Donald
Trump a finalement emporté l’élection présidentielle aux Etats-Unis alors qu’il
avait contre lui les médias, les marchés, les experts de tous bords, les
sondeurs, les intellectuels et les vedettes du show-biz.
Pour ces derniers, Hillary Clinton ne pouvait que gagner mais s'ils avaient observé attentivement la société américaine et entendu son malaise, ils n'auraient jamais exclu la possibilité d'une élection de Donald Trump…
Pour ces derniers, Hillary Clinton ne pouvait que gagner mais s'ils avaient observé attentivement la société américaine et entendu son malaise, ils n'auraient jamais exclu la possibilité d'une élection de Donald Trump…
Après
la victoire de Donald Trump sur la candidate démocrate, il n’est question que
de séisme, de tremblement de terre, de 21 avril à l’américaine, voire de
« 11-Septembre politique ». Sur les ondes de France Inter, quelques heures
seulement après l’annonce du résultat, on a entendu l’éditorialiste du journal
" Les Echos ", lancer sur un ton attristé :
« Qu'avons-nous fait pour en arriver là ? » Ce que l’on a
fait, c’est que l’on a écouté trop longtemps sans réagir tous ces journalistes
qui répétaient en boucle que la crise n'était plus qu'un mauvais souvenir aux
Etats-Unis, que la croissance était repartie de plus belle, que le modèle
américain pétait la forme, qu'il était temps pour les autres de s'en inspirer,
etc.
Mais
la réalité, c’est que les Etats-Unis sont en proie à la plus grave
menace d’éclatement social et culturel depuis les années 30. C’est une
explosion sans précédent des inégalités, ce sont des usines fermées, des
entreprises délocalisées, des emplois raréfiés, des salariés déprimés et des
électeurs frustrés.
La
presse reste pourtant très discrète sur ce bilan social
catastrophique :
- Le taux de chômage se situe à 23%. Le taux officiel est de 10 % mais si on prend en compte les chercheurs d’emploi découragés depuis plus d’un an, comme c’était le cas auparavant, le taux de chômage s’élève à 23 %.
- 47 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
- un enfant sur 5 bénéficie de coupons alimentaires.
- un million et demi de ménages (chiffre qui a doublé depuis 1996) vivent avec moins de 1,80 euro par jour.
- 8 millions de chômeurs officiellement mais ...95 millions de personnes en âge de travailler se retrouvent en dehors de la population active.
- depuis 1980, 35 % des emplois industriels ont été supprimés.
- dans la ville de New York plus de 60 000 personnes n'avaient pas de logements en 2015 dont 25 000 enfants; A Chicago c'est plus de 110 000.
Au
total, les Etats-Unis totalisent plus de 3,5 millions de sans-abris :
- 35% sont des familles avec des enfants.
- 23% sont des vétérans de l’armée américaine.
- 25% sont des enfants de moins de 18 ans.
- 30% ont subi des violences domestiques.
- 20-25% souffrent de maladie mentale.
La
réalité, c’est une immigration massive (11 millions de clandestins sans droits
et sous-payés) encouragée par le patronat américain pour accentuer le
dumping social et la guerre des pauvres contre les pauvres.
La
réalité, c’est le vide de l’ère Obama à l’exception de l’Obamacare. C’est le
rejet de la famille Clinton, considérée à tort ou à raison comme le symbole de
l’entre-soi, de l’arrivisme et du copinage. C’est une candidate démocrate qui a
surfé sur toutes ces frustrations pour essayer de l’emporter alors qu’elle est
elle-même la représentante type de l’Amérique du fric.
Certes,
Donald Trump est un homme qui est à la politique ce que Bernard Tapie est aux
affaires, DSK au féminisme, ou Jérôme Cahuzac à la morale. Mais il a su
développer une démagogie efficace sur bon nombre de sujets (la folie du
libre-échange, les délocalisations, la misère ouvrière, le rejet de l’élite),
d’autant plus qu’Hillary Clinton s’est contentée de reprendre un discours
largement convenu mais qui a parfois dérapé. Cette dernière est allée
jusqu’à traiter les électeurs de Trump de personnes « pitoyables »,
étalant ainsi un mépris de classe qui n’a sans doute pas été pour rien dans sa
déroute.
Un
autre problème est celui du vote des électeurs démocrates qui soutenaient
Bernie Sanders jusqu’à la primaire démocrate, et qui ont été rebuté
par Hillary Clinton. Une étude est en cours sur des
« comtés » où le vote aux primaires démocrates avait été massivement
pro-Sanders. Elle montre qu’une partie des électeurs potentiels de Bernie
Sanders se sont abstenus le 8 novembre (de 25% à 40% selon les endroits) et
qu’une autre partie a préféré voter Trump que Clinton (de 12% à 18% dans les
comtés où la popularité de Sanders était la plus forte). Certains spécialistes
estiment même que sur les 12 millions de voix recueillies à la primaire par
Sanders, seuls 3 millions se seraient reportés sur Hillary Clinton.
Et
voilà comment on en est arrivé à un résultat que tous les experts n’ont pas vu
venir, tout comme ils ont été incapables de prévoir le Brexit, ou quelques
années plus tôt la victoire du non lors du référendum au traité constitutionnel
européen en 2005. Toutes proportions gardées, c’est la même cécité qui les
conduit aujourd'hui à ne rien comprendre au phénomène Marine Le Pen, lequel
n’est pas sans analogie avec l’effet Trump.
Après Ronald Reagan, un ex-cow-boy de l’écran à la Maison-Blanche, puis avec George W. Bush, un président capable d’envahir un pays (l’Irak) au prix d’un mensonge d’Etat, l'élection définitive de Donald Trump sera effective le 19 décembre, lors de la réunion du collège électoral des grands électeurs. Sa prise de fonction devrait se tenir le 20 janvier 2017, le Parti républicain étant sur le point de contrôler la Chambre des représentants, le Sénat et donc la Cour suprême. Du jamais-vu depuis les années 1930...
Après Ronald Reagan, un ex-cow-boy de l’écran à la Maison-Blanche, puis avec George W. Bush, un président capable d’envahir un pays (l’Irak) au prix d’un mensonge d’Etat, l'élection définitive de Donald Trump sera effective le 19 décembre, lors de la réunion du collège électoral des grands électeurs. Sa prise de fonction devrait se tenir le 20 janvier 2017, le Parti républicain étant sur le point de contrôler la Chambre des représentants, le Sénat et donc la Cour suprême. Du jamais-vu depuis les années 1930...
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