20 novembre 2017

COP 23 : les négociations entre pays tournent à nouveau à la mascarade !

Il traduit une augmentation de chaleur retenue à la surface terrestre
A l'heure où le climat de la planète est en train de changer, on attendait des dernières COP qu’elles prennent enfin des décisions courageuses et visionnaires. 

Mais face à l’État d’urgence climatique, la COP 2017, à l'image de celles de 2016 et 2015, continue de proposer un bricolage constitué de la somme des égoïsmes nationaux, aussi bien en matière de financements que d’objectifs de réduction des émissions…


La Conférence des parties 23 (COP 23) s’est tenue du 6 au 17 novembre 2017 sous la présidence des îles Fidji mais faute d’infrastructures et de moyens suffisants, elle s’est déroulée en Allemagne, à Bonn, siège du secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Mal commencé, elle a mal fini car les négociations se sont achevées, une nouvelle fois, sur de beaux discours et de belles promesses de faire plus et mieux. 

Pourtant, ces dernières semaines, des rapports et des études scientifiques ont confirmé que les émissions de CO2 en 2017 ont augmenté pour la première fois en trois ans. On assiste à des records de chaleur jamais enregistrés dans certains pays et les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient, faisant des milliers de déplacés ou de victimes. 

Un an auparavant en 2016, lors de la COP 22 à Marrakech, " la plupart des pays développés sont arrivés les mains vides, sans annonces concrètes ni financements ", déplorait Lucile Dufour, responsable des politiques internationales du Réseau Action Climat (RAC). Qui regrette également que les gouvernements s’en remettent aux acteurs non-étatiques, entreprises, collectivités et société civile. 

C’est, entre autres, ce dernier sujet qui a fait traîner les discussions retardant la clôture de la COP 22. Evoquant une  « nouvelle ère terrifiante à cause du changement climatique », le Premier ministre des Fidji, Frank Bainimarama, critiquait l’insuffisance de financements consacrés à l’adaptation, « véritable déséquilibre et injustice flagrante ». 

Les inconsistances de la COP 21 demeurent 


L’accord de Paris intervenu à la fin de la COP 21, qui s’est tenue, du 30 novembre 2015 au 12 décembre 2015 au Bourget en France, a été présenté comme un succès par de nombreuses personnalités politiques dont François Hollande ou Laurent Fabius mais il a sapé en réalité les droits des communautés les plus vulnérables de la planète. 

Les pays signataires, avec le soutien de l’UE et des autres pays riches, ont veillé à ce que les parties les plus importantes du traité soient édulcorées au point d’en devenir absurdes. Car il ne faut pas oublier l’essentiel : l'accord de Paris a entériné un réchauffement climatique supérieur à 3°C, sans se doter des dispositifs pour revenir à une trajectoire inférieure à 1,5°C ou même 2°C.


Aujourd’hui à Bonn, comme hier à Marrakech ou Paris, aucune date n’est mentionnée pour le pic des émissions et l’objectif de long terme attendu pour 2050 ne concerne que la seconde partie du siècle. Cela ouvre de fait la porte à l’utilisation massive de techniques inappropriées telles que le stockage et la séquestration du carbone, la compensation carbone et la géo ingénierie.


La Chine et l’Inde notamment pourront augmenter leurs émissions de carbone sans aucune contrainte jusqu’en 2030. Or, le développement industriel rapide de la Chine provoque une augmentation de la pollution atmosphérique, en particulier dans les grandes agglomérations du pays. 29 villes chinoises, rassemblant 90 millions de citadins, ont ainsi connu plus d'un mois d'alerte à la pollution (seuil d'alerte déclenché à partir de 150 microgrammes par mètre cube d'air de particules fines). 


L'Inde est quant à elle la troisième puissance économique d'Asie et pourtant la plus polluée, passant devant la Chine. Dans son livre Bombay Maximum City publié, le journaliste Suketu Mehta explique que " respirer l'air de Bombay aujourd'hui équivaut à fumer deux paquets et demi de cigarettes ". 


Aucun mécanisme de sanction n’est mis en œuvre pour sanctionner les États qui ne mèneraient pas à bien leurs engagements ou qui refuseraient de revoir à la hausse leur ambition. Alors que les accords de libéralisation du commerce et de l’investissement sanctionnent les pays lorsqu’ils ne respectent pas les règles établies, il n’y a encore rien en termes de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.


En matière de financement, il y a un manque total de transparence et de prévisibilité des financements pour l’après 2020. De nombreuses contributions des États, notamment des pays les plus démunis, dépendent en effet de financements additionnels pour mener à bien leur transition énergétique et politique d’adaptation. Or, ces financements ne sont pas là et ne sont pas garantis pour le futur. De plus, les secteurs de l’aviation civile et du transport maritime qui représentent près de 10 % des émissions mondiales continuent d’être exemptés de tout objectif.


Quant au retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, il est regrettable mais ne change en rien les bricolages réalisés et constitués d’abord de la somme des égoïsmes nationaux, aussi bien en matière de financements que d’objectifs de réduction des émissions. 


Aujourd'hui, les gouvernements doivent s’attaquer aux causes réelles des dérèglements climatiques : soutenir les énergies renouvelables, accompagner les changements de modèle agricole et de consommation pour des comportements plus vertueux et respectueux de la planète, protéger les forêts qui sont de véritables puits de carbone, etc. Mais l'impuissance de nos gouvernants continuera tant que l’avidité des multinationales, les énergies fossiles et l’obsession de la croissance seront considérées comme des données intouchables...



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