Une défense du projet de restructuration d’EDF au Parlement, une mobilisation syndicale qui ne faiblit pas : le face-à-face autour du projet « Hercule » se poursuit.
Ce projet s’inscrit dans une logique strictement financière avec l’ouverture à des capitaux privés extérieurs déjà à l’œuvre depuis 25 ans…
C’est en avril 2019 que les dirigeants du groupe EDF annoncent le lancement du projet Hercule, prévu pour début 2022. Cette réforme d’EDF s’inscrit dans le cadre d’une négociation menée à Bruxelles par le gouvernement français. L’objectif est d’obtenir la renégociation du mécanisme qui oblige EDF à vendre à ses concurrents à prix fixe une part de l’électricité produite par ses centrales nucléaires. Avec cette initiative, le fournisseur historique d’électricité souhaite diviser son activité en trois entreprises séparées :
- Un EDF “Bleu”,
contrôlé entièrement par l’Etat, gérant le Réseau de Transport de l’Electricité
(RTE) ainsi que toutes les activités nucléaires françaises.
- Un EDF “Vert”,
contrôlé également par l’Etat mais cette fois-ci ouvert aux investisseurs
privés. Cet EDF Vert est la réunion des activités issues des énergies
renouvelables, du distributeur Enedis et des opérations commerciales du groupe.
- Enfin,
une troisième filiale EDF “Azur” pourrait voir le jour, afin de traiter de la
gestion des administrations hydrauliques en France (barrages, etc.).
L'opposition au projet
Si ce
projet fait l'unanimité au sein de la direction de l’entreprise d’énergie, ce
n’est pas le cas des salariés (plus de 154 000 en 2017) et des syndicats
d’EDF.
Ceux-ci
voient cette opération de réorganisation comme
une privatisation d’EDF et des bénéfices du groupe, qui mènerait à
l’avenir à un démantèlement de l’entreprise historique
française.
Ce
projet peut aussi être nuisible aux clients d’EDF en France,
expliquent les syndicats. En effet, la revente de la totalité de l’électricité
produite par EDF à des fournisseurs d’énergies privés pourra augmenter le
coût de l’électricité de manière considérable.
Les employés
d’EDF ont manifesté plusieurs fois leurs inquiétudes en organisant des
mouvements de grève. Il aura fallu cinq jours de grèves depuis septembre
2020 et plusieurs réunions à Bercy, pour que les syndicats obtiennent enfin une
note écrite présentant le projet Hercule de réorganisation du groupe.
Mais sa
lecture n’a fait qu’attiser l’opposition au projet. Dans un communiqué commun,
la CGT, FO, CFE-CGC et la CFDT réunis en interfédérale se déclarent même «
sidérés par l’inconsistance du projet
gouvernemental suspendu à un accord incertain avec la Commission européenne !
»
Quelles contre-propositions ?
Le gaz
et l’électricité devraient être définis comme biens communs stratégiques
d’intérêt général, au sens de la constitution française. Les filières
nationales industrielles gaz et électricité devraient devenir des Établissements
Publics à caractère Industriel et Commercial (EPIC) intégrés, ou des Sociétés
Coopératives d’Intérêt Collectif, sous contrôle décisif des usagers et de ses
agents.
Le
service public de l’énergie nécessite d’autre part une discussion permanente
entre les élus, les entreprises, les salariés et les usagers et la
création de nouveaux droits et d’espaces d’interventions des
associations et des citoyens dans la sphère publique et les territoires.
Un
nouveau projet devrait répondre aux besoins d’investissements de l’indispensable transition énergétique et écologique :
- assurer notre indépendance énergétique,
- consolider et développer un modèle énergétique pilotable et respectueux de l’environnement,
- diversifier nos sources d’énergie en investissant dans la recherche et le déploiement d’énergies renouvelables,
- répondre aux enjeux du changement climatique,
- répondre aux attentes légitimes des personnels du secteur de l’énergie en matière de conditions de travail et d’exigence de qualité du service rendu aux usagers.
La
précarité énergétique devrait disparaître dans notre pays, via une diminution
de la TVA à 5,5%, qui représenterait une baisse pour chaque usager d’environ
100 €/an, par une tarification progressive ou par l’interdiction pure et simple
des coupures et des baisses de puissances pour facture impayée.
Mais le gouvernement et la Commission européenne semblent prêts à se mettre d’accord, au prix de quelques aménagements à la marge, pour le projet Hercule.
Les conséquences pour les usagers risquent d’être catastrophiques avec la suppression de l’égalité d’accès aux mêmes tarifs dans tout le pays. Les tarifs de l’électricité vont encore augmenter, et la précarité énergétique, qui touche déjà 5,5 millions de ménages, va exploser. Le projet Hercule, c’est aussi l’aggravation du changement climatique, car la logique financière et des profits est contraire à la préservation des biens communs de l’Humanité…
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