18 juillet 2022

Une fausse hausse du taux du livret A

Taux

Suivant la recommandation du gouverneur de la Banque de France, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé dans une interview au journal Le Parisien, jeudi 14 juillet, une hausse du taux du Livret A à 2 % à compter du 1er août 2022.

Une mesure apparemment positive mais le vol des épargnants continue plus que jamais…


Les épargnants sont désormais fixés sur le nouveau taux d’intérêt du livret A qui passera de 1% au 1er février 2022 à 2% le 1er août 2022. Ce nouveau taux correspond à la nouvelle formule de calcul qui établit la moyenne entre le taux monétaire courant à court terme et l'indice des prix à la consommation hors tabac des six derniers mois, sans pouvoir être inférieur à 0,50%.

Le livret A est la forme d’épargne préférée des Français. 56 millions de personnes en possèdent un, même si les sommes déposées sont souvent modiques. L’encours moyen des dépôts était de 6 523 € fin mai 2022 pour un montant total  des encours de 358 milliards d’euros. La collecte permet de financer le logement social en servant de base à des emprunts à long terme accordés aux bailleurs sociaux.

De 2013 à 2020, le taux du livret A a constamment baissé :sous les gouvernements de François Hollande puis d’Emmanuel Macron.

1er février 2013 : 1,75 % 

1er août 2013 : 1,25 % 

1er août 2014 : 1,00 % 

1er août 2015 : 0,75 %

1er février 2020 : 0,50%

Si le gouvernement d'Emmanuel Macron a augmenté son taux à 1% au 1er février 2022 puis maintenant à 2%, cela reste néanmoins nettement inférieur au taux d’inflation prévu pour 2022 qui devrait approcher la barre des 7 % en septembre prochain. Elle resterait ensuite comprise entre 6,5 % et 7 % d'ici la fin d'année, selon les prévisions de l'Insee.

Un taux d’intérêt du livret A inférieur au taux d’inflation revient à voler des millions de Français modestes qui placent leurs petites économies sur ce livret. Un épargnant qui possède 6 523 € sur son livret (montant moyen observé) va donc gagner 130 € d’intérêts sur l’année, alors qu’il en faudrait 456 € pour respecter simplement le taux d’inflation prévu de 7%, soit un vol de 326 € pour le détenteur concerné. 

Face à ce vol d’Etat organisé depuis plusieurs décennies par tous les gouvernements successifs, plusieurs associations comme le Conseil National des Associations Familiales Laïques (CNAFAL) protestent : « Le livret A d’épargne est vraiment un placement populaire : il sert à une majorité de population précaire à économiser euro par euro pour boucler les fins de mois. Un quart des français le prennent aussi en cas de pépin ou de facture imprévue. Ceci explique que les épargnants qui ont les livrets les moins bien dotés (une majorité) l’utilisent pour des petites sommes et pour perdre le moins d’argent possible. »

La situation des détenteurs de livret A est hélas identique à d’autres catégories de Français comme les fonctionnaires et les salariés du secteur privé : 

  • Le point d’indice des fonctionnaires doit être revalorisé de 3,5% mais il en faudrait 7% pour compenser le taux d’inflation prévu et 17,4% pour rattraper le gel du point d’indice depuis 2010 ! E2010, le gouvernement avait décidé de geler le point d'indice. Cette période a duré 6 ans durant laquelle le salaire des fonctionnaires n'a pas augmenté. En 2016, le gouvernement de François Hollande a annoncé son dégel. Celui-ci a augmenté de 1,2% en 2 ans. Il a cessé de s'accroître au 1er février 2017
  • Pour tous les salariés en général, il faudrait une augmentation de 44% pour rattraper le décrochage depuis 1982 et la suppression de l’échelle mobile des salaires qui protégeait jusqu’à cette date le pouvoir d’achat des salariés. Aujourd'hui, seule une réintroduction de l’échelle mobile des salaires serait  de nature à préserver durablement le niveau de vie de tous les salariés et retraités sans que les syndicats aient à ferrailler chaque année avec le gouvernements ou le patronat.

Mais les gouvernements se succèdent et rien n’est fait pour stopper la baisse du pouvoir d’achat des Français. Seules des revalorisations de salaires et pensions de retraite nettement inférieures au taux d’inflation ou des multiplications de petits chèques équivalents à des aumônes sont annoncées par Emmanuel Macron.

Après avoir supprimé l’ISF, accepté les traités européens qui permettent une évasion fiscale qui coûte de 80 à 100 milliards € par an, versé 15 milliards € par an aux entreprises (dont les plus grandes licencient des salariés tout en versant à leurs actionnaires des dividendes en forte hausse), Emmanuel Macron viole le préambule de la Constitution qui pose les principes fondamentaux de la République et de la justice sociale entre les citoyens...


Photo Creative Commons 



> Lire tous les articles du blog


4 commentaires:

ZXSpect a dit…

A noter que, fin 2018 lorsque le taux nominal du livret A était encore à 0,75 %, avec une inflation de l’ordre de 2,2 %, le taux réel négatif était à 1,45 % (pour un placement liquide, garanti et non imposable... et des taux à très court terme négatifs)

Cyril22 a dit…

Il a été reproché à une époque aux salaires de ’’tirer’’ l’inflation, lorsqu’ils augmentaient plus vite que les autres composantes de prix.
Or actuellement ce n’est absolument pas le cas : il y a hausses de prix des matières et équipements importés (offre/demande, érosion de l’euro...) et accentuation de ces hausses par des marges intermédiaires, même ce qui était en stock a été augmenté, sans raison objective.

Il serait donc équitable d’indexer les salaires non pour précéder l’inflation mais pour la compenser. C’est ce que demandent la plupart des partis d’opposition, mais le gouvernement bétonne et préfère des primes ou chèques aléatoires et souvent c’est la loterie (une grande banque profitable peut verser des primes, pas une petite entreprise de maçonnerie. en outre la défiscalisation est une hérésie par rapport à l’égalité devant l’impôt).

zygzornifle a dit…

De toute façon tout est faux dans ce gouvernement...

Berthe a dit…

La hausse des taux d’intérêts ne profitent pas aux petits épargnants mais aux gros qui placent leur argent dans d’autres formules (assurances vies etc...). Il a été évoqué la possibilité que ces gros portes monnaies profitent de cette hausse pour racheter leurs épargnes tous en même temps et provoquent une hystérie au sein des banques et organismes d’assurance qui ne disposeraient pas des fonds. Il est même question pour ces entités de bloquer les transactions pour éviter l’effet de panique.