Quelle
alternative ? Quel programme pour une autre société ?
Le
prochain congrès socialiste confirmera sans aucun doute l’ancrage
social-démocrate du PS, son adhésion à l’Europe du Traité de Lisbonne et ce
malgré la nouvelle et récente défaite de la gauche en Italie qui n’a pu
empêcher le retour aux affaires de Silvio Berlusconi.
Ce qui
compte avant tout, semble-t-il, dorénavant au PS, c’est la “ligne de la gagne”,
le déni de programme, l'esbroufe et la pub-politique qui permettent ainsi au
vide de l'emporter sur le fond.
L’affrontement
qui se prépare entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, deux candidats
“libéraux ET socialistes”, n’oppose-t-il pas en fait deux anciens partisans du
OUI au Traité Constitutionnel Européen (TCE), traité ultra-libéral par
excellence sur le plan économique ?
Quant
au PCF, il continue de se bercer de l'illusion de sa remontée électorale bien
que son score ne cesse de diminuer depuis 1950. N'en déplaise aux nostalgiques
de Maurice Thorez ou de Georges Marchais, l'avenir de l'hypothèse communiste
n'est pas dans l'ancrage dans un passé définitivement révolu. Il y a un temps
pour tout et aujourd'hui n'est plus le temps de la préservation mais bien celui
de la construction d’une gauche nouvelle.
Après
les congrès du PS et du PC auxquels il faudra ajouter celui de la LCR qui
ambitionne de construire un nouveau parti anti-capitaliste (NPA) mais qui se
révèle incapable de réunifier la famille trotskiste, éclatée en trois
organisations rivales, que restera-t-il de la prise de conscience des acteurs
qui, ici et là, dans les partis de gauche et dans les associations veulent
tendre à unir une gauche véritable.
Politis
lance un appel pour organiser l’alternative à gauche. 55 personnalités
(artistes, intellectuels, responsables politiques, syndicaux et associatifs) se
mobilisent pour la création d’un cadre permanent à l’intérieur duquel les
forces de gauche sociale et écologiste pourraient mener le débat.
« Nous
célébrons l’anniversaire de Mai 68. Le temps n’est toutefois ni aux
commémorations, ni à la nostalgie.
La
planète s’est profondément transformée. Le capitalisme se fait toujours plus
prédateur. Les émeutes de la faim sont le corollaire de l’enrichissement
indécent d’une minorité de privilégiés. Les crises financières s’enchaînent, et
une catastrophe écologique se dessine. Bousculée par un nouveau totalitarisme
de marché, la démocratie s’étiole.
C’est
à la refondation d’une politique d’émancipation qu’il importe de s’atteler.
En
France, le sarkozysme se heurte déjà à la résistance du pays. Dans les
entreprises du secteur privé, dans les services publics, à l’école, d’amples
mobilisations se font jour.
À
quarante ans de distance, deux questions se reposent à nous : quelles
perspectives offrir à la colère sociale ? Comment la volonté de changer
radicalement l’ordre des choses peut-elle redonner majoritairement le ton à
gauche ?
À cet
égard, chacun hélas peut le constater, il manque toujours une force incarnant
un projet alternatif.
Du
côté de la majorité dirigeante du Parti socialiste, les volontés hégémoniques
se confirment, et avec elles les tendances au renoncement social-libéral,
inspirées des exemples de MM. Blair ou Prodi. Mais la gauche de transformation
sociale et écologiste ne doit pas, elle, s’accommoder d’un statu quo qui lui
interdit d’espérer changer en profondeur la donne politique.
La
menace du bipartisme devient plus forte, avec son choix mortifère ramené à deux
variantes de l’adaptation au libéralisme. Tout cela peut nous conduire à des
désastres comme celui que vient de connaître la gauche italienne, incapable
d’empêcher le retour de Berlusconi aux affaires et littéralement disloquée.
Les
municipales et les cantonales viennent pourtant de prouver qu’il existe ici un
espace comparable à celui révélé par Die Linke en Allemagne ou d’autres
expériences similaires en Europe. Faute de convergence entre des traditions et
des cultures jusqu’ici séparées, faute de prendre en compte l’apport des
mouvements sociaux et citoyens ayant émergé depuis plusieurs années, le champ
des possibles demeurera inévitablement limité : aucune force constituée ne peut
rassembler autour d’elle seule.
Les
échecs passés nous instruisent des difficultés de l’entreprise. Nous n’en
restons pas moins convaincus que c’est le seul horizon porteur d’avenir.
Un cadre permanent pour faire front
Nous
en appelons donc à l’affirmation d’une gauche enfin à gauche. Qui n’oublie plus
la nécessité de redistribuer les richesses. Qui soit en phase avec les
aspirations des salariés, avec ou sans papiers, des quartiers populaires, des
jeunes. Qui conjugue urgence sociale, urgence démocratique et urgence
écologique. Qui permette au peuple d’exercer sa souveraineté dans tous les
domaines. Qui place l’égalité entre hommes et femmes au cœur de son projet. Qui
milite pour un nouveau mode de production et de consommation, soutenable et
respectueux des équilibres écologiques. Qui promeuve la construction d’une
autre Europe et de rapports de codéveloppement avec le Sud. Qui devienne, ce
faisant, une véritable force.
Militants
politiques, acteurs du mouvement social et culturel, nous pouvons dès à présent
agir de façon coordonnée. Sans préalable sur les engagements des uns et des
autres, construisons un cadre permanent qui nous permette, ensemble,
nationalement et localement, de réfléchir aux moyens d’une vraie réponse
politique aux attaques de la droite et du Medef et d’aborder les grands
rendez-vous qui s’annoncent. D’ici l’été, que chacun et chacune se saisisse de
cette proposition sur le terrain. Et retrouvons-nous à l’occasion d’un grand
rendez-vous national en septembre, afin de prolonger ces échanges. »
Premiers
signataires :
Paul
Ariès, Ariane Ascaride, François Asensi, Clémentine Autain, Christophe
Barbillat, Francine Bavay, Hamida Bensadia, Pierre Bergougnoux, Jacques Bidet,
Martine Billard, Jean-Jacques Boislaroussie, Patrick Braouezec, Bernard
Calabuig, Yves Contassot, Eric Coquerel, Emmanuelle Cosse, Thomas Coutrot,
Claude Debons, Bernard Defaix, Marc Dolez, Annie Ernaux, Jean-Claude Gayssot,
Jacques Généreux, Susan George, Dominique Grador, Robert Guediguian, Michel
Husson, Raoul-Marc Jennar, François Labroille, Frédéric Lebaron, Jacques
Lerichomme, Philippe Mangeot, Roger Martelli, François Maspero, Gérard Mauger,
Marion Mazauric, Daniel Mermet, Mohammed Mechmache, Philippe Meyrieu, Claude
Michel, Yann Moulier-Boutang, Dominique Noguères, Michel Onfray, Christian
Picquet, Christophe Ramaux, Yves Salesse, Denis Sieffert, Patrick Silberstein,
Evelyne Sire-Marin, Emmanuel Terray, Rémy Toulouse, Marcel Trillat, Christophe
Ventura, Marie-Pierre Vieu, Claire Villiers.
Signer
l’appel ICI
Photo Creative Commons
Lire toutes les infos du blog :
4 commentaires:
Cette initiative est excellente : j’espère qu’elle sera pérenne, qu’elle ne sombrera pas dans des querelles de leadership et de personnes, qu’elle ne se réduira pas à une simple signature sur Internet.
Car il existe un espace pour un pôle entre le PS et le trotskisme, ce pôle c’est celui de la gauche alternative, écologiste et altermondialiste, qui reste à construire !
Un pôle qui ne confond pas radicalité de la pensée et réalité des alliances politiques, compromis et compromission...
Ce pôle doit se rassembler sur la critique d’un mode de développement destructeur de l’environnement et de l’homme et s’ériger sur des valeurs communes, clairement affirmées et partagées :
* écologie : remise en cause de la croissance infini, du productivisme. Repenser le travail, la richesse, le développement. Penser la décroissance de l’empreinte écologique et un développement plus harmonieux, plus viable et vivable. Non au "toujours plus", Oui au "encore mieux"
* transformation sociale : alternative au libéralisme (la seule posture anti-libérale n’est pas suffisante), penser une économie plurielle et de nouvelles solidarités non marchandes (développement du secteur de l’économie sociale et solidaire, secteur associatif...).
* un pôle altermondialiste, qui mondialise l’écologie et la solidarité. Solidarité nord/sud, promotion de la paix, de la non-violence, du désarmement et réelle politique de co-développement ! "Il n’y a pas de chemin vers la paix, la paix est le chemin" Gandhi. Un pôle qui agit local et pense global (et vice-versa). Un projet qui s’inscrit dans une optique mondialiste.
* lutte contre toutes les formes de discriminations, politique de "l’égalité réelle" pour les femmes, les homosexuels, les immigrés (et leurs enfants Français), les handicapés ! Politique alternative de l’immigration. Considérer la différence comme une richesse dès l’école ! L’autonomie des individus, la liberté de choisir sa vie doit être une priorité. (Ce qui conduit à penser un nouvel équilibre entre l’individu et la collectivité).
* une VI° République : une démocratie plus participative qui n’exclut personne et qui implique l’ensemble de la société, un Parlement renforcé, une démocratie assainie (proportionnelle, non cumul des mandats...)
A lire et à commenter sur http://ideo.i-clic.net/ :
Bien dit Albert...
Qu’ont-ils donc au PS, à considérer leurs visages plus importants que leurs idées ?
Et même quand on se fait photographier en Toscane dans une église en train de prier, on trouve encore à redire sur la qualité du cliché !
Au milieu de tout ce tintamarre, comptent-ils ne rien dire et ne rien faire jusqu’en 2012 ?
Et ils espèrent ainsi gagner la présidentielle ? Pour quoi faire ?
Pour ne rien dire et ne rien faire ?
En 2001 Jospin avait annoncé qu'il ne ferait pas une politique de gauche et il a été battu par Le Pen.
Aujourd'hui, son copain Delanoë annonce qu'il est libéral !
Drôle de gauche !
Les socialistes n'ont toujours pas tirés les leçons des échecs passés.
- Lionel Jospin fut battu car il avait dit que son programme n'était pas socialiste.
- dégolène Royal fut battue en raison de son admiration pour le blairisme.
Et maintenant, Bertrand Delanoë remet ça en voulant concilier le libéralisme avec le socialisme !
Il serait vraiment temps que les socialistes se recentrent à gauche !
En attendant, le facteur marque des points...
Enregistrer un commentaire