Professeur
de philosophie dans un lycée proche de Toulouse, Robert Redeker a publié dans
le Figaro du 19 septembre dernier une tribune intitulée « face aux
intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ? »
Il y
dénonçait " la tentative de cet islam d’étouffer ce que l’Occident a de
plus précieux qui n’existe dans aucun pays musulman : la liberté de penser et
de s’exprimer... "
A la
suite de cet article, Robert Redeker a reçu des menaces de mort par courriers
électroniques et des attaques sur des forums djihadistes internationaux.
Il a
dû déménager en toute urgence, change de domicile régulièrement et vit sous
surveillance policière. Il ne peut plus enseigner la philosophie et toute sa
famille se trouve encadrée 24h / 24 par la DST.
La Tunisie a interdit le numéro de ce quotidien en alléguant le contenu
préjudiciable et offensant pour le prophète, l’islam et les musulmans. Le 23
septembre, l’Egypte prenait la même mesure.
Certains
collègues professeurs ont glosé sur le contenu de son article, expliquant qu’il
était normal que ses propos aient pu “blesser” les Musulmans. Ces professeurs,
souvent de gauche et notamment membres de la FSU, capables de mettre sur le
même plan des propos “ blessants ” et une mise à mort ne valent guère mieux que
ceux qui menacent Redeker de mort.
Certes,
Redeker a critiqué violemment les dérives de l’Islam, mais à travers cet
article, c’est le combat nécessaire contre l’emprise des religions sur la vie
démocratique des nations qu’il faut retenir. Car des atrocités ont été commises
au nom des trois grandes religions et ce qui continue de se passer en Irlande
du Nord ne grandit pas la foi chrétienne comme les maux subis par les jeunes
filles dans le quartier juif intégriste de Meah Shearim à Jérusalem (voir à ce
sujet le très beau film d’Amos Gitaî sur le sujet : " Kadosh ").
Le
Figaro a enlevé de ses pages Web l’article en question. Quant à la compagnie
Air France, elle vient de supprimer le porc dans ses repas vers le Maghreb ! Il
y a peu de temps encore, le directeur de l’opéra de Berlin a déprogrammé un
opéra de Mozart dont la mise en scène risquait d’enflammer les islamistes !
Ce
n’est pas ainsi que l’emprise néfaste de toutes les religions sur le
fonctionnement des sociétés démocratiques reculera…
Appel à soutenir Robert Redeker (Paru dans Le Monde du 02/10/06)
Robert
Redeker enseignait la philosophie dans un lycée de la région de Toulouse. Dans
Le Figaro du 19 septembre, il signait une libre opinion intitulée : "Face
aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?" Accusé
d'avoir "offensé le Prophète", Robert Redeker est depuis lors menacé
de mort. Comme Salman Rushdie, traqué pendant quinze ans sur toute la planète.
Comme Theo Van Gogh, abattu comme un chien le 2 novembre 2004 dans une rue
d'Amsterdam.
Les
menaces de mort, très précises, contre Robert Redeker, émanant d'organisations
de la mouvance d'Al-Qaida, ont été authentifiées par la police française et la
DST. Sur leurs sites Internet, les menaces contre Robert Redeker appellent
d'ailleurs ouvertement à suivre l'exemple de l'assassin de Theo Van Gogh.
Aussi,
depuis la publication de son article, la vie de Robert Redeker a basculé dans
le cauchemar. Il la décrit ainsi dans une lettre à un ami : " Je n'ai plus
le droit de loger chez moi (sur les sites me condamnant à mort il y a un plan
indiquant comment venir à ma maison pour me tuer, il y a ma photo, celle des
lieux où je travaille, des numéros de téléphone, et l'acte de condamnation).
Mais en même temps on ne me fournit pas d'endroit, je suis obligé de quémander,
deux soirs ici, deux soirs là... Je suis sous protection policière permanente.
Je dois annuler toutes les conférences prévues. Et les autorités m'obligent à
déménager. Je suis un SDF. Il s'ensuit une situation financière démente, tous
les frais sont à ma charge, y compris ceux, éventuels, d'un loyer d'un mois ou
deux éloigné d'ici, de deux déménagements, de frais de notaire, etc. C'est bien
triste. J'ai exercé un droit constitutionnel, et j'en suis puni, sur le
territoire même de la République. "
Quel
que soit le contenu de l'article de Robert Redeker, il s'agit là d'une attaque
extrêmement violente contre la souveraineté nationale. Une menace de meurtre
sur notre territoire est formulée en toute impunité, et c'est absolument
inadmissible.
Une
poignée de fanatiques agite en ce moment de prétendues lois religieuses pour
remettre en cause, dans notre pays, nos libertés les plus fondamentales. Cette
menace s'ajoute aux murmures que l'on peut entendre ici et là partout en Europe
sur les " provocations " qu'il faudrait désormais éviter afin de ne
pas froisser de supposées sensibilités étrangères.
Porter
des strings à Paris-Plages est déconseillé, tout comme écouter Mozart à Berlin
ou le pape à Ratisbonne. Ces murmures sont dictés par la peur, et nous ne
l'admettons pas. Pas plus que nous n'admettons les premières déclarations du
SNES, syndicat d'enseignants qui se désolidarisait d'un professeur aujourd'hui
menacé dans sa vie même.
Les
temps en Europe redeviennent durs. L'heure n'est pas à la lâcheté. C'est
pourquoi nous en appelons solennellement aux pouvoirs publics afin, non
seulement, qu'ils continuent de protéger comme ils le font déjà Robert Redeker
et les siens, mais aussi que, par un geste politique fort, ils s'engagent à
maintenir son statut matériel tant qu'il est en danger, tout comme les
autorités anglaises n'ont pas hésité à le faire durant tout le temps qu'a duré
l'affaire Rushdie.
Nous
en appelons aussi aux représentants de toutes les religions, et notamment aux
musulmans, pour qu'ils placent sous leur protection Robert Redeker comme ils
doivent le faire de toute personne menacée dans sa vie.
Signataires
:
Alexandre Adler, Laure Adler, Elisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Michel Deguy, Raphaël Draï, Roger-Pol Droit, Elisabeth de Fontenay, Alain Finkielkraut, François George, André Glucksmann, Romain Goupil, André Grjebine, Claude Lanzmann et le comité de rédaction de la revue "Les Temps modernes", Corinne Lepage, Bernard-Henri Lévy, Olivier Rolin, Elisabeth Roudinesco, Guy Sorman, Pierre-André Taguieff, Michel Taubmann et la rédaction de la revue "Le Meilleur des mondes", Philippe Val, Marc Weitzmann.
Photo Creative Commons
7 commentaires:
Les profs qui critiquent Redeker me désespèrent car s'ils sont tolérants avec l'Islam, ils sont les premiers à "casser" du catho...
Je trouve lamentable la réaction de Gilles de Robien qui se déclare "solidaire" d'un fonctionnaire mais en ajoutant "un fonctionnaire doit se montrer prudent et modéré en toutes corconstances"...
Beau soutien que voilà pour des propos d'ordre personnel et privé qui ont été tenus dans un journal !
Liberté, égalité, fraternité, ils sont nombreux ceux qui oublient que la Liberté est la première partie de la devise de la République Française.
Défenseur de cette liberté, je trouve scandaleux le peu d’empressement de la presse et des responsables politiques à dénoncer ce qui est ni plus ni moins qu’une prise d’otage avec menaces de mort.
Je soutiens Robert REDEKER et lui souhaite beaucoup de courage.
Je vous félicite d’avoir dénoncé sur ce blog cette infamie et d’avoir alerté ainsi tous vos lecteurs.
La presse semble bouger et dans le dernier débat Ferry-Julliard sur LCI les deux “amis” ont exprimé haut et fort leur dégoût et leur indignation concernant cette affaire (que Julliard compare à juste titre à celle de Ruschdie)
Si les Occidentaux se mettent à intérioriser les interdits de l’Islam, je crois que c’est dramatique.
Il serait vivement souhaitable que tout le monde s’élève contre ce scandale absolu qui nous concerne tous.
En effet, la liberté est notre affaire commune et nous ne pouvons la défendre que collectivement.
Le timide soutien de Robien est une rémanence d’une sorte de non-engagement chronique centriste…
Bref, tout cela est plus que révoltant.
Je suis d’accord avec la presque totalité des précédents intervenants.
Excepté la petite parenthèse après le mot professeur qui tendrait à faire croire que, parce qu’on est de gauche, on est forcément lâche, etc.
Comme disait Jean Gabin dans “le Président” : il y a aussi des poissons volants mais ils ne constituent pas la majorité du genre…
Oui, vous avez raison de préciser que les professeurs qui ont lâché leur collègue étaient presque tous syndiqués à la FSU…
Quant à Air France, encore partiellement détenue par l’Etat, c’est la seule compagnie occidentale pour l’instant à avoir opéré ce choix. Je trouve tout de même cela inquiétant…
Enregistrer un commentaire