Marisol
Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé s'est
félicité des derniers chiffres du déficit du régime général de la
Sécurité sociale. Ceux-ci seraient une très grande victoire après 4 années
de réformes structurelles et une nouvelle donne
s'installerait clairement et durablement.
Ce discours est à la fois ahurissant et insupportable pour les assurés sociaux tant il fait l’impasse sur les moyens qui ont été utilisés pour en arriver là, aussi bien dans la branche maladie que les autres branches de la Sécurité sociale...
Ce discours est à la fois ahurissant et insupportable pour les assurés sociaux tant il fait l’impasse sur les moyens qui ont été utilisés pour en arriver là, aussi bien dans la branche maladie que les autres branches de la Sécurité sociale...
" En
2012, j’ai pris cette situation à bras le corps. J’ai assumé. Assumé de dire
que la situation était grave. Assumé de dire qu’il faudrait des efforts. Jamais
par plaisir, mais toujours par responsabilité. Avec une exigence de chaque
instant : moderniser notre protection sociale pour faire progresser les
droits. Les résultats sont là. Depuis 2012, le déficit n’a cessé de
diminuer, année après année. En juin, nous prévoyions un déficit de 5 milliards
d’euros pour 2016. Nous le revoyons encore à la baisse : il devrait se
situer à 3,4 milliards d’euros seulement. En 2017, le régime général de la
sécurité sociale sera à l’équilibre, pour la première fois depuis 2001."
A
travers ce discours officiel de Marisol Touraine et
des commentaires d'une certaine presse qui ne fait pas son
travail d'information, le retour à l'équilibre financier, prévu pour l'année
2017, serait simplement le fruit d'une bonne gestion, occultant le détail
des mesures scélérates qui ont été prises depuis de nombreuses années, aussi
bien par la droite que la gauche au pouvoir.
La France est présentée comme un modèle du genre au niveau des soins médicaux, alors que les assurés sociaux et leurs bénéficiaires subissent, depuis des années, un grignotage continu des différentes prestations de l’Assurance maladie. En cause notamment les nombreux forfaits en tout genre restant à la charge des malades :
La France est présentée comme un modèle du genre au niveau des soins médicaux, alors que les assurés sociaux et leurs bénéficiaires subissent, depuis des années, un grignotage continu des différentes prestations de l’Assurance maladie. En cause notamment les nombreux forfaits en tout genre restant à la charge des malades :
- forfait d'1 € sur les actes médicaux, relevé à 4 €, lorsque plusieurs actes ou consultations sont effectués par un même professionnel de santé au cours d'une même journée,
- forfait de 18 € sur les actes dont le tarif est égal ou supérieur à 120 €,
- sans oublier le ticket modérateur qui reste à la charge de l’assuré s’il n’a pas les moyens financiers de s’offrir une mutuelle,
Cette
érosion du remboursement des diverses prestations s’est encore aggravée avec
l’augmentation considérable des prix de certains actes
paramédicaux :
- Les prothèses auditives peuvent atteindre jusqu’à 3 000 euros, alors que leur fabrication en Chine revient à environ 50 euros. Sur les 6 millions de Français malentendants, la moitié d’entre eux seulement sont équipés d’un appareil auditif. Sur dix patients pour qui c’est une vraie nécessité de s’équiper, trois au maximum prennent rendez-vous avec un audioprothésiste. Ce sous-équipement est dramatique car les troubles de l’audition accélèrent la sénilité. Une étude récente, baptisée Acoudem et réalisée par des médecins spécialistes, a même prouvé que l’équipement en prothèses auditives était un facteur ralentissant l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
- Les prothèses dentaires dont les prix peuvent être fixés par les chirurgiens-dentistes eux-mêmes et varier fortement d'une région à une autre. Une couronne céramo-métallique peut aller de 400 euros à Toulouse à 850 euros à Paris et même dans certains cas atteindre 1 000 euros facturés au patient. Autre problème, la Sécurité sociale ne rembourse qu'une petite partie de la somme finale et dans le cas d’une couronne, seuls 75 euros sont remboursés.
- Les lunettes mal prises en charge par la Sécurité sociale, s'avèrent particulièrement coûteuses. La monture est remboursée à 60 % sur la base de 2,84 € : soit 1,70 € ! Tout comme les verres sur la base de tarifs variables qui s’échelonnent de 2,29 € à 24,54 €, selon le degré de correction. Le prix de vente moyen d'une paire est deux fois plus élevé en France que dans les pays voisins. D'après plusieurs associations de consommateurs, le prix moyen d'une paire de lunettes (monture + verres) était en 2013 de 470 euros. Et une grande part revient à l'opticien : il capte en effet 275 euros, ce qui représente une marge brute de 70% !
- Les prix de séjour dans les maisons de retraite ne sont plus à la portée de la majorité des retraités. Alors que le montant de la retraite moyenne des Français était de 1 306 euros en 2015, le prix moyen mensuel dans une maison de retraite était de 2 574 € pour la même année !
Résultat de
tous ces problèmes : de plus en plus de personnes ne se soignent plus ou
ne sont plus pris en charge comme il conviendrait de le faire dans une société
solidaire…
La mort de l’hôpital public
Avec
l'accélération des suppressions d'emplois dans les hôpitaux publics et les
avantages croissants accordés aux cliniques privées, le service public
hospitalier est à l'agonie. Pour le budget des hôpitaux jusqu'en 2017, trois
milliards d'euros d'économies sont prévues, dont 860 millions issus de la
maîtrise de la masse salariale, ce qui doit se traduire par la suppression
de 22 000 postes, soit 2% des effectifs. Le ministère de la Santé ne
communique pas vraiment sur le sujet, évoquant non pas une réduction des
dépenses mais une évolution maîtrisée de l'augmentation des dépenses.
Trois milliards sur trois ans, ce n'est pas rien. Dans le détail, 1,2 milliard d'euros doit être économisé grâce à une mutualisation des achats des hôpitaux et une obtention de meilleurs tarifs auprès des fournisseurs. Une baisse de prix des médicaments doit par ailleurs permettre de dégager 350 millions d'euros, alors que des rapprochements entre hôpitaux voisins doivent permettre d'économiser 450 millions d'euros.
On trouve aussi dans le document interne du ministère de la Santé qui détaille cette évolution maîtrisée le développement de la chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire sans nuit passée à l'hôpital, pour une économie de 400 millions ou la réduction des durées d'hospitalisation pour 600 millions d'euros.
Mais
le sujet vraiment explosif, c'est bien cette fameuse maîtrise de la masse
salariale qui ne se fera pas par des licenciements mais par des
non-remplacements de départs à la retraite. N'oublions pourtant pas qu'au
passage, des vacataires intérimaires pourront, eux, se voir remerciés...
Dernier
épisode en date, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la
Santé, a décidé en mars 2016 de retirer des hôpitaux des traitements
anticancéreux, pour la plupart innovants, qui considérés comme trop onéreux.
C’est tout une partie de la population qui n’aura donc plus accès à une
vingtaine de médicaments anticancéreux, mais également à des traitements
anti-rejet pour les greffes du rein par exemple, car rayés de la liste des
médicaments remboursés aux hôpitaux par la Sécurité sociale. Conséquence
directe, ces soins ne seront accessibles que dans certains établissements à
condition d’y mettre le prix.
Cette
décision n’est qu’une illustration supplémentaire de la dégradation actuelle du
système de santé et témoigne de la mise en place d’une sous-couverture santé
généralisée, d’une médecine low-cost et de faible qualité accentuant davantage
l’apparition d’une médecine à deux vitesses, plutôt que son endiguement
supposé :
- Quand l’Etat décide de ponctionner les hôpitaux réalisant des bénéfices, sans savoir si ces bénéfices résultaient d’une bonne gestion ou ces bénéfices étaient réinvestis intelligemment,
- Quand il existe une terrible surcharge de travail sur les personnels soignants au sein des établissements, due à des contraintes budgétaires bien trop présentes, alors que la santé ne peut être considérée qu’avec des chiffres comptables,
- Quand la France détient le record d’Europe pour la part du secteur privé lucratif dans l’activité hospitalière : 34 % contre 25 % en Allemagne et en Italie et même 0% en Belgique et aux Pays-Bas où le privé lucratif est interdit,
- Quand dans 70 villes françaises déjà, le secteur privé est en situation de monopole sur certaines spécialités de chirurgie, ce qui oblige les patients à subir des dépassements d’honoraires non remboursés (66 % des dépassements pratiqués en cliniques ne sont pas couverts par les mutuelles),
Alors,
le refus d'appliquer la directive européenne services, qui prône la concurrence
en matière de santé s’impose mais ni François Hollande, ni Manuel Valls, ni
Marisol Touraine ne veulent mener ce combat.
Et
dans les autres branches de Sécurité sociale, la situation est identique.
De réforme en réforme, de loi de finance en loi de finance, les bénéficiaires
d'allocations familiales, de pensions de vieillesse ou d'invalidité
voient leurs prestations régulièrement grignotées. C’est même la
première fois qu’un gouvernement de la République bloque le montant des
allocations familiales et des pensions en les désindexant
complètement par rapport au taux annuel d’inflation...
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