20 juin 2016

Primaire de la gauche : François Hollande se présentera-t-il ?

François Gérard Georges Nicolas Hollande naît le 12 août 1954
Au lendemain de la décision du Parti socialiste d’organiser une primaire les 22 et 29 janvier 2017, François Hollande compris, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis et le Premier ministre, Manuel Valls, ont défendu une «  innovation démocratique ». 

Ce qui était qualifié hier d’hypothèse fantaisiste par le Parti socialiste est aujourd’hui présenté comme une solution exemplaire…


Dans l’esprit des concepteurs de la primaire, le scrutin doit permettre de redorer le blason du président, d’éliminer des risques gênants sur l’aile gauche du PS, avec un ou plusieurs candidats frondeurs, et sur l'aile droite avec Emmanuel Macron, tenté lui aussi par une candidature.

Le numéro 1 du PS a vanté une initiative avant-gardiste dans le paysage politique français : « le Parti socialiste a inventé la primaire pour une présidentielle française, en 2011. Tout le monde l’a imité. Il invente la primaire pour un président sortant, tout le monde l’imitera », a-t-il indiqué sur Twitter.

Le Premier ministre, quant à lui, candidat lors de la première primaire ouverte du PS en 2011 a dépeint ce processus comme une voie vers l’unité, car « il s’agit d’être au second tour de la présidentielle ». Un tel scrutin ne dévalorise-t-il pas le statut du président ? « Qu’y-a-t-il de dévalorisant à retourner devant les Français, à défendre ses idées, à expliquer son action ? C’est cela, la démocratie ! » a plaidé le locataire de Matignon.

Mais d’autres ne l’entendent pas de cette oreille. Le député Richard Ferrand, proche du ministre de l’Economie, a lâché sur Twitter : « Soumettre le président sortant à une primaire enterre l’esprit de la 5ème République et fait primer la casting sur la vision et le projet ».

Même son de cloche à droite, qui imitera le PS en novembre 2017 en menant sa première primaire. « Pour Monsieur Hollande, repasser par sa petite case départ est la manifestation de son échec »,  a déclaré notamment Jean-Pierre Raffarin.

De qui se moque-t-on ?


Il y a quelques mois, l’exécutif gouvernemental et le Parti socialiste se montraient réservés, voire opposés à l’idée d’une primaire. Aujourd’hui, changement de braquet, la primaire aurait toutes les vertus.

Que s’est-il passé entre temps ? Les sondages confirmant la dégringolade du président de la République dans les intentions de vote, la candidature de François Hollande n’est plus considérée comme certaine.  La chute de la popularité du Président est telle qu'elle le met à un niveau jamais atteint sous la Vème République. La possibilité qu’au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon dépasse Hollande est désormais à envisager.   

Dès lors, Jean-Christophe Cambadélis, avec l’accord préalable sans doute de François Hollande, a ressorti cette idée de primaire car il faudra bien choisir un candidat de la gauche de gouvernement si le président sortant n’est pas candidat à sa propre réélection. 

La réflexion personnelle de François Hollande et sa décision finale, qu’il doit annoncer officiellement mi-décembre, pourrait être en fait déjà prise et communiquée à Jean-Christophe Cambadélis. Ce dernier a donc lancé la primaire de la " Belle Alliance Populaire " (BAM), ouverte uniquement au PS, Radicaux de gauche et Verts pro-gouvernementaux. Mais il reste encore à connaître les modalités exactes d'organisation car des surprises pourraient être au RV. Le Premier secrétaire du PS a eu en effet cette phrase inquiétante pour les partisans d’une vraie primaire ouverte : " Nous sommes obligés de faire une primaire dans l'urgence. […] Je l'avoue dès maintenant, il n'y aura pas autant de votants que la dernière fois, je ne vois pas comment on pourrait l'obtenir "...

Dans tous les cas, l'échec cuisant du quinquennat est déjà acté par bon nombre d'observateurs politiques, y compris au sein même des proches du président de la République qui aura dit et redit au cours de son quinquennat qu'il  faut " réformer " la France, en chœur avec ses différents Premiers ministres, ministres et secrétaires d’Etat. 

Les « 60 engagements pour la France », annoncés pendant la campagne électorale, détaillés lors de l'émission « Des paroles et des actes » sur France 2, touchaient à la croissance et l'emploi, les services publics, le logement, l'éducation, les institutions, la santé et la protection sociale, la finance,  la sécurité et la justice, la fiscalité, l'immigration, l'international et l'égalité. 

Mais la plupart de ces engagements ont été vite oubliés, le mot « réforme » étant galvaudé par François Hollande, comme il l’a été par son prédécesseur et aujourd’hui par les journalistes des grands médias, les instituts de sondage ou les experts de tous bords. Les dispositions législatives ou administratives qualifiées de " réformes " ont été le plus souvent des changements en pire, des mesures purement comptables se terminant presque toujours par un recul des droits des citoyens et/ou une baisse du pouvoir d’achat des salariés et des retraités.

Changer les institutions de la 5ème République, modifier le mode d'élection des parlementaires, réduire le mille-feuille administratif, réformer l'impôt sur le revenu et la fiscalité locale, réduire la fiscalité indirecte, changer le mode de financement de la Sécurité sociale, rétablir les allocations familiales dès le 1er enfant, refondre l'indice officiel des prix à la consommation, etc., les domaines où règnent archaïsme et injustice sociale ne manquaient pourtant  pas. Il aurait fallu engager, dès le début du quinquennat, de véritables réformes dans tous ces domaines et bien d’autres encore afin de renouer avec la République, la démocratie et la justice sociale, en apportant des réponses sérieuses aux difficultés que rencontrent des millions de Français et leurs familles.  

Il est important de se rappeler du constat, maintes fois vérifié par le passé, selon lequel si les réformes essentielles à mettre en œuvre ne sont pas engagées dans les six premiers mois qui suivent l’installation d’un nouveau gouvernement, elles ne se font en général jamais. Cela s’est hélas confirmé pendant ce quinquennat où, dès la fin de l’année 2012, il était clair que les réformes nécessaires, notamment celle d’une grande réforme fiscale, étaient déjà enterrées. 

Avec un tel bilan, il semble dès lors improbable que François Hollande remporte la prochaine élection présidentielle et soit même qualifié pour le second tour. Mais pour ses promoteurs, une primaire de la gauche gouvernementale, éventuellement sans François Hollande, pourrait être finalement la moins mauvaise solution pour le Parti socialiste...


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