25 avril 2017

Emmanuel qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle : chapeau François !

Emmanuel Macron est né le 21 décembre 1977 à AmiensAprès avoir démissionné de ses fonctions de Ministre de l’Economie, lancé son mouvement " En marche " puis présenté sa candidature à la présidence de la République et s'être lancé dans la campagne électorale, Emmanuel Macron a réussi à se  qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle. 

Il est le favori des sondages pour le deuxième tour tant ses soutiens sont nombreux et variés. Dans ce contexte, on ne peut que relever le tour de force réalisé par François Hollande qui, à défaut de se présenter lui-même, a réussi à imposer son candidat...

On se souvient que tous les médias, presse écrite et chaînes d’infos, ainsi que Les Républicains et le PS avaient présenté la démission d’Emmanuel Macron en tant que ministre de l’économie comme un coup de poignard dans le dos du président de la République. Lorsqu’il a déclaré sa candidature à la présidence de la République, ils ont présenté cette seconde initiative comme un nouveau coup de poignard dans le dos de François Hollande.

Mais c’était mal connaître l'art du double langage et les contorsions politiques de François Hollande car les diverses décisions d’Emmanuel Macron ont sans doute été prises avec l’aval du président de la République.

Quelques rappels


Alors à Sciences Po, Emmanuel Macron effectue un stage au cabinet de Georges Sarre, maire du 11ème arrondissement de Paris. Membre du PS à partir de l'âge de 24 ans, il collabore également à la fondation Jean-Jaurès. 

Il rencontre François Hollande en 2006, par l'intermédiaire de Jean-Pierre Jouyet, et s'engage à ses côtés. Lors de l'élection présidentielle de 2007, il fait partie du groupe des Gracques, composé d’anciens patrons et de hauts fonctionnaires, qui appelle à une alliance entre Ségolène Royal et François Bayrou.

Il soutient François Hollande lors de la primaire présidentielle socialiste de 2011 et ce avant l'affaire du Sofitel, alors que Dominique Strauss-Kahn était en tête des sondages. De juillet à décembre 2011, il anime un cénacle d'experts et d'économistes, le groupe de la Rotonde, composé des économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette et Élie Cohen, qui fait un rapport tous les 15 jours au candidat. Ce groupe prône notamment « un véritable choc de compétitivité ».

Le 15 mai 2012, Emmanuel Macron devient secrétaire général adjoint de l'Élysée. En secondant le secrétaire général, Pierre-René Lemas, il sera notamment à l'origine du pacte de responsabilité et de solidarité et du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi. Il contribue par ailleurs au choix de l'Élysée de ne pas légiférer sur les salaires des grands patrons pour privilégier seulement un code de bonne conduite. 

Le 10 juin 2014, l’Élysée annonce qu'il quitte le cabinet de François Hollande. Le secrétaire général de l’Élysée, Jean-Pierre Jouyet, indique alors qu’Emmanuel Macron s'en va « pour mener des projets personnels dans les domaines de l’enseignement et de la recherche ». 

Mais le 26 août 2014, il est nommé ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique dans le gouvernement Valls II, en remplacement d'Arnaud Montebourg. Devenant ainsi le plus jeune ministre de l’Économie depuis Valéry Giscard d'Estaing dans le premier gouvernement de Georges Pompidou en 1962, il est qualifié par certains médias et acteurs politiques " d'anti-Montebourg " et de " symbole " d'un virage social-libéral de l'exécutif. 

Avec un tel curriculum vitae, il faudrait donc croire que le petit protégé de François Hollande, deloriste bon teint comme lui, aurait trahi son tuteur en donnant sa démission de ministre de l'économie, en créant son mouvement " En marche " puis en annonçant le 16 novembre dernier sa candidature à l'élection présidentielle de 2017 ! 

La fausse piste de la primaire socialiste


Plusieurs mois avant la tenue de cette primaire qui a vu la victoire de Benoît Hamon, un débat, passé un peu inaperçu, avait eu lieu à gauche. Dans un premier temps, l’exécutif gouvernemental et le PS se montraient réservés, voire opposés à l’idée d’une primaire, le président sortant, candidat naturel de la gauche, ne pouvant s’abaisser à passer par la case primaire.

Peu de temps après,  on assistait à un changement complet de pied de la part de Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du PS, et de Manuel Valls, Premier ministre. Avec sans doute l’accord préalable de François Hollande, l'organisation d’une primaire du PS et de ses alliés radicaux de gauche et Verts pro-gouvernementaux, pour désigner le candidat de la gauche avait désormais toutes les vertus.

Que s’est-il passé entre ces deux épisodes ? Les sondages confirmant une dégringolade dans les intentions de vote, la chute de popularité de François Hollande était telle qu’elle le mettait dans l’impossibilité de se présenter à l'élection présidentielle. François Hollande savait très bien alors qu’il n’avait aucune chance d’atteindre le deuxième tour de l’élection, même en cas de victoire à la primaire. Certains sondages indiquaient même qu’au premier tour, Jean-Luc Mélenchon pourrait dépasser François Hollande, ce dernier arrivant alors quatrième position (12 à 15 % de suffrages seulement), derrière Marine Le Pen, le candidat de droite et Jean-Luc Mélenchon. 

Dans ces conditions, une seule alternative s’offrait donc à lui : renoncer à être candidat comme le suggérait d’ailleurs certains de ses proches et trouver un autre candidat en imaginant une stratégie originale. A la mi-décembre, François Hollande  faisait officiellement le choix historique de ne pas se représenter pour un second mandat mais sa décision était sans doute prise depuis l’été 2016 et communiquée à Emmanuel Macron qui a  démissionné de son poste de ministre de l’économie à ce moment-là. 

Que s’est-il passé ensuite ? Après s’être déclaré candidat officiel à la présidence de la République, Emmanuel Macron s’est lancé dans la campagne présidentielle avec le secret espoir de capter une partie des électeurs potentiels du PS, du centre et de la droite et avec l'aide de nombreuses personnalités socialistes, députés, sénateurs et ministres en exercice.
C'est ainsi que dans les semaines qui ont précédé le premier tour, les proches de François Hollande ont appelé à voter Emmanuel Macron : ses amis de jeunesse au Parti socialiste Jean-Pierre Mignard et Jean-Yves Le Drian, le président de l'assemblée nationale Claude Bartelone, l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, l'ancien premier ministre Manuel Valls, l'ancien conseiller de François Mitterrand, Jacques Attali, etc. 

Des soutiens aussi de la part de nombreuses personnalités très diverses comme Pierre Arditi, Kader Arif, Bernard Arnault, Pierre Bergé (Le Monde), Stéphane Bern, BHL, Vincent Bolloré, Jean-Louis Borloo, Henri de Castries (Axa), Daniel Cohn-Bendit, Gérard Collomb, Emmanuelle Cosse, Catherine Deneuve, Philippe Douste-Blazy, Myriam El Khomri, Geneviève de Fontenay, Françoise Hardy, Robert Hue, Jean-Claude Juncker, Bernard Kouchner, Corinne Lepage, Alain Madelin, Alain Minc, Xavier Niel (Le Monde), Matthieu Pigasse (Le Monde), François Rebsamen, François de Rugy, Marc Simoncini (Meetic), Bernard Tapie, Christiane Taubira, Marisol Touraine, etc.

Enfin, dans les jours précédant le premier tour, François Hollande a tenu à décrédibiliser par ses nombreux commentaires publics et quotidiens, les trois principaux concurrents d’Emmanuel Macron, susceptibles de se qualifier pour le second tour, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Fillon.

Le 23 avril, Emmanuel Macron arrivait en tête du premier tour.

Le 24 avril, François Hollande appelait officiellement à voter Emmanuel Macron.

Ce même 24 avril, le bureau national du PS, à l'unanimité, faisait de même... 

Chapeau l’artiste !


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