Dans la petite ville de Toury, 2 900 habitants dans l’Eure-et-Loir, l'usine de sucre employant 128 personnes et appartenant à Cristal Union, va cesser son activité en 2020.
Pourtant, les salariés de cette usine étaient considérés comme « indispensables » par le gouvernement d’Emmanuel Macron en cette période de pandémie de Covid-19. Ils ont produit notamment l’alcool indispensable pour les gels hydroalcooliques mais vont être licenciés...
La sucrerie de Toury, entre Chartres et Orléans, dont les cheminées trônent sur la région depuis 145 ans, a été fondée en 1874 mais la maison mère, Cristal Union, numéro 2 français du secteur, a décidé de fermer cette usine qui produit du sucre de betterave, de l’alcool et du bioéthanol. Même si l’usine est plus petite que certaines de ses concurrentes en France, ses performances en faisaient l’une des plus productives du pays, selon le journal Le Monde.
L'activité distillerie va se poursuivre au cours du premier semestre 2020 mais l'activité d'expédition des produits de sucre et d'alcool va cesser en septembre, date de la fin de l'activité du site.
" C'est une fermeture économique qui est la conséquence de l'effondrement des cours du sucre qui s'est produit en 2017, effondrement sur le marché mondial qui a coïncidé avec la fin des quotas sucriers sur le marché européen. Les licenciements vont s'échelonner au cours de l'année 2020 ", a expliqué à l'AFP Pierre Ducret, directeur de l'établissement.
Un Comité social économique (CSE) s'est bien tenu sur le site après la fin du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). " Il y a eu une recherche de repreneurs et des entreprises ont été démarchées mais aucune n'a souhaité formuler une offre de reprise pour l'établissement ", a regretté M. Ducret.
Quant à Kévin Rabouin, ouvrier magasinier, il témoigne dans le journal Le Monde, du changement de gestion après le rachat par Cristal Union : « C’était notre usine et ils voulaient nous apprendre à faire du sucre ».
Des changements quant à la gestion de l'usine ont été constatés, notamment en ce qui concerne les achats de fournitures. D’après le Monde, « le manche à balai passe de 3 à 32 euros, le raccord d’eau de 4,60 à 65 euros ». « Quand on disait : “ C’est trop cher ”, on nous répondait : “ Qu’est-ce que ça peut te faire ? C’est toi qui paies ? On va vous booster, vous serez une usine pilote.” ».
Alors que partout, la demande d’alcool pharmaceutique bat des records, l’usine de Toury fait partie des secteurs essentiels. Pendant le confinement, seule la distillerie travaillait à plein régime. « On est fier d’avoir décroché l’agrément “travailleurs indispensables” ».
Une fierté qui se sent dans la motivation des salariés « On est redevenu ce qu’on était avant, on a retrouvé notre fierté. » « On s’est dit : Notre sucrerie, elle est belle. C’est eux qui ne savent pas la faire tourner. On va leur montrer de quoi on est capable.», a encore ajouté Kévin Rabouin.
Depuis l’ouverture à la concurrence internationale et la décision du Parlement Européen de supprimer les quotas de production de sucre en 2017, le cours du sucre a chuté drastiquement devant la surproduction mondiale (-38% sur l’année 2018). Une décision politique prise à la suite d’une demande des gros producteurs mondiaux devant l’OMC et qui a touché l'usine de Toury comme d’ailleurs l’usine Saint-Louis de Marseille.
En fait, malgré près de 2 milliards € de chiffres d’affaire de Cristal Union, l'usine va fermer pour réduire les coûts, qu’importe que la production d’alcool soit indispensable depuis l’éclatement de la pandémie du Covid-19.
Dans ce contexte de crise sanitaire et économique qui a déjà placé 12 millions de personnes au chômage partiel, le fossé déjà très grand entre les Français, va encore se creuser un peu plus si le gouvernement n'intervient pas pour sauver les salariés du site de Toury ainsi que beaucoup d'autres qui vont perdre définitivement leur travail dans les mois qui viennent à cause de la faillite prévisible de nombreuses entreprises.
C’est pourquoi il est primordial que toutes les entreprises qui fournissent des produits essentiels en cette période de pandémie (et nous ne sommes pas à l’abri d’une seconde vague dévastatrice) soient aidés financièrement par l'Etat, voire nationalisées...
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