Le
Premier ministre, Manuel Valls, a laissé entendre récemment que le futur traité
de libre-échange transatlantique encore en négociation, plus connu sous les
noms de TAFTA ou TTIP (accord UE-USA) n’était pas satisfaisant et qu’il ne
fallait donc pas le signer.
Dans le même temps, le gouvernement ouvre la fenêtre en grand pour un autre accord transatlantique avec le Canada (CETA) qui est son frère jumeau…
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Dans le même temps, le gouvernement ouvre la fenêtre en grand pour un autre accord transatlantique avec le Canada (CETA) qui est son frère jumeau…
Malgré tous les efforts de la Commission européenne et des gouvernements
français successifs pour dire que « ces deux accords n’ont rien à voir
l’un avec l’autre », l’examen du texte complet du CETA, le texte du
mandat européen de négociation du TAFTA et les éléments connus de la
négociation en cours grâce à des fuites, permettent d’affirmer au contraire que
ces deux accords traitent des mêmes sujets. Ils proposent les mêmes objectifs
et mettent en œuvre les mêmes moyens.
Le
TAFTA, négocié dans le plus grand secret, vise notamment à éliminer ce qu’on
appelle les « irritants commerciaux », qui limitent la capacité
d’échange de tout produit entre les États-Unis et l’UE. La «convergence
réglementaire» est le terme aseptisé utilisé pour tenter d'imposer aux
gouvernements l’obligation d’autoriser les produits et services qui ne
satisfont pas aux normes domestiques.
Il
convient de réduire ou d’écarter ce qu’il y a de meilleur en termes de
protection de l’environnement, de santé des consommateurs et de diminuer les
contraintes que la puissance publique peut mettre en place pour réguler les
activités des multinationales. Ce qui est promu comme des règles «de haut
niveau du 21ème siècle» pour l’économie mondiale est en réalité un régime
qui ferait reculer les progrès obtenus par les mouvements sociaux au cours du
20ème siècle. La France et les autres pays européens verraient affluer les
pesticides tueurs d’abeilles, les 4x4 les plus énergivores, les OGM et les
semences mutantes, le saumon génétiquement modifié et autres curiosités de ce
genre…
Le
TAFTA autoriserait de plus les firmes multinationales à attaquer en
justice des lois ou à exiger des indemnisations si leurs “revenus futurs
anticipés” sont affectés par des décisions démocratiques des états. Paris
et les autres capitales européennes fourmillant de lobbyistes, le futur TAFTA
permettrait ainsi de consolider la mainmise des multinationales sur les
décisions nous affectant au quotidien. La Commission de Bruxelles est
prétendument à l’écoute des consommateurs européens mais 97% d’entre eux ont
récemment répondu dans un sondage officiel qu'ils ne souhaitaient pas que
des tribunaux d’arbitrage privés puissent décider des lois sociales et
environnementales votées par les états.
L’accord
économique et commercial global (AECG), ou Comprehensive Economic and Trade
Agreement (CETA) est un traité établi entre le Canada et l'Union
européenne, dont les négociations avaient été conclues le 18 octobre 2013 et
qui a été signé le 26 septembre 2014 par le gouvernement canadien et le
président du Conseil européen, Herman Van Rompuy accompagné du président de la
Commission européenne, José Manuel Barroso. Ce traité couvre la plupart des
aspects de la relation économique bilatérale, notamment les produits et les
services, l’investissement et les achats gouvernementaux.
Comme
dans le TAFTA, on traite dans le CETA de l’accès aux marchés et des droits de
douane, du commerce des services, des investissements, des marchés publics, de
la compatibilité réglementaire et de la coopération réglementaire, de
l’énergie, de l’arbitrage des conflits entre firmes privées et pouvoirs
publics.
On
trouve dans le CETA, pour chacun de ces domaines, les propositions formulées
par les grandes firmes transnationales et avancées dans le cadre de la
négociation du cycle de Doha de l’OMC. Le CETA comme le TAFTA sont des
initiatives destinées à contourner l’échec du cycle de Doha.
Toutes
les propositions du CETA poursuivent les mêmes objectifs : affaiblir la
puissance publique au profit du secteur privé, affaiblir l’Etat et les
collectivités territoriales face aux firmes privées, affaiblir la défense de
l’intérêt général – santé, éducation, environnement – au profit d’intérêts
particuliers.
A
moins de manquer totalement de cohérence, les reproches adressés au TAFTA
doivent l’être avec la même force à l’égard du CETA. Le gouvernement français,
tout en donnant l’impression de rejeter le TAFTA, devenu trop impopulaire,
soutient avec force le CETA, pas encore assez connu. Grâce au CETA, couplé
à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), on obtient les mêmes
résultats que ceux recherchés par le TAFTA avec, comme premiers bénéficiaires,
les 40.000 firmes américaines qui ont un siège au Canada.
François
Hollande et Manuel Valls peuvent tromper les citoyens un temps, ils ne pourront
pas les tromper éternellement. Et dès lors que la classe politique, dans son écrasante
majorité, a fait du mensonge une méthode de gouvernement, rien d’étonnant
qu’elle fasse aujourd’hui l’objet d’un rejet massif…
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