Au
moment où se prépare le sommet du groupe des 20 pays industrialisés et
émergents qui se tiendra les 3 et 4 novembre prochains au Palais des festivals
et des congrès de Cannes, il n'est pas inutile de se rappeler d'une petite
fable espagnole, faussement naïve, pour expliquer la crise financière actuelle.
Une
bien belle histoire n'ayant que peu de rapport avec la réalité, ou si peu !
Un
homme portant cravate se présenta un jour dans un village. Monté sur une
caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 100 euros
l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait.
Les
paysans le trouvaient bien un peu étrange mais son prix était très intéressant
et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine
réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et là
encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours
suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les
derniers ânes existants. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit
savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans huit jours et il quitta le
village.
Le
lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et
l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 € l’unité.
Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la semaine suivante,
tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le prix qu’ils l’avaient
vendu et pour ce faire, tous empruntèrent.
Comme
il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent prendre des
vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent
avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au cou, ruinés.
Les
malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur emprunt. Le
cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis loués à leurs
précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant s’en alla pleurer
auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il
serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement immédiat de tous les
prêts accordés à la commune.
Pour
éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du
village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, ami intime et
premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci, après avoir rétabli sa
trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois ni
sur celles de la commune et tous se trouvèrent proches du surendettement.
Voyant
sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux d’intérêts, la
commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui
répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car elles avaient connu
les mêmes infortunes. Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier,
toutes décidèrent de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles,
pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale... On repoussa
l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on
baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était,
disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des
ânes.
Cette
bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les
deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à
la sueur de leur front. On les appelle les frères Marchés.
Très
généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne électorale des
maires sortants.
Cette
histoire n’est toutefois pas finie car on ignore ce que firent les
villageois.
Et
vous, qu’auriez-vous fait à leur place ? Que ferez-vous ?
>
Journée internationale des indignés, samedi 15 octobre 2011, dans l’espoir
d’unir toutes les voix pour manifester contre les systèmes de Gouvernement qui
« utilisent les citoyens comme une marchandise ».
>
RV sur la place du village, Place Kléber, Strasbourg
Photo
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