05 novembre 2009

Tony, Président de l'UE, Non merci !

Né le 6 mai 1953 à Édimbourg (Écosse)Depuis le résultat positif du référendum irlandais et la signature par le président tchèque, Vaclav Klaus, du traité de Lisbonne, celui-ci est désormais approuvé par tous les États membres de l'Union européenne. 

Dès lors, la décision de nommer les deux plus hauts responsables des nouvelles institutions européennes, le Président et le responsable de la politique étrangère pourrait intervenir rapidement... 


La presse britannique s’est lancée dans une campagne présentant la nomination de Tony Blair à la présidence du Conseil de l’Union Européenne comme inéluctable. Le nom de l'ancien Premier ministre britannique a même été mis en avant par Nicolas Sarkozy, ne serait-ce que pour créer un peu plus d'embarras à gauche…

Le fondateur du « New Labour » a certes bénéficié un temps d'une image de marque moderniste, celle du social-démocrate qui a su réinventer la gauche. Mais qu'en reste-t-il aujourd'hui ? 

A 56 ans, Tony Blair présente l'avantage, pour une Union européenne qui redoute d'être tenue à l'écart du trilogue Etats-Unis/Chine/Russie, d'être connu et charismatique mais il a aussi l’inconvénient d'avoir dirigé un pays très eurosceptique, à l'écart de l'euro ou de la zone Schengen et d'avoir soutenu la guerre en Irak.

Echec au Proche et Moyen-Orient 


Tony Blair pourrait-il faire oublier qu'il a été l'allié servile de l'administration Bush dans toute cette désastreuse expédition, y compris dans sa phase préparatoire de mensonge aux opinions publiques sur la réalité des armes de destruction massives de Saddam Hussein ?
Il en a hérité le surnom de "caniche » de Bush", qui lui colle à la peau dans son propre pays comme dans son propre parti.

On combat également contre toutes les avancées sociales dans l’Union, notamment la Charte des Droits Fondamentaux le disqualifie pour un poste où il serait chargé de définir l’agenda du Conseil et de représenter l’Union Européenne.

Tony Blair occupe une autre fonction (peu connue) : il représente le Quarter des grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) au Proche-Orient. 

Depuis deux ans, c'est comme si ce poste n'avait pas existé. Seule la réception d'un grand hôtel de Jérusalem où Blair et ses collaborateurs occupent des chambres à l'année le savent… 

Le résultat de cette mission est proche de zéro ("le très modeste bilan", titrait récemment Le Monde), même depuis que les Etats-Unis, sous l'égide de Barack Obama, a tenté de relancer le processus de négociation.

Bref, si on ne change pas une équipe qui gagne, on ne promeut pas un leader qui échoue.
Quant aux autres candidats potentiels, ils ne sont guère plus enthousiasmants :
  • Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois, doyen des dirigeants en exercice de l'UE
  • Jean Peter Balkenende, Premier ministre néerlandais, considéré comme un président potentiel de compromis
  • Paavo Tapio Lipponen, ancien chef du gouvernement finlandais, social-démocrate 
  • Mary Robinson, ancienne présidente de la République d'Irlande, souvent citée comme candidate potentielle 
  • Tarja Halonen, présidente finlandaise, 65 ans, sociale-démocrate 
  • Vaira Vike-Freiberga, ancienne présidente lettone, ouvertement candidate de son pays pour le poste  
Finalement, le plus extraordinaire dans ce processus de désignation, c'est la discrétion dans laquelle il s'effectue. Certes, on sait que les institutions de l’UE sont loin d’être démocratiques. 

On n'en est pas encore à élire le président de l'Europe au suffrage universel mais on apprécierait un peu plus de lumière et de transparence dans la désignation de celui qui, au bout du compte, parlera au nom de toute l'Europe avec une autorité inégalée jusqu'ici.



Pétition contre la nomination de Tony Blair comme " Président de l'Union Européenne " 

Nous, citoyens européens de toutes origines et de toutes tendances souhaitons exprimer notre totale opposition à la nomination de Tony Blair à la présidence du Conseil de l'Union Européenne.

Le traité de Lisbonne prévoit la création du poste de président du Conseil de l'Union Européenne élu par le Conseil pour un mandat de deux ans et demi, renouvelable une fois. Selon les termes du traité : « Le président assure la préparation et la continuité des travaux du Conseil européen » et « Le président préside et anime les travaux du Conseil européen ». De même, « le président du Conseil européen assure, à son niveau et en sa qualité, la représentation extérieure de l'Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune ».

Le futur président du Conseil de l'Union Européenne aura donc un rôle essentiel dans la détermination des politiques de l'Union et dans ses relations avec le reste du monde. Cette première présidence aura aussi un poids symbolique majeur aussi bien pour les citoyens de l'Union Européenne que pour l'image de l'Union dans le reste du monde. Dans cette perspective, il nous paraît essentiel que le premier président incarne l'esprit et les valeurs du projet européen.

Depuis quelques temps, des articles de presse font état de l'intention de certains de faire de Tony Blair le premier président du Conseil de l'Union Européenne. Cette nomination, si elle devait advenir, serait en totale contradiction avec les valeurs portées par le projet européen.

En violation du droit international, Tony Blair a engagé son pays dans une guerre en Irak, guerre à laquelle une vaste majorité des citoyens européens étaient opposés. Cette guerre a fait des centaines de milliers de victimes et entraîné le déplacement de millions de réfugiés. Elle a constitué un facteur majeur de la profonde déstabilisation actuelle du Moyen-Orient et fait reculer la sécurité dans le monde. Pour entraîner son pays dans la guerre, Monsieur Blair a utilisé de manière systématique la manipulation de l'information et fait usage de preuves fabriquées. Son rôle dans la guerre en Irak pèserait lourdement sur l'image de l'Union dans le monde s'il advenait qu'il en soit nommé président.

Les mesures que le gouvernement de Tony Blair a prises et sa complicité avec l'administration Bush dans le programme illégal d'enlèvements «extraordinary renditions» ont amené un recul sans précédent des libertés civiles en contradiction avec les termes de la Convention Européenne des Droits de l'Homme qui fait partie intégrante du traité.

La Charte Européenne des Droits Fondamentaux formalise les valeurs fondatrices du projet européen et constitue un des piliers du nouveau traité. Tony Blair en a combattu l'intégration dans le traité de Lisbonne pour finalement obtenir que la Charte ne s'applique pas au Royaume-Uni.


Plutôt que de faire avancer l'intégration européenne, l'ancien premier ministre britannique a imposé un certain nombre de « lignes rouges » au cours des négociations du traité de Lisbonne, avec pour but d'empêcher tout progrès sur les questions sociales et l'harmonisation fiscale ainsi qu'en matière de politique étrangère et de sécurité commune.


Enfin, il nous paraît inenvisageable que le premier président du Conseil de l'Union Européenne soit l'ancien chef d'un gouvernement qui a maintenu son pays en dehors de deux éléments clefs de la construction de l'Europe : la zone Schengen de libre circulation des personnes et la zone Euro.


A l'heure où l'une des priorités des institutions européennes est de renouer avec les citoyens, il nous paraît essentiel que le président du Conseil de l'Union Européenne soit une personnalité en qui une majorité de citoyens puissent se reconnaître, plutôt qu'une personne rejetée par la majorité. C'est pourquoi nous affirmons notre totale opposition à cette nomination.




> Signer la pétition ICI


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3 commentaires:

sauveur a dit…

Tony Blair incarne tout ce que nous ne voulons pas en Europe.

Il s’est opposé à toute avancée sociale en Europe et collaboré avec Bush dans une guerre criminelle.

jean a dit…

Et pourquoi pas Jacques Chirac?

Lui, au moins, à la différence de Sarkozy, il n'est pas coupable de sympathies pro-bushistes!

Hélène a dit…

"On peut prévoir de belles bousculades non seulement entre eux, mais aussi avec le président de la Commission, pour savoir qui parlera au nom de l’UE, et avec quelle marge de manœuvre par rapport aux Etats-Unis d'Amérique...