31 décembre 2017

Retour sur 2017 et bonne année 2018

Bonne année
Le 23 avril 2017, Emmanuel Macron arrivait en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec 24,01% des suffrages exprimés (18,19% des électeurs inscrits).

Le 24 avril, François Hollande appelait officiellement à voter pour lui au second tour, de même que ses proches : les amis de jeunesse Jean-Pierre Mignard et Jean-Yves Le Drian, le président de l'assemblée nationale Claude Bartelone, l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, le maire de Lyon Gérard Collomb, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, l'ancien conseiller de François Mitterrand, Jacques Attali, etc. 

Des soutiens aussi de la part de nombreuses personnalités très diverses comme Pierre Arditi, Pierre Bergé, Daniel Cohn-Bendit, Catherine Deneuve, Myriam El Khomri, Geneviève de Fontenay, Robert Hue, Jean-Claude Juncker, Bernard Kouchner, Corinne Lepage, Alain Madelin, Xavier Niel, Matthieu Pigasse, François Rebsamen, Bernard Tapie, etc.

Le 14 mai 2017, Emmanuel Mauron était élu Président de la République avec 66,10% des suffrages exprimés (43,61% des électeurs inscrits) et confirmait aussitôt sa volonté réformatrice... 



Dès le début de son mandat, Emmanuel Macron déclinait plusieurs projets de réforme. Des réformes allant dans le bon sens pour une majorité de citoyens mais assorties " en même temps " de modalités administratives ou législatives qui les rendent au final souvent inopérantes ou injustes. Prenons quelques exemples significatifs pour mieux comprendre les limites du « en même temps » :  

La « réforme » du Code du Travail 


Dans une mise en scène à l'américaine, Emmanuel Macron a signé le vendredi 22 septembre dernier à l'Elysée les cinq ordonnances réformant le Code du travail, vantant devant les caméras une " réforme en profondeur inédite de notre marché du travail, menée dans un temps record ".
Mais leur contenu consacre avant tout des propositions patronales de longue date : 
  • Inversion de la hiérarchie des normes dans plusieurs domaines essentiels (travail de nuit, congé maternité, 13ème mois, protection des mineurs...) 
  • Possibilité de rompre les contrats de travail sans passer par un plan social
  • Plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif et réduction des délais de recours
  • Possibilité de négocier dans l’entreprise sans syndicat 
  • Possibilité pour les multinationales de licencier dans l’Hexagone malgré des profits réalisés hors de France
  • etc.   
Tout cela fait penser à ce qui existait avant 1910 : le remplacement du Code du travail par le règlement intérieur des entreprises car seuls trois domaines resteront définis nationalement : le SMIC, l’égalité professionnelle femmes-hommes et les seuils d'exposition aux risques.

La réforme fiscale limitée à l'ISF qui devient l'IFI 


Emmanuel Macron a pourfendu " ceux qui n'ont pas eu le courage de faire les réformes nécessaires " pendant plusieurs dizaines d'années en les qualifiant de " fainéants " mais la seule mesure annoncée en matière de fiscalité concerne un allégement de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), applicable  aux contribuables les plus aisés, qui devient l'impôt sur la seule fortune immobilière (IFI). Or, la fiscalité des revenus reste très injuste en France et une vraie réforme aurait consisté notamment à :
  • Rendre l’IR plus progressif en augmentant le nombre de tranchesRemplacer le quotient familial par une déduction d'impôt uniforme pour toutes les familles, aisées comme modestes. 
  • Supprimer les niches fiscales évaluées à plus de 70 milliards €, sans compter les différentes exonérations fiscales accordées aux entreprises. Une somme colossale et une aberration économique puisque cette somme est pratiquement la même que celle rapportée par le produit de l'IR payé par les particuliers (73 milliards € en 2017) ! 
  • Lutter contre la fraude fiscale qui par son ampleur (au minimum entre 60 et 80 milliards € par an, selon le Syndicat national unifié des impôts), réduit fortement les rentrées fiscales et accentue les inégalités sociales. 
  • etc.


La réforme inachevée de la taxe immobilière 


Impôt très injuste depuis  sa mise en application en 1974 par Valéry Giscard d'Estaing, la taxe d’habitation méritait d'être enfin réformée mais il est regrettable qu’elle ne soit pas réaménagée de façon plus sérieuse dès le départ.
Cette taxe va être supprimée sur une période de trois ans pour 80 % des ménages en compensation de la hausse de la CSG, mais à rebours du discours officiel, on s’aperçoit que cette suppression ne réduira pas pour autant les inégalités sociales, fiscales ou géographiques : 
  • 80% des ménages ne paieront plus cet impôt mais 20% continueront à le payer en subissant toujours les fortes disparités du " potentiel fiscal par habitant " : du simple au double entre les régions (67 euros en Corse, 111 euros en Haute-Normandie), du simple au quadruple entre les départements (296 euros dans la Creuse, 1 069 à Paris) et de 1 à 1 000 entre les communes !
  • 22% des ménages modestes bénéficiaient déjà d'un allégement partiel et n'en tireront qu'un avantage réduit. 
  • 20 % des ménages les plus pauvres étaient déjà exonérés totalement et ne bénéficieront d'aucun avantage.


Le projet de réforme des allocations familiales 


Ce projet a pour but de supprimer le versement des AF pour les familles très aisées - ce qui n’est pas choquant en soi - mais ce n'est que la continuation de la politique de François Hollande qui avait déjà réduit ces allocations pour les plus hauts revenus afin de faire quelques économies budgétaires.
Avec ce projet de suppression pour les revenus au-dessus d'une tranche de 6 000 à 8 000 € mensuels environ, Emmanuel Macron pourrait réaliser une nouvelle économie budgétaire de l'ordre de 440 millions d'euros par an.
Mais cela ne corrigera pas l'anomalie la plus choquante qui est celle des familles avec un enfant à charge qui ne perçoivent aucune prestation depuis que le décret-loi du 29 juillet 1939 a supprimé l'allocation au premier enfant au profit d’une prime à la première naissance.
Depuis cette époque, la France reste avec cette vieille idée, non  vérifiée sociologiquement à ce jour, qui consiste à favoriser les naissances en ne donnant pas d’allocations aux familles dès le premier enfant. Et tout se passe comme si les frais occasionnés par un premier enfant étaient négligeables alors que cela coûte aussi cher, sinon plus proportionnellement, que de deux enfants et plus ! 
Autre incohérence notable, si les AF sont versées à partir du deuxième enfant en métropole, elles sont attribuées dès le premier enfant dans les DOM (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Réunion), comme s’il y avait un principe à géométrie variable et deux catégories de Français !

La circulaire sur les travailleurs détachés 


Il existe en France, entre 350 000 et 450 000 travailleurs détachés dans les secteurs du bâtiment, l’agriculture, la restauration et le tourisme sans oublier les routiers. Ces travailleurs venus de tous les pays d’Europe sont une aubaine pour les employeurs qui paient ainsi des cotisations sociales alignées sur celles moins élevées de leurs pays d’origine. 
Cette distorsion de concurrence est dénoncée par toutes les confédérations syndicales mais aussi par certains entrepreneurs français qui sont mis en concurrence déloyale avec des entreprises qui utilisent ces travailleurs.
En guise de changement, Emmanuel Macron s’est contenté de proposer une modification admise par Bruxelles qui consiste à limiter à un an le temps de présence en France du travailleur détaché. Mais, bien évidemment, toute entreprise spécialisée dans ce business-là remplacera ce travailleur par un autre sur la même mission au bout d'un an !
Si l'on veut vraiment mettre fin à ce scandale, il faut interdire purement et simplement l'application de la directive en France et dénoncer les traités actuels qui sanctifient la concurrence libre et donc déloyale… 

La prolongation de l'autorisation du glyphosate  


En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) publiait une monographie classant le glyphosate parmi les « cancérogènes probables ou possibles » pour l’homme. En France, il s’en répand près de 10 000 tonnes chaque année. Selon un rapport rendu par l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), « le glyphosate est en France le principal responsable du déclassement de la qualité des eaux ». 
Mais la commission de Bruxelles, sous l’influence des lobbys de l’industrie chimique et des partisans de l’agriculture intensive, a prolongé une nouvelle fois l’autorisation de l’utilisation du glyphosate.
La France a  voté contre la prolongation de cinq ans et Emmanuel Macron a déclaré sur Twitter. : " J'ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans ".
Mais au-delà de ce pur effet d’annonce, le président de la République sait pertinemment qu'il ne pourra pas faire grand-chose dans les trois années qui viennent face au dogme de la libre circulation des marchandises. La France sera impuissante pour s'opposer à l'entrée sur son territoire de produits contenant du glyphosate venant des autres pays européens, du canada ou des Etats-Unis !   
Tous les sujets précités et bien d’autres encore :
  • Baisse mensuelle de 5 euros des aides personnelles au logement pour les 6,5 millions de ménages bénéficiaires
  • Baisse de 30% de l’impôt sur les sociétés
  • Blocage du point d'indice des fonctionnaires
  • Augmentation des tarifs publics au 1er janvier 2018 notamment + 3,84 centimes pour l'essence, + 7,8 centimes pour le diesel, + 6,9% pour le gaz, + 4,7 % en moyenne pour le prix des services postaux.
  • Augmentation de 10% du forfait hospitalier qui passe à 20 €, ce qui signifie qu’un salarié au SMIC (1 173 € mensuels nets) qui devrait être hospitalisé un mois devra verser plus de la moitié de son salaire s’il n'a pas de mutuelle. Comble de l'incohérence, si le forfait hospitalier n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale, il l'est pour les bénéficiaires du régime d’Alsace Moselle.
  • Relance des privatisations, notamment celle d’Aéroport de Paris après celle de Toulouse-Blagnac déjà réalisé par Emmanuel Macron, en tant que ministre de l'Economie.
  • Autorisation en catimini de deux nouveaux pesticides " tueurs d’abeilles "
  • Renouvellement du privilège off-shore de Total en Guyane
  • Suppression des aides d'Etat aux paysans bio
  • Traité commercial de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA) qui va mettre en danger la santé des consommateurs. 
  • Loi de moralisation de la vie politique très incomplète
  • etc. 
démontrent que la politique suivie par Emmanuel Macron est loin d’être révolutionnaire, ni même réformiste au vrai sens du terme mais simplement ultra-libérale telle que recommandée par la commission de Bruxelles et mise en œuvre dans les pays de l'Union européenne.... 



Heureusement, la force de la République réside plus dans ses principes et la capacité de réaction de ses citoyens que dans l'information tronquée diffusée par la majorité LREM ou par les " éminents " journalistes politiques et économiques qui professent à longueur d'année sur les stations radio et chaînes TV d’information.

Aujourd’hui, il convient de redonner des perspectives d’action crédibles à l’ensemble du monde du travail pour faire face à la crise sociale, écologique et démocratique que nous vivons et encourager les forces politiques de progrès à s’emparer de tous les dossiers sociaux et économiques importants en proposant des solutions réellement alternatives.

Tel est ce que l’on peut souhaiter de mieux pour l’année qui s’annonce. 


A toutes et tous, meilleurs pour 2018, que cette nouvelle année vous apporte bonheur, santé, succès personnel et professionnel.




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