Un certain battage médiatique a été fait récemment autour de l'usage des toilettes en milieu scolaire, notamment à l’occasion des dernières élections municipales des 23 et 30 mars.
Une étude de l’Observatoire National de la Sécurité et de l’accessibilité des établissements d'enseignement (ONS) a fait apparaître en effet dans toute la France un certain nombre de dysfonctionnements graves…
Six ans après une première enquête auprès des écoles primaires, l'ONS a réalisé une nouvelle enquête auprès des établissements secondaires (1739 exactement) et fait le point sur l'état des sanitaires scolaires ainsi que sur l'accessibilité des établissements aux personnes handicapées.
Les résultats de cette enquête sont catastrophiques. Près d'un tiers des collégiens et lycéens n'utilise jamais les toilettes scolaires. 42 % des élèves qui s'y rendent se plaignent d’un manque de papier ou d’une d’absence de savon.
Le rapport souligne que la question des toilettes scolaires est rarement traitée par les chefs d'établissements, la plupart fermant les yeux et se pincent le nez...Seuls quatre sur dix chefs d'établissement estiment que tout va bien chez eux sur ce plan.
Rappelons qu'en 2007, 7% des écoliers n'utilisaient jamais les toilettes de leur école.
Des conséquences durables sur les corps et les esprits des enfants
Vu les conséquences induites sur la santé et le bien-être des élèves, c'est bien un tabou que soulève ce rapport. On sait depuis la première enquête sur les écoles primaires, que le fait de se retenir toute la journée d'aller aux toilettes a des conséquences importantes sur la santé des enfants.
D’après bon nombre de médecins, il existe en effet un lien entre l'utilisation des toilettes et les indications de fréquence de symptômes abdominaux, digestifs et urinaires. Ce sont les filles qui souffrent le plus des troubles recensés : incontinence urinaire, brûlures à la miction et constipation, douleurs abdominales. Et cela influe naturellement sur leur capacité à se concentrer en classe.
Mais le triste état des toilettes a aussi des conséquences sur le climat des établissements. Interrogé, Paul Raoult, président de la FCPE, estime qu'il y a un double langage chez les chefs d’établissement. Celui sur l'hygiène et la santé et un langage qui dénonce le gaspillage du papier toilette et le comportement des élèves. On ne dit pas assez à quel point cette impossibilité totale de trouver l'intimité nécessaire et l'environnement accueillant entraîne les élèves vers une sorte de déni complet de ces réalités physiques…
Faut-il ou non réglementer ?
Pour l'ONS, la solution c'est l'éducation des élèves. L'observatoire recommande d'associer les élèves à la réflexion de l'établissement sur ces questions. Il demande de "prévoir dans l’établissement un temps de réflexion globale sur la question des sanitaires" et « d'organiser à l’échelle nationale une semaine de campagne sur le bon usage des espaces collectifs (dont les sanitaires) dans les établissements scolaires pour inciter les élèves à adopter des comportements citoyens ». Le rapport donne aussi des conseils techniques sur l'équipement des toilettes pour éviter les dégradations et gaspillages et favoriser l'entretien.
Mais pour la FCPE, la question est d’abord réglementaire. "Il faut légiférer et fixer un taux de toilettes par rapport au nombre d'élèves et des normes de nettoyage. C'est honteux d'en passer par la loi mais c'est la condition pour s'en sortir". En effet, aucun règlement ne s'impose aux établissements.
Quant au Ministère de l’Education nationale, dans un communiqué publié le 11 mars dernier, il estime bien que "si les conseils généraux et régionaux ont la responsabilité du bâti, le ministère a également un rôle à jouer dans la diffusion des bonnes pratiques en matière d'hygiène et de respect des lieux et des personnels". Il annonce que la prochaine circulaire de rentrée demandera "de porter une attention particulière à l'environnement scolaire (sanitaires, cours de récréation, etc.) et à la qualité de son entretien".
Mais une prochaine circulaire ministérielle n’est pas la panacée ! Fixera-t-elle des normes, des indications précises et les moyens financiers à dégager ? On peut raisonnablement en douter car à l’heure où François Hollande et son nouveau Premier ministre doivent trouver au moins 50 milliards d'euros d'économies, à faire sur trois ans (2015, 2016 et 2017), soit un effort de 15 à 20 milliards d'euros par an, non seulement pour financer des allègements de cotisations sociales mais aussi pour tenir les engagements européens de la France, on peut craindre que nos enfants continuent à évoluer à l’école, au collège ou au lycée dans des conditions d’hygiène indignes d’un pays moderne…
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