Les
chiffres des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi pour l’année
2015 font apparaître une nouvelle augmentation quasi générale.
Mais comme d'habitude, la Ministre du Travail, Myriam El Khomri, ainsi que les journalistes des grands médias prennent des raccourcis et ne parlent ni du nombre de chômeurs toutes catégories confondues, ni des personnes exclues des statistiques officielles...
Mais comme d'habitude, la Ministre du Travail, Myriam El Khomri, ainsi que les journalistes des grands médias prennent des raccourcis et ne parlent ni du nombre de chômeurs toutes catégories confondues, ni des personnes exclues des statistiques officielles...
Après avoir évoqué imprudemment la baisse
du nombre de chômeurs à la fin de l’année 2013, François Hollande et les
ministres successifs du Travail se contorsionnent régulièrement en
évoquant tantôt un ralentissement de la hausse, tantôt une stabilité de la
hausse, tantôt une diminution de la hausse, le tout en parlant presque toujours des seuls
chômeurs de catégorie A.
Mais selon le dernier rapport complet de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) de 13 pages et non le
simple communiqué de presse gouvernemental envoyé aux médias, on constate en
2015 :
- Une augmentation moyenne de plus de 25
150 chômeurs par mois pour la seule catégorie A, une augmentation du chômage de
longue durée (entre 2 et 3 ans) de 4,5 % sur 1 an, celle du chômage de
très longue durée (3 ans et plus) de 15,7 % et celle du chômage des + de
50 ans de 9,5 % !
- Plus d’un chômeur sur 2 (50,3 %) inscrit à Pôle emploi ne perçoit
aucune indemnité ni allocation de retour à l'emploi, ni allocation de
solidarité... ce qui rend encore plus ridicule la proposition conjointe de la Ministre du Travail, Myriam El Khomri, et du Ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, préconisant une baisse des indemnités
chômage pour équilibrer le régime Unedic et relancer l'emploi !
Demandeurs d'emploi par catégories :
A : 3 590 600 (+ 2,6 % sur 1 an), demandeurs d'emploi sans emploi
B : 712 600 (+ 5,2 % sur 1
an), demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite courte (moins de 78 heures ou moins au cours du mois)
C : 1 172 500 (+ 13 % sur 1 an),
demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois)
D : 274 200 (- 2 % sur 1 an),
demandeurs d'emploi en stage, formation, maladie…
E : 425 400 (+11,3 % sur 1 an),
demandeurs d'emploi bénéficiaires de contrats aidés, etc.
Total : 6 175 300 chômeurs (+ 5,1 % sur 1 an) sans oublier les DOM-TOM (335 000 chômeurs) et ce nonobstant la politique de radiation
des listes de demandeurs d’emplois appliquée avec acharnement par le gouvernement...
De plus, curieusement à partir de cette année 2016, il sera impossible de
comptabiliser les personnes au RSA inscrites à Pôle emploi et celles qui ne le
sont pas. Les travailleurs pauvres, vont en effet pour une partie disparaître
des données RSA, puisque le RSA activité s’est transformé en "Prime
d'activité". Bref, il y aura encore moins de
transparence et de plus en plus de chômeurs invisibles qui n'entrent pas ou
plus dans les statistiques officielles.
Le chômage invisible
Ne sont pas comptés dans ces 6 175 300 demandeurs d'emploi :
- 1 500 000 bénéficiaires du RSA (Revenu de Solidarité Active, 524 € au 1er janvier 2016 pour une personne seule) non inscrits à Pôle emploi. Sur près de 2 500 000 de foyers (dernier chiffre connu),
seuls 40%, soit 1 000 000 sont inscrits à Pôle emploi. En sachant qu'un foyer
bénéficiaire, comporte parfois plus d'un demandeur d'emploi en son sein, ces chiffres de non inscrits à Pôle emploi sont des minimas.
- 1 100 000 environ de personnes sur les 2 millions de bénéficiaires de
l'AAH (allocation adulte handicapé) ou d'une pension d'invalidité, qui ne sont
pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d'accès à un emploi
adapté.
- 1 400 000 de sans droits qui sont principalement :
* des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs
d'emploi, qui n'ont même pas droit au RSA (situation quasi unique en Europe…)
* des sans droits pour
dépassement des plafonds de ressources dans le foyer
* des bénéficiaires de pensions de reversion (veufs,
veuves) de 55 ans et plus, qui dépassent les plafonds du RSA (524 € au
01/01/2016 pour une personne seule), et qui n'ont pas l'âge pour prendre leur
propre retraite ou pour percevoir le minimum vieillesse à 65 ans.
* des bénéficiaires de
pensions alimentaires qui dépassent le plafond du RSA (plafond presque 2 fois
inférieur aux seuils de pauvreté…)
* des étudiants, boursiers ou non, qui
cherchent des petits jobs alimentaires.
* des auto-entrepreneurs,
qui ne gagnent rien ou presque et qui sont demandeurs d'emploi en
parallèle.
- les retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les
charges fixes pour vivre décemment (loyer, chauffage, assurances, voiture, téléphone,
eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste...)
En faisant un simple calcul, on arrive
donc à un total minimal de 10 175 300 demandeurs d'emploi et de travailleurs pauvres occasionnels en France (10 510 300 avec les DOM-TOM) !
Dans ces conditions, on ne peut se satisfaire des réponses gouvernementales
qui consistent notamment à mettre en place une nouvelle aide à l’embauche pour
les entreprises alors même que les effets d’aubaine de ce dispositif sont connus
et quasiment nuls.
Il est indispensable de changer de
politique économique pour aller vers un renforcement des services publics, un
soutien à l’investissement public, une relance économique par la demande, une
hausse des salaires et pensions afin de favoriser la consommation intérieure.
Trouver une solution durable suppose aussi
de dresser le bilan de la construction européenne et d’expliquer les causes de
son échec. Il convient notamment de mettre fin au scandale des 500 000 salariés
détachés qui sont en fait des travailleurs low-cost qui perturbent le marché du travail en France et dont les entreprises payent les charges sociales dans leur pays
d’origine.
Et ce ne sont pas non plus les attaques
perpétuelles contre la durée du travail, les droits des salariés, la
qualification des métiers qui permettront aux demandeurs d’emploi de sortir du
chômage et de la précarité en retrouvant un emploi de qualité...
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