10 novembre 2019

En finir avec tous les tueurs d’abeilles en Europe !

Butineuses
En janvier dernier, un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments établissait que le thiaclopride, une molécule commercialisée par Bayer-Monsanto, était probablement un perturbateur endocrinien et un tueur d’abeilles en Europe.

Devant la pression des citoyens européens et de plusieurs ONG, les représentants des États membres de l’Union européenne ont fini par voter l’interdiction de ce néonicotinoïde... 


Le 22 octobre dernier, un comité de représentants des États membres de l’UE a décidé d’interdire le thiaclopride, suspecté de s'attaquer à la thyroïde, aux ovaires et à l’utérus chez les personnes et agissant sur le système nerveux central chez les insectes, notamment les abeilles, et au moins aussi toxique que les trois premiers néonicotinoïdes qui avaient déjà été interdits par l'UE en 2018 (l’imidaclopride, la clothianidine et le thiaméthoxame). L'autorisation de mise sur le marché du thiaclopride ne sera donc pas  renouvelée en avril 2020. 

C’est un succès pour les citoyens européens et les ONG de défense des abeilles et de la nature face à l’agrochimie et sa mainmise sur les institutions européennes pour commercialiser en toute impunité des substances néfastes pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages en Europe.

Au sein de l’autorité sanitaire européenne (AESA, en anglais European Food Safety Authority, EFSA) qui décide de la mise sur le marché de nouveaux pesticides en Europe, 7 représentants d’ONG y siègent, contre 38 représentants de l’agrochimie. Malgré cette sous-représentation des ONG, un réseau solide a néanmoins été établi qui permet de surveiller les manœuvres des lobbys à Bruxelles et déjouer leurs attaques contre les abeilles et l’environnement, en informant et mobilisant instantanément les citoyens.

Heureusement, certains journaux relaient les informations des ONG (Le Monde, l’Obs, La Vie…) et des scientifiques indépendants pour faire finalement le travail que les autorités sanitaires ne font pas pour évaluer l’impact réel des insecticides et fongicides sur les pollinisateurs.

Une aide est ainsi apportée aux apiculteurs soucieux de défendre l’abeille locale et aux projets de terrain qui permettent de restaurer un habitat favorable aux pollinisateurs pour les préserver des intrants chimiques qui les déciment. D'après l'INRA, on pourrait réduire rapidement la consommation de pesticides en France de 30 à 40 % - sans aucune perte de revenus pour les agriculteurs - en revenant simplement à un système de rotation des cultures qui permettrait de combattre efficacement les parasites en réduisant durablement l'usage des traitements chimiques.

Il reste donc encore beaucoup de chemin à parcourir pour protéger durablement les abeilles et l’ensemble des pollinisateurs dont dépend l’alimentation de toute la population. 

« Petit à petit, les néonicotinoïdes sont interdits en Europe. C’est une bonne chose mais le système qui a permis à ces tueurs d’être mis sur le marché est toujours en place, réagit Nicolas Laarman, délégué général de l’ONG POLLINIS dont la pétition historique pour l’interdiction de ces substances a recueilli plus de 1,3 million de signatures. Notre système d’homologation est obsolète, incomplet et miné par les conflits d’intérêts : des tueurs d’abeilles, des substances nocives pour l’ensemble du vivant, continuent d’être autorisées et renouvelées. »

Il faut maintenant obtenir une refonte totale des protocoles obsolètes de tests de toxicité menés avant la mise sur le marché de nouveaux pesticides, qui sont actuellement ceux que l’agrochimie avait élaborés pour elle-même il y a 20 ans et qui permettent la commercialisation et l’utilisation à grande échelle des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles et des centaines de fongicides comme les SDHI (en anglais succinate dehydrogenase inhibitor), qui sont actuellement en circulation malgré leurs effets délétères sur les abeilles et parfois même la santé humaine...

POLLINIS, Association Loi 1901
10, rue Saint Marc 75002 Paris
---> www.pollinis.org

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1 commentaire:

Louise a dit…

" Si l'abeille disparaissait du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre. " (Albert Einstein)