07 janvier 2020

Il y a cinq ans Charlie payait au prix fort le droit de critiquer les religions

Dessiner tue
Le  7 janvier 2015, deux hommes vêtus de noir, lourdement armés, entraient dans les locaux du journal Charlie Hebdo à Paris pour se rendre ensuite dans la salle de rédaction et tuaient douze personnes, en blessant grièvement quatre autres.

Le dessinateur Charb était la cible principale de cet attentat qui n’a pas seulement causé la mort de plusieurs personnes mais qui visait aussi la liberté d’expression, la démocratie et la cohésion de notre société... 



Parmi les victimes se trouvaient les dessinateurs Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski, l'économiste Bernard Maris, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa Cayat, Michel Renaud, invité de la rédaction, le correcteur Mustapha Ourad, deux policiers Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro chargé de la protection de Charb ainsi qu'un agent de maintenance Frédéric Boisseau.

A l’époque de la parution des caricatures de Mahomet, très peu de monde avait apporté son soutien à Charlie Hebdo qui s’était retrouvé alors isolé sur la scène nationale. Le vrai soutien à Charlie, pour la presse en particulier, aurait consisté à publier aussi les caricatures dès lors que le journal était menacé pour les avoir imprimées. 

Il ne faut pas oublier que le journal avait été poursuivi par la Grande Mosquée de Paris, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et la ligue islamique mondiale pour la publication de deux caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten ainsi que pour la Une dessinée par Cabu représentant « Mahomet débordé par les intégristes » déclarant que « c'est dur d'être aimé par des cons ». 

Au vu du déroulement précis de l’attentat, on déplorait aussi l’absence de la présence permanente des forces de police pour surveiller les nouveaux locaux du journal. Une suppression, sans doute pour des économies de bouts de chandelle, d’autant plus étonnante que les anciens bureaux de Charlie avaient déjà été, dans la nuit du 1er au 2 novembre 2011, la cible d’un incendie criminel provoqué par un cocktail molotov. L'Etat est nettement moins regardant quand il s'agit d'autres dépenses de sécurité, comme celles par exemple des anciens présidents de la République... 

Malgré ce drame, le journal a continué car l’arrêter aurait été une façon de donner raison aux extrémistes en abandonnant nos valeurs pour adopter une vision du monde où la religion et l’intolérance font figure de loi. 

Et aujourd’hui, il convient toujours de se mobiliser avec détermination contre le terrorisme car d’autres drames atroces se sont déroulés depuis, parmi les plus meurtriers perpétrés en France depuis la Seconde Guerre mondiale :
  • Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, revendiqués par l'organisation terroriste État islamique (Daech), sont une série de fusillades et d'attaques-suicides perpétrées dans la soirée par trois commandos distincts. L'attaque la plus longue et la plus meurtrière a lieu dans la salle de spectacle du Bataclan où trois djihadistes ouvrent le feu sur le public, faisant 130 morts et 413 blessés hospitalisés, dont 99 en situation d’urgence absolue. 
  • L'attentat du 14 juillet 2016 à Nice sur la promenade des Anglais où un feu d'artifice se déroule à partir de 22 h et réunit près de 30 000 personnes. Vers 22 h 30, un poids-lourd de 19 tonnes s'engage sur la promenade feux de circulation éteints, provoquant la mort de 86 personnes et faisant 458 blessés. L'attentat est revendiqué par l'organisation terroriste État islamique. 
  • L'attaque du 1er octobre 2017 par arme blanche à la gare Saint-Charles de Marseille. Un homme égorge et tue deux femmes avec un couteau sur le parvis de la gare. L'attaque est revendiquée par l'Etat islamique.
  • L'attaque du dans la soirée, à proximité du marché de Noël de Strasbourg. Un homme déambule dans les rues du centre-ville, tue cinq passants et en blesse une dizaine d'autres. L'assaillant, un Franco-Algérien de 29 ans, est abattu le 13 décembre par la police. L'attaque est revendiquée par l'État islamique.
  • L'attentat à la préfecture de police de Paris le policiers sont tués dans une agression au couteau de cuisine par un individu qui y travaillait et qui était converti à l'islam depuis 2008.
Il convient également d'affecter les moyens budgétaires nécessaires à la sécurité des personnes menacées directement de mort ou de fatwa et d'adapter de façon radicalement nouvelle notre arsenal législatif et juridique.

Il faut enfin sortir d'un certain angélisme en prenant à bras le corps les problèmes posés par le développement de l’intégrisme religieux, de ne plus accuser d'islamophobie ou de racisme ceux qui défendent la laïcité, de montrer que les règles d'une religion ne s'imposent qu'aux adeptes de cette religion...



Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski, Mustapha, Bernard, Elsa, vous nous manquerez toujours ! 


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1 commentaire:

Jean-Marc a dit…

Parmi les morts il y avait aussi Bernard Maris, un économiste que j’appréciais

énormément.

Hommage.