Lors
de la conférence de presse qui a suivi un entretien téléphonique avec le
chancelier allemand Olaf Scholz il y a quelques jours, Emmanuel Macron a dû
défendre son bilan sur les questions énergétiques. Il s’est livré à un bien
curieux exercice de réécriture de l’histoire. « J’ai agi pour que nous
puissions sauver la filière nucléaire française », a-t-il rappelé,
évoquant son rôle de ministre de l’Économie et de l’Industrie sous le quinquennat
de François Hollande.
Pendant
l’exercice de cette fonction, il aurait « montré [sa] confiance dans le
nucléaire à une époque où il était « plutôt minoritaire ». Une
fois devenu président, il aurait eu le mérite de repousser l’objectif de 50 % de
part du nucléaire dans le mix énergétique à 2035 contre 2025, objectif fixé
alors par François Hollande et issu, à l'époque, d’un accord avec EELV.
Pour
autant, une petit rappel est nécessaire : Emmanuel Macron, le grand défenseur
autoproclamé du nucléaire, déclarait le 9 février 2017, « ce n’est pas bon
d’avoir 75 % de notre énergie qui vient du nucléaire ». Il affirmait alors
: « je garderai le cadre de la loi de transition énergétique ». La phrase
« je maintiens donc le cap des 50 % » était bien mise en avant. Et
surtout, aucune explication rationnelle ne venait alors expliquer les raisons
de ce jugement.
32 des 56 réacteurs nucléaires que compte la France sont à l'arrêt
Alors
que l'Europe traverse une crise énergétique qui fait craindre de grosses
difficultés durant l'hiver, la France dépend à 70% du nucléaire pour l'électricité.
Dans ce contexte, le fait que seules 24 centrales soient en activité est stupéfiant et ce d'autant plus que les autres tournent au ralenti en raison de la sécheresse.
Lors d’un contrôle de routine dans la centrale de Civaux en octobre 2021, les ingénieurs ont remarqué des microfissures sur des tuyaux en acier inoxydable. Cinq mois d’enquête et de contrôles plus tard, le groupe énergétique EDF a conclu que le problème ne venait pas d’un vieillissement des tuyaux, car il touche au contraire les réacteurs les plus récents. Pour faire des économies d’échelle, EDF a construit des centrales de plus en plus grandes, avec des tuyaux de plus en plus longs et tortueux. Et ceux-ci sont nettement plus sensibles à ce problème de corrosion. .
Le marché concurrentiel également en cause
Le marché concurrentiel devait faire baisser les prix de l'électricité mais a fait en réalité augmenter les prix de 60% entre 2006 et 2020. La dernière augmentation de 35% à 45% des tarifs d’électricité a obligé le gouvernement à imposer une limitation à 4% en faisant payer EDF puis, plus tard, les consommateurs.
Alors
qu’il faudrait en fait :
- réserver la production d'EDF à ses clients au tarif réglementé, le tarif bleu diminué de la part du prix du gaz.
- retirer l'obligation faite à EDF de vendre l'électricité électro-nucléaire à de faux concurrents qui ne produisent rien. L’Union européenne oblige en effet EDF à vendre 25% de sa production à ses concurrents, qui ne l’achètent que si elle est moins chère que celle qu’ils peuvent produire, autrement dit si EDF vend à perte. Le prix unique est fixé sur le coût marginal, c’est-à-dire le coût de production d’un MWh supplémentaire. Or, les centrales à gaz sont souvent les plus efficaces pour assurer ce surplus momentané de production, ce qui revient à aligner le tarif de l’électricité sur les cours du gaz. Pour la France, dépendante à 70% du nucléaire et souvent exportatrice net, ce système est clairement défavorable.
- qu’EDF devienne une entreprise à caractère économique et social et qu’elle ne soit pas une société anonyme (SA) soumise au droit de la concurrence.
Si
concurrence il doit y avoir, elle doit se faire entre les producteurs uniquement,
dont les producteurs à base d’énergie renouvelable, comme Enercoop par exemple
qui est un fournisseur français dont l’objectif principal est le
développement des énergies renouvelables. Enercoop se démarque des autres
fournisseurs par sa forme coopérative et son unique offre 100 % renouvelable en
contrat direct avec les producteurs.
Bref,
il faut défaire méthodiquement tout ce qui a été fait depuis 2004, en
particulier sortir de l'ambiguïté sur le nucléaire, abroger la loi NOME de 2010 qui oblige EDF à céder l'électricité
produite à partir du parc nucléaire historique à ses concurrents et qui fixe ces conditions pour une période transitoire allant du 1er
juillet 2011 au 21 décembre 2025.
Les atermoiements de François Hollande puis d’Emmanuel Macron pour faire plaisir aux écologistes et la loi Nomme sont largement responsables de la crise actuelle. Les besoins en électricité de la France à un tarif abordable ne seront satisfaits qu’à la condition de sortir du marché absurde imposé par l’Union européenne mais n’interrogez surtout pas Emmanuel Macron sur sa responsabilité car la faute est à la guerre en Ukraine…
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