16 septembre 2020

L'Algérie doit libérer Khaled Drareni !

Symbole de la liberté de la presse en Algérie
Le journaliste Khaled Drareni a été condamné en appel à deux ans de prison ferme à Alger. Une peine légèrement inférieure à sa condamnation initiale, mais qui maintient le journaliste en prison.

A la suite de cette condamnation, Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision d’une justice aux ordres qui contribue à dégrader l’image de l’Algérie qui figure à la 146ème place sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans frontières… 

 

Qui est Khaled Drareni, le symbole de la liberté de la presse en Algérie?

Khaled Drareni, 40 ans, commence sa carrière de journaliste en 2004, en travaillant pour la presse écrite (La Tribune, Algérie News) avant de se tourner vers la radio (Radio Algérie Internationale, la Chaîne 3 de Radio Alger) puis la télévision.

En 2012, il anime l’émission de débat politique Dzaïr TV, “Controverse”, et déclenche une vive polémique alors qu’en l’interrogeant il s’étonne que le Premier ministre de l’époque compare la candidature du président Bouteflika à un “don de dieu”.

Khaled Drareni devient ensuite rédacteur en chef et présentateur vedette du “19 Info”, le premier journal télévisé en français de la chaîne Echourouk. 

Le 1er novembre 2017, il fonde le site d'information Casbah Tribune.

Depuis 2016, le journaliste travaille également comme correspondant en Algérie pour TV5 Monde et depuis 2017 pour RSF.

Pour Casbah Tribune et TV5 Monde, il est appelé à couvrir le mouvement de contestation du Hirak qui commence le 22 février 2019 à Alger. 

Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire dénonce l’entêtement aveugle des juges algériens. Le maintien en détention de Khaled est la preuve d’un enfermement du régime dans une logique de répression absurde, injuste et violente. En dissuadant la couverture journalistique du Hirak, une justice algérienne aux ordres croit à tort qu’il est possible de mettre un mouvement populaire dans une cocotte-minute et de fermer le couvercle. C’est une stratégie vaine, explosive, qui sape la légitimité de ceux qui la mettent en œuvre.

Cette décision aura des conséquences non négligeables sur l'image de l'Algérie, estime également RSF : "La répétition de décisions iniques renforce le statut de symbole de ce journaliste indépendant. Khaled était un poil à gratter ? Il est désormais une épine dans le pied du régime” a écrit Christophe Deloire sur son compte twitter.

Le 10 août dernier, le directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune, et correspondant de TV5 Monde et RSF en Algérie avait été condamné en première instance à trois ans de prison de ferme et 50 000 dinars algériens d’amende (environ 330 €) pour “incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale”. Lors du procès en appel, qui s’est tenu le 8 septembre dernier à Alger, le procureur avait requis la même peine qu’en première instance, à savoir quatre ans de prison ferme.

La justice algérienne a condamné Khaled Drareni pour “atteinte à l'intégrité du territoire national” sur la base de deux publications sur les réseaux sociaux. Il lui est notamment reproché d’avoir publié le message suivant : “Ce système se renouvelle sans cesse et refuse le changement, lorsque nous appelons à la liberté de la Presse, on nous répond par la corruption et l’argent, l’argent n’achète pas tout. Vive la liberté de la Presse”.

Il a aussi été reproché au journaliste d’avoir relayé sur sa page Facebook, deux communiqués appelant à la grève générale et au boycott des élections. Khaled Drareni a toujours affirmé n’avoir fait que relayer des  informations.

Il était aussi poursuivi pour n’avoir “aucun document officiel délivré par les autorités compétentes pouvant prouver sa qualité de journaliste” et  d’avoir “perçu une rémunération pour des services fournis à un média étranger, TV5, sans présenter de preuve de son accréditation légale en tant que correspondant”. Le journaliste et sa défense ont fait valoir qu’il n’avait eu jamais eu auparavant besoin de telles accréditations.

Khaled Drareni est incarcéré depuis le 29 mars au centre pénitentiaire de Koléa, près d’Alger dans des conditions difficiles...

 

Craignant une dégradation de l’état de santé du journaliste Khaled Drareni qui est apparu très affaibli à son procès en appel, ses comités de soutien - national et international - lancent un appel commun pour exiger sa libération immédiate et inconditionnelle.

Les comités de soutien de Khaled Drareni, algérien et international, appellent conjointement les autorités algériennes à revenir à la raison, au droit et à libérer immédiatement et sans conditions Khaled Drareni, dont l’état de santé devient particulièrement préoccupant. Si l’acquittement du directeur de Casbah Tribune s’impose depuis le premier jour, tant les accusations qui pèsent contre lui sont absurdes, et son dossier vide, il devient urgent de mettre fin au harcèlement judiciaire dont il est la cible, car la procédure inique engagée contre lui met en danger sa santé.

Lors de son procès en appel qui s’est déroulé le 8 septembre à Alger, le directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune, et correspondant de TV5 Monde et RSF en Algérie est apparu très amaigri, mais aussi très affaibli. 

Le comité national de soutien à Khaled Drareni a été créé au lendemain de la condamnation du journaliste à trois ans de prison, le 12 août. Il est composé d’avocats, de journalistes, d’associations et de citoyens. Ce comité organise des rassemblements tous les lundis devant la maison de la presse à Alger qui réunissent  à chaque fois des dizaines de journalistes. Le comité de soutien international, créé le 23 juillet, et dont est notamment membre Pierre Audin, fils de Maurice Audin, héros de l’indépendance algérienne, a lancé la campagne de sensibilisation #WeAreKhaled.

 

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