentes construites en zone manifestement a risques sans vide-sanitaire, sur les conseils d’architectes tarés mais irresponsables. Quand je vois des collines dans le Var entièrement bétonnées et macadamisée, ou aucune des baraques luxueuses n’a été astreinte a construire une rétention d’eau d'au moins 15 m3. en fonction des surfaces . Le département doit construire aussi des reversoirs pour récupérer les eaux issues de ces chaussées nouvelles, Ce n’est pas aux assurances catastrophes naturelles de financer la correction de ces conneries, c’est aux habitants du Var.

kimonovert a dit…


Monsieur Ricchi dit : « La décentralisation et les pouvoirs absolus accordés aux maires ont ainsi permis de faire des choix urbanistiques contestables, trop souvent liés à la pression des milieux immobiliers qui règnent depuis des lustres sur la région Paca... » Tout est dit !

zygzornifle a dit…

zygzornifle 2 décembre 08:44


Des centaines milliers de m² ont étés bétonnés , il y a des centres commerciaux monstrueux partout et bien l’eau passe son chemin au lieu d’être absorbée par la terre , continuez comme cela et on deviendra comme la Camargue...

Kelimp a dit…

"Les élus du Var et des Alpes-Maritimes ont donc d’écrasantes responsabilités dans deux département en proie à la folie immobilière"
Tout est dit
Les sinistrés peuvent remercier Marc Daunis (sénateur et ancien maire de Valbonne Sophia-Antipolis) et Jean-Pierre Mascarelli (président du Syndicat Mixte de Sophia Antipolis) pour la construction du centre commercial Open Sky qui va artificialiser 100 000 m² supplémentaires, accentuant encore les risques d’inondation.
https://mysophiaantipolis.jimdofree.com/urbanisation-de-sophia/open-sky-centre-commercial/
On peut se demander légitimement combien ces individus perçoivent en sous-main pour prendre des décisions aussi mortifères pour les habitants.