
La première décision à prendre, c’est de séparer ce qui relève du crédit, du dépôt, bref du service à l’économie, de ce qui appartient aux opérations de spéculation », déclarait François Hollande fin janvier 2012.
Aujourd'hui,
un projet de loi sur les banques, préparée par le Ministre de l’Economie et des
Finances, Pierre Moscovici, va bien venir en discussion à l’Assemblée nationale
mais l’on se dirige à nouveau vers un semblant de réforme car il n'y aura pas
de véritable séparation mais seulement une filialisation de certaines
activités...
Est-il
normal que l’Etat donne sa garantie à 9.000 traders pour qu’ils continuent à
spéculer sans risque avec des revenus scandaleux alors que 60 millions de
Français se serrent la ceinture ? C’est la question que posait, il y a
quelques jours, un député de gauche lors d’une réunion organisée à l’
l’Assemblée Nationale, à la veille de l’arrivée de la loi bancaire devant les
députés en première lecture.
Est-ce
normal ? Bien sûr que non. Et même Michel Rocard présent à cette réunion
du collectif Roosevelt, affirmait en conclusion : « je suis arrivé à
cette réunion dans une logique d’amendement de la loi mais vu tout ce que nous
ont dit les experts depuis 2 heures, je pense plus que jamais qu’il faut
obtenir une vraie séparation des activités de dépôt et des activités de banque
d’affaires. Tenez bon les gars ! »
Toute
la presse est aussi d'accord pour dire que, sur les questions essentielles que
sont la contre la spéculation, la protection de l’épargne des citoyens et les
finances publiques, le projet gouvernemental est nul.
« La
réforme Volvic, toute en douceur » (La Tribune),
« Les
banques françaises peuvent (presque) souffler » (Les Echos),
« Les
banquiers avouent qu'ils sont épargnés » (Libération),
« Le
projet de réforme fait sourire tout le monde dans les salles de marché »
(Capital),
« C'est
comme si la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat avait été rédigée par
les évêques ! » (Libération),
« Les
banquiers ne s'en cachent pas : cette loi ne les inquiète pas le moins du
monde. » (Le Monde).
Aux
Etats-Unis, quand AIG (American International Group, Inc.), un des leaders
mondiaux de l’assurance et des services financiers, listé sur le NYSE ainsi
qu’aux bourses de Zurich, de Paris et de Tokyo, est tombé à cause d’une de ses
micro-filiales, il a fallu que Barak Obama mette sur la
table 130.000.000.000 de dollars pour éviter un effondrement de toute
l’économie américaine.
En
Angleterre, David Cameron vient d’annoncer qu’il voulait « électrifier
les parois entre les banques de dépôt et les banques d’affaires ».
Que se
passerait-il en France si François Hollande devait faire pareil l’an
prochain parce qu’une des grandes banques françaises sera à deux doigts du
KO ? Les socialistes français peuvent-ils se permettre de voter une réforme
nettement moins ambitieuse que celle que préparent les conservateurs
anglais ?
Appel pour une vraie séparation des
banques d'affaires et des banques de dépôt
« Mon
véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne
présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il
gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance » affirmait François
Hollande dans son Discours du Bourget, le 22 janvier 2012.
Une
loi sur les banques est aujourd’hui en discussion. Hélas, tout laisse craindre
une réforme au rabais, une "retouche cosmétique", une loi qui ne
réglerait aucun problème :
1. L’économie
réelle ne serait toujours pas protégée d’un possible Tsunami sur les marchés
financiers (faut-il rappeler que, en Grande-Bretagne, la dette du secteur
financier atteint 600% du PIB ?).
2. Les
PME auront toujours autant de difficultés à se financer, alors qu’une vraie
séparation obligerait les banques de dépôt à consacrer la totalité de leurs
fonds au financement des PME et de l’artisanat.
3. L’argent
des contribuables continuera à servir d’assurance tout-risque pour quelques
milliers de traders et autres cadres dirigeants.
La loi
en cours de discussion prévoit seulement de filialiser les activités les plus
dangereuses. On sait hélas qu’une telle filialisation ne règle rien : en
2008, le premier assureur mondial, AIG (116.000 salariés et 110 milliards de
chiffre d’affaires) a été coulé par sa micro-filiale de trading à Londres qui,
malgré sa petite taille (0,3 % des effectifs de l’assureur), a accumulé
suffisamment de risques pour faire chuter l’ensemble du groupe ! En
quelques semaines, le gouvernement américain a du apporter plus de 180
milliards pour éviter l’effondrement de l’ensemble du secteur. La chute d’AIG
montre de façon indiscutable que la filialisation n’est pas une solution
efficace.
La
solution permettant de construire le système bancaire le plus solide, tourné vers
l’économie réelle et ne mettant pas en danger l’épargne des contribuables est
simple et éprouvée : c’est la séparation complète des activités de dépôts
et de crédit d’une part et des activités d’investissement spéculatives d’autre
part.
C’est
comme cela qu’a fonctionné le système bancaire de tous nos pays entre 1945 et
1984. Ce qui prouve la faisabilité de cette solution.
Pour
toutes ces raisons, venant de tous les horizons politiques, nous demandons
solennellement aux élus de la Nation de refuser une réforme édulcorée et d’agir
avec force pour une vraie séparation des banques de dépôt et des banques
d’affaires.
Pour
protéger les comptes bancaires des citoyens, pour protéger les finances
publiques, pour lutter contre la spéculation, il est temps de remettre la
finance à sa place.
Signer la pétition ICI
Photo Creative Commons par Yahoo Images
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