215
972 auditeurs ont signé la pétition de soutien à "Là-bas si j'y
suis", l'émission de radio de Daniel Mermet sur France Inter.
Au-delà
de la défense de cette émission, c'est le signe d'une attente exigeante et d'un
profond attachement à cette station de radio. C'est un contre-feu à la reprise
en main et à la montée de l'insignifiance.
C'est
une réaction de fond qui exige un vrai débat sur le contrôle des médias
publics, sur le pluralisme de l'information, alors que le paysage médiatique
est frappé d'alignement au seuil d'une année électorale.
La
planche était bien savonnée, les peaux de bananes bien disposées, mais «Là-bas»
continue !
Parce
que 215 972 personnes ont répondu à l’appel du 18 juin «Sauvons Là-Bas... !».
Parce
que cette pétition en ligne a reçu 10 000 signatures par jour pendant 20 jours,
entre le 16 juin et le 09 juillet 2006, sans compter des milliers de soutiens
par courrier.
Parce
que l’équipe de Là-bas est plus remontée que jamais et parce qu’il y a déjà pas
mal de monde à l’ANPE.
Parce
qu’il se passe des choses encore plus importantes dans le monde.
Parce
que c’est une année à ne pas aller à la pêche à la ligne…
Refusant
tout dialogue et toute proposition, la nouvelle direction de France Inter a
imposé le déplacement de LBSJS de 17 heures à 15 heures, ce qui revient à
amputer cette émission de plus de la moitié de ses auditeurs, la tranche de15
heures étant traditionnellement beaucoup moins écoutée, quelle que soit la
radio considérée.
Là-Bas
n’est pas une émission neutre et cette relégation n’est pas neutre surtout au
seuil d’une importante échéance électorale. La nouvelle direction de France
Inter est offusquée par une telle calomnie. Innocente comme l’agneau qui naît,
elle n’a pas l’ombre du début de la moindre arrière-pensée de nature politique
ou idéologique. Des élections ? Quelles élections ? Des pressions ? Quelles
pressions ? La seule et unique mission des nouveaux maîtres est de redresser
les chiffres d’audience, jurent-ils.
Soit.
Mais alors pourquoi est-il si urgent de reléguer une équipe qui gagne ?
Jusque-là,
les explications médiatiquement de la direction n’ont pas entièrement convaincu
les professionnels de la radio, ni les observateurs des médias qui, du Nouvel
Observateur au Canard enchaîné, du Monde Diplomatique à Marianne dénoncent
normalisation, climat de reprise en main et atteinte au pluralisme. (Voir
extraits de presse sur le site www.la-bas.org).
Pas
dupes non plus les 215 972 auditeurs qui ont signé la pétition. Jamais une
telle mobilisation n’aurait pu être imaginée, surtout dans une période de coupe
du monde de football.
Mais,
face à cette réaction de fond, la direction, droite dans ses bottes, a pris la
responsabilité de ne pas entendre ces auditeurs intempestifs. Ce mépris ne
manque pas de surprendre au moment où cette même direction affirme n’avoir
aucune autre mission sur cette terre que la reconquête des auditeurs perdus.
Pourtant
il s’agit tout simplement d’auditeurs vigilants et actifs qui sont la fierté de
ceux qui chaque jour font France Inter, des citoyens et non pas des clients.
A
travers ces réactions s’exprime la crise de confiance qui s’est développée
entre France Inter et ses auditeurs, suite notamment au flagrant manque
d’équité dans le traitement de la campagne pour le référendum de mai 2005.
Depuis un an, 600 000 auditeurs ont quitté la tranche 7-9.
Plus
généralement, dans un paysage médiatique de plus en plus contrôlé par les
puissances d’argent, ils attendent que la radio publique affirme son
indépendance envers tout pouvoir, économique, politique ou médiatique, en
faisant entendre sa différence et non pas sa ressemblance.
Prendre
le chiffre d’audience pour seul but c’est aligner France inter sur le système
commercial des radios privées et c’est préparer sa privatisation. La dérive
n’est pas nouvelle, voilà des années que France Inter est une « marque » et nos
émissions des «produits».
Aucun
autre horizon n’est évoqué, aucun projet, aucun souffle à la hauteur d’un tel
Bien public, tout restant confiné dans les eaux glacées des calculs médiatiques
comme si l’audiovisuel public n’était pas par nature, un terrain et un enjeu
politique majeur.
L’exigence
de ces auditeurs n’est ni de gauche ni de droite, elle appelle à une vraie
information et à un vrai débat sur le contrôle des médias publics, sur les
garanties de leur indépendance, notamment dans la campagne électorale qui
s’ouvre.
«
Là-bas si j’y suis » continue sur www.franceinter.fr
Photo Creative Commons
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