22 août 2010

Présidentielle 2012 : le scénario catastrophe pour la gauche…

Un séisme électoralUn candidat socialiste (social-libéral), un candidat vert, un candidat communiste, plusieurs candidats trotskystes (trois comme à l’accoutumée…), Jean-Luc Mélenchon et Jean-Pierre Chevènement éventuellement présents, voire Paul Ariès pour les décroissants, voilà une palette possible de candidats de gauche en vue du premier tour de la prochaine élection présidentielle de 2012.

Dans ces conditions, au soir du second tour, dimanche 13 mai 2012, au journal de 20h, Laurence Ferrari risque fort d’annoncer la réélection de Nicolas Sarkozy avec 51, 52 ou 53% des voix, battant ainsi le favori des sondages, DSK.

Petit flash-back sur un scénario catastrophe qui a déjà commencé mais qui peut encore être évité si le directeur du FMI n’est pas le candidat du PS à la prochaine élection présidentielle…




Juin 2010

La règle du jeu des primaires est adoptée au PS. Aubry, Royal et DSK promettent de ne pas se présenter l’un contre l’autre. Fabius est hors course. Valls, Moscovici, Hollande y pensent tous les matins en se coupant. Alors que l’été s’approche, les Français apprennent qu’il va falloir travailler jusqu’à 62 ans. La faute à l’allongement de la durée de vie. Sur l’antenne de France Inter, Jean-Marie Colombani vante les qualités de DSK. En s’élevant contre le « dogme » du départ à la retraite à 60 ans, le directeur du FMI vient de donner un gage de sérieux. Il peut être un excellent candidat du rassemblement. Au XXXVe Congrès du PCF, Pierre Laurent hérite du poste de Secrétaire national.

Septembre 2010

Roselyne Bachelot propose de revendre un stock de vaccins non utilisés pour investir dans la lutte anti-dopage aux côtés du Team Lagardère qui souhaite voir ses poulains (tennismen, nageuses, athlètes, etc.) évoluer dans un « sport propre ». Europe Ecologie dénonce la collusion entre responsables politiques, lobbies pharmaceutiques et chefs d’entreprise. Sans surprise, Eva Joly excelle dans l’exercice d’avocate d’une démocratie propre. Poussée à monter en première ligne par Dany Cohn Bendit, l’ancienne magistrate qui avait failli rejoindre le Modem en 2008, prend de l’assurance. Ses proches ne cessent d’allumer Duflot, trop « politique », trop à gauche.

Mai 2011

Tensions au Front de Gauche. A un an de l’élection, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent se regardent en chiens de faïence. Le premier est convaincu qu’il est le seul à pouvoir rassembler les voix des électeurs communistes et des déçus du PS. Le second entend bien mettre le PCF à la tête d’un attelage en capacité de franchir les 5 %. Pour retrouver un peu du lustre d’antan… Heureusement, en clôture de la fête de LO, Nathalie Arthaud annonce qu’elle sera candidate aux prochaines élections présidentielles.

Août 2011

A Port-Leucate, lors de l’université d’été du NPA, Olivier Besancenot confirme ce dont personne ne doutait : il sera le candidat de son parti aux prochaines élections présidentielles. Le facteur rabâche : « Que Mélenchon, Laurent et les Verts ferment définitivement la porte à tout accord avec le PS et on rediscutera avec eux d’un éventuel accord… Nous, on est pas des sociaux-traîtres, elle est là, la différence ! » Voilà une position qui, en plus d’être claire, promet un débouché politique unitaire et radieux à tous « ceux qui luttent sur le terrain ».

Octobre 2011

Le temps est venu pour la gauche de récolter ce qu’elle a semé depuis des mois : aux deux candidats trotskystes déjà déclarés s’ajoute un troisième, celui du Parti des travailleurs. Le Front de gauche explose. Jean-Luc Mélenchon ira au feu. Alain Duhamel répète sans cesse sur les plateaux télé que « Mélenchon est un tribun amusant mais [qu’] il défend des idées qui étaient déjà vieillottes en 1850 », mais venant d’un collègue qui n’incarne pas exactement le renouveau du monde médiatique, la sentence fait sourire les journalistes. Pour autant, ces derniers n’ont pas oublié les insultes lancées à leur jeune confrère en mars 2010 (« petite cervelle », « ta corporation de merde », etc.) et, du coup, hésitent à poser des questions lors de la conférence de presse organisée pour officialiser la candidature. Pierre Laurent, lui, sera bien le candidat du PCF, avec le chaleureux soutien de la Gauche Unitaire de Christian Picquet. Il dit vouloir porter la voix du peuple et des salariés. Côté écolo, Eva Joly est finalement préférée à Cécile Duflot. Figure susceptible de répondre à un désir de probité, elle peut aussi mener à bien le pari d’un rassemblement au centre. Corine Lepage est de la partie. Dany est comblé. Fini ? Pas sûr. Les décroissants s’apprêtent à désigner un candidat pour porter les attentes de « toute cette partie du peuple de gauche qui ne se reconnaît ni dans le PS ni dans le PC ni dans le PG ni chez LO ni au PT et pas même au NPA. Et qui trouve Europe Ecologie trop timoré mais refuse pour autant de s’abstenir », dixit Paul Ariès. Comme d’habitude, la Fase déplore l’émiettement de l’autre gauche. Après de longs débats, elle décide de ne soutenir aucun candidat : nouvelle grève de campagne pour les militants de la Fase. A la droite de ce petit monde, la machine socialiste a fini par désigner son candidat : ce sera DSK. Au prix de renversements d’alliances dont le PS a le secret, l’ancien patron du FMI s’est adjoint le soutien de Valls, Hollande et Lang. A l’occasion de primaires déchirantes, Royal a annoncé les larmes aux yeux qu’elle se retirait de la vie politique. Ben, merde alors !

Mars 2012

La campagne bat son plein et la France a peur. Des voitures sont brûlées en banlieue et un petit vieux est retrouvé ligoté dans une cave par des ultra-gauchistes qui lui ont extorqué de l’argent pour pouvoir imprimer leurs feuilles de chou anti-Sarko. Alors que parmi les premiers, certains auraient (paraît-il), tenté de rejoindre (il y a longtemps) des bases (secrètes) d’Al Qaeda Maghreb, les seconds connaissent quelqu’un qui aurait lu (en tout cas, au moins l’introduction) L’insurrection qui vient. « Je vous dis pas comment ça craint », semble se retenir de dire Laurence Ferrari, journaliste d’investigation.

Dimanche 29 avril 2012, 20h00

Résultats du 1er tour : NPA : 3,4 % ; PG : 4,9 % ; PCF : 1,8 % ; LO : 1,2 % ; PT : 0,3 % ; Décroissants : 0,16 % ; Europe écologie : 8 % ; PS : 21,2 % ; Modem : 4,84 % ; Villepin : 10,5 % ; FN : 16,9 % ; UMP : 26,8 %.

Dimanche 6 mai 2012 

Débat de l’entre-deux tours, Sarkozy balance : « Monsieur Strauss-Kahn, vous avez été un excellent directeur du FMI pendant cinq ans et ce n’était pas facile, il a fallu gérer la crise mondiale. Vous connaissez les réalités de la mondialisation et vous êtes apprécié du monde de la finance. Allez-vous demain annoncer aux dirigeants internationaux que la France s’apprête à voter des lois pour taxer durement le capital comme l’exige une partie de vos alliés à gauche ? Ou aurez-vous le courage de dire à vos amis français que cela n’est pas possible dans le monde d’aujourd’hui ? ». DSK proteste: " C’est pas mes amis ! "

Dimanche 13 mai 2012, 20h00

Ca y est, la télé le dit alors c’est vrai, Nicolas Sarkozy vient d’être réélu président de la République française. Son visage souriant, figé, s’affiche sur fond bleu. Première estimation de son score : 52,7 % des suffrages exprimés. Son adversaire, Dominique Strauss-Kahn, encaisse 47,3 %. Mais le « fait marquant » de cette élection, c’est le taux d’abstention, inédit sous la Ve République. Seuls 69 % des inscrits sont allés voter. A gauche, gueule en jachère, on dit qu’il faut « entendre le message envoyé par les Français ». DSK souhaite un bon mandat au Président réélu. A droite, on rigole. Dans les salons de Laurence Parisot, on reprend un petit four, on rote du champagne, on manque s’étouffer en écoutant la dernière blague auvergnate sur les nègres de la coloniale. C’est reparti pour cinq ans… 


Merci à notre ami Emmanuel Riondé



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5 commentaires:

charles a dit…

le cauchemar...

Rounga a dit…

C’est encore tôt pour faire un pronostic. Il peut se passer beaucoup de choses en deux ans

yoana a dit…

Faut voir ... Sarko garde ses forces : populisme et démagogie mais DSK peut faire la différence.

Mais la gauche est morte, c’est clair. Pas de vraie opposition.

Par contre, le bilan, il sera pourri, comme tous ses autres précédents bilans. Mais il a appris a jouer avec les stats pour masquer la calamité de son action, avec un cynisme dissimulé a grand peine.

Internet fera peut-être la différence cette fois pour mettre à jour les vrais chiffres.

D’autre part oui, a l’approche des élections il fera en sorte que ses réformes les moins populaires soient oubliées au profit de coup d’éclats.

Le peuple à la mémoire courte, l’émotion du moment risque de l’emporter.

Donc rien n’est joué. Mais il a toujours toutes ses chances.

Guy Liguili a dit…

La seule chose certaine là dedans est que jamais je ne voterai pour DSK (sauf s'il a Hitler en face, ce qui est très improbable, Hitler étant décédé en 1945).

Albert Ricchi a dit…

id pour moi, même au deuxième tour !

N'en déplaise à Gérard Filoche, un Directeur du FMI élu avec le feu vert des Etats-Unis, c'est trop !