Le 9
mai 1950, Robert Schuman présentait sa proposition relative à une organisation
de l'Europe et un maintien de relations pacifiques entre les différents
pays, proposition considérée comme l'acte de naissance de l'Union
européenne.
Le 9
mai est devenu ainsi un symbole européen (journée de l'Europe) qui, aux côtés
du drapeau, de l’hymne et de l’euro, identifie l'Union européenne en tant
qu'entité politique.
Cet
anniversaire est une nouvelle occasion pour tous les européistes de vanter les
mérites de l’Europe telle qu’on la connaît depuis le traité de Rome en 1957.
Mais ce plaidoyer, notamment de François Hollande et d'Emmanuel Macron, décrit
en fait une réalité radicalement différente de celle que les citoyens
vivent chaque jour...
Le 9 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre des affaires étrangères français,
annonçait la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier
(CECA), organisation internationale fondée sur le traité de Paris de 1951 et
qui est entrée en vigueur le 23 juillet 1952 pour une durée de 50 ans.
Elle n'existe plus depuis le 22 juillet 2002. Elle rassemblait à l'époque six
nations, unifiant l'Europe de l'Ouest durant la Guerre froide et créant les
bases d'une démocratie européenne.
L'objectif
était de soutenir massivement les industries européennes du charbon
et de l'acier pour leur permettre de se moderniser, d'optimiser leur production
et de réduire leurs coûts, tout en prenant en charge l'amélioration des
conditions de vie des salariés et leur reclassement en cas de
licenciement.
Cette
proposition était aussi un moyen d'empêcher une nouvelle guerre entre la France
et l'Allemagne. Robert Schuman déclarait que son but est de rendre la
guerre « non seulement impensable mais aussi matériellement impossible ».
L'argument
principal utilisé était donc celui de la paix. Mais la paix de la 2ème
moitié du 20ème siècle tient surtout à la menace de l’arme atomique, la fin de
la guerre froide et un refus viscéral des instincts guerriers dans tous les
pays du continent. Il serait d’ailleurs curieux que quelqu’un parvienne à
démontrer qu’en absence d'Europe organisée, les pays européens seraient
entrés en guerre. On peut rappeler aussi que d’autres pays hors Union
Européenne (Suisse ou Norvège en Europe, mais aussi le Japon ou
l’Australie) ne sont pas particulièrement belliqueux.
Deuxième
argument traditionnellement évoqué par les partisans de l’UE : un autre
modèle européen serait possible, François Hollande ou Emmanuel Macron affirmant
par exemple qu’une Europe, autre « qu’un marché à l’austérité
aveugle » serait possible.
C’est
toujours en fait le même leitmotiv depuis 1957 : l’Europe de demain sera
plus sociale, plus protectrice, harmonisée fiscalement si les pays européens le
veulent et le décident. Mais il faut se souvenir que rien n’a changé,
quelle que soit la coloration politique des différents pays européens,
même lorsque les partis sociaux-démocrates étaient majoritaires en Europe, dans
les années 90...
Un euro fort au service quasi exclusif de l’Allemagne
Depuis
plusieurs années, l'euro est surévalué par rapport aux grandes monnaies
(dollar, livre, yuan, yen, etc.) et cela d'une façon durable.
Les
gouvernements ne disposent plus de la politique monétaire en tant qu'arme pour
intervenir sur le marché des changes. En effet, celle-ci est du ressort de la
Banque Centrale Européenne (BCE) dont la mission, spécifiée par le Traité de
Maastricht, consiste à contrôler l'inflation potentielle. Et il n'y a aucune
raison que cela change prochainement, puisque les changements
institutionnels provoquent toujours des oppositions, d'autant plus
obstructrices que l'UE comprend désormais 28 pays membres.
Pire,
on a recruté des banquiers comme pompiers de l’Europe avec le soutien des
dirigeants européens, Angela Merkel en tête. Ainsi, Mario Draghi, promu
président de la BCE est un ancien de la sulfureuse banque Goldman Sachs qui a
aidé la Grèce à dissimuler des milliards d'euros d'emprunts d'Etat pendant des
années.
Et il
faut un sacré culot pour parler de solidarité au vu des horreurs produites par
les plans européens notamment en Grèce. Enfin, les pays hors zone euro vont
mieux que ceux qui y sont, avec la protection qu’apporte le contrôle de la
banque centrale et une inflation à peine supérieure.
La spirale de l’endettement
La
France est très endettée (2207 milliards € fin 2016), soit 2 665 € de
plus chaque seconde. Elle emprunte actuellement à un taux assez bas, entre 0 et
1% et il serait donc possible de renégocier l’ensemble de la dette, ou du moins
une grande partie, au taux actuel et ainsi diminuer la charge globale de
plusieurs dizaines de milliards d’euros. Pourquoi ne le fait-on pas ? Une seule
explication : faire plaisir aux banquiers qui n’aiment pas recalculer des prêts
à des conditions moins avantageuses pour les établissements bancaires !
Une
autre solution consisterait à emprunter directement à la BCE ou à la banque de
France à taux zéro comme cela se faisait avant 1973 (système supprimé par
Georges Pompidou, ancien de la banque Rothschild…) mais Bruxelles et les pays
européens n’en veulent pas, là aussi pour faire plaisir aux banques qui prêtent
aux états avec intérêt et qui engendrent ainsi des super profits sans faire
grand-chose.
C'est
semble-t-il plus facile de faire des plan d’économies de plusieurs dizaines de
milliards d’euros et de tailler dans les dépenses publiques, geler le point
d’indice des fonctionnaires, baisser les pensions de retraite, multiplier les
déremboursements de l’Assurance maladie, etc…et d’appliquer finalement le bon
vieux principe « mieux vaut prendre aux pauvres, ils sont plus nombreux que les
riches »…
Des paradis fiscaux au sein même de l’Europe et de la France
Situés
le plus souvent près des grands pôles d’activité, les paradis fiscaux
canalisent les flux financiers des grandes fortunes, des multinationales et
de l’économie illicite : argent du crime, de la corruption et de la fraude
fiscale (Campione, Chypre, Gibraltar, Guernesey, Ile de Man, Irlande, Jersey,
Liechtenstein, Luxembourg, Madère, Malte, Sercq, etc.).
La
France ne s’honore pas à « fermer les yeux » sur certains mouvements de
capitaux notamment dans deux micros états, dénoncés par l’ONU, l’Andorre et
Monaco qui ont la particularité de se trouver pratiquement sur le territoire
français et de compter pour l’un deux, à sa tête, un co-prince en la personne
du Président de la République Française…
Pire,
le 27 juin 2014, les dirigeants européens, avec l’aval de François
Hollande qui n’a pas osé mettre son veto, ont choisi l’ancien Premier ministre
luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, un des champions du secret bancaire en
Europe, pour être le nouveau président de la Commission européenne. Or, le
Luxembourg est un paradis fiscal au sein même de l’Europe. Jean-Claude Juncker
a été personnellement mis en cause dans l’affaire LuxLeaks qui a révélé, de
manière détaillée, l’organisation de l’exil fiscal de plus de 1 000
entreprises, avec l’approbation de l’administration luxembourgeoise des impôts.
Après
retraitement, ces sommes colossales " travaillent " en toute légalité
dans les circuits financiers internationaux. Les sommes ainsi mises en
circulation chaque année représenteraient entre 15 et 30 % des dettes publiques
cumulées, qui s’élèvent à quelque 5 000 milliards de dollars.
Les
paradis fiscaux attirent donc tous ceux qui refusent la solidarité par l’impôt,
laissant à leurs concitoyens le soin d’en acquitter la charge. C’est une
des explications de l’appauvrissement relatif des Etats et de la diminution
corrélative de leur capacité de régulation, voire de sauvetage du système
lui-même.
La directive européenne sur les travailleurs détachés
Grâce
à une directive européenne de 1996, les travailleurs de l’Union européenne
peuvent travailler dans les entreprises françaises à des conditions incitant au
dumping social. Seules les charges de leur pays d’origine sont imputées sur
leurs salaires, ce qui permet de réaliser une économie de 30 à 40 % sur le coût
du travail.
Autrement
dit, une entreprise qui a un travail à faire en France, au lieu de le faire
faire par des salariés sur place, fait appel à des travailleurs détachés qui
sont la face visible d’une UE qui impose le nivellement par le bas. Même
le PS a employé des travailleurs détachés lors de son université d’été qui
s’est tenue à La Rochelle les 28, 29, 30 août 2015. Dix salariés roumains
avaient été chargés de la mise en place du mobilier et du nettoyage des locaux
!
Comment
les entreprises françaises pourraient être compétitives quand le SMIC roumain
est environ dix fois plus bas que le SMIC français ? Combien sont-ils
exactement ? Les organisations syndicales avancent le nombre de 500 000
travailleurs dont plus de 200 000 ne seraient pas déclarés. Mais pour la
commission de Bruxelles, il n’est pas question de revenir sur cette disposition
qui transforme des salariés en déportés économiques du capitalisme européen.
Finalement,
sur tous ces points et bien d’autres comme le CETA (accord commercial
entre le Canada et l’Union européenne), ce sont les politiques libérales
les plus bêtes qui sont mises en œuvre en Europe depuis des dizaines
d’années.
Le
président de la République nouvellement élu, Emmanuel Macron, n’échappe pas lui
non plus à la critique. Il a alterné pendant la campagne mensonges et
contradictions, la principale contradiction étant de parler de mettre fin à la
course au moins-disant social et fiscal alors même que la baisse du coût du
travail est devenu la priorité numéro 1 de l’Europe !
Et
comme l'a expliqué Jean Lassale pendant la campagne électorale, c’est sur le
terrain que l’on voit le divorce, le fossé immense entre l'européisme béat des
élites et l'euro-scepticisme des couches populaires et moyennes.
Mais
si la classe politique peut tromper les citoyens un temps, elle ne pourra pas
les tromper tout le temps. Si elle continue de faire du mensonge une méthode de
gouvernement, rien d’étonnant qu’elle fasse demain l’objet d’un rejet
massif…
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