08 novembre 2016

Election de Donald Trump : pas vraiment une surprise !

Président des États-Unis depuis le 20 janvier 2017
Donald Trump a finalement emporté l’élection présidentielle aux Etats-Unis alors qu’il avait contre lui les médias, les marchés, les experts de tous bords, les sondeurs, les intellectuels et les vedettes du show-biz.

Pour ces derniers, Hillary Clinton ne pouvait que gagner mais s'ils avaient observé attentivement la société américaine et entendu son malaise, ils n'auraient jamais exclu la possibilité d'une élection de Donald Trump… 


Après la victoire de Donald Trump sur la candidate démocrate, il n’est question que de séisme, de tremblement de terre, de 21 avril à l’américaine, voire de « 11-Septembre politique ». Sur les ondes de France Inter, quelques heures seulement après l’annonce du résultat, on a entendu l’éditorialiste du journal " Les Echos ", lancer sur un ton attristé : « Qu'avons-nous fait pour en arriver là ? » Ce que l’on a fait, c’est que l’on a écouté trop longtemps sans réagir tous ces journalistes qui répétaient en boucle que la crise n'était plus qu'un mauvais souvenir aux Etats-Unis, que la croissance était repartie de plus belle, que le modèle américain pétait la forme, qu'il était temps pour les autres de s'en inspirer, etc.

Mais la réalité, c’est que les Etats-Unis sont en proie à la plus grave menace d’éclatement social et culturel depuis les années 30. C’est une explosion sans précédent des inégalités, ce sont des usines fermées, des entreprises délocalisées, des emplois raréfiés, des salariés déprimés et des électeurs frustrés.

La presse reste  pourtant  très discrète  sur ce bilan social catastrophique :
  • Le taux de chômage se situe à 23%. Le taux officiel est de 10 % mais si on prend en compte les chercheurs d’emploi découragés depuis plus d’un an, comme c’était le cas auparavant, le taux de chômage s’élève à 23 %.
  • 47 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
  • un enfant sur 5 bénéficie de coupons alimentaires.
  • un million et demi de ménages (chiffre qui a doublé depuis 1996) vivent avec moins de 1,80  euro par jour. 
  • 8 millions de chômeurs officiellement mais ...95 millions de personnes en âge de travailler se retrouvent en dehors de la population active.
  • depuis 1980, 35 % des emplois industriels ont été supprimés.
  • dans la ville de New York  plus de 60 000 personnes n'avaient  pas de logements en 2015 dont 25 000 enfants; A Chicago c'est plus de 110 000.
Au total, les Etats-Unis totalisent plus de 3,5 millions de sans-abris :
  • 35% sont des familles avec des enfants.
  • 23% sont des vétérans de l’armée américaine.
  • 25% sont des enfants de moins de 18 ans.
  • 30% ont subi des violences domestiques.
  • 20-25% souffrent de maladie mentale.
La réalité, c’est une immigration massive (11 millions de clandestins sans droits et sous-payés) encouragée par le patronat américain pour accentuer le dumping social et la guerre des pauvres contre les pauvres. 

La réalité, c’est le vide de l’ère Obama à l’exception de l’Obamacare. C’est le rejet de la famille Clinton, considérée à tort ou à raison comme le symbole de l’entre-soi, de l’arrivisme et du copinage. C’est une candidate démocrate qui a surfé sur toutes ces frustrations pour essayer de l’emporter alors qu’elle est elle-même la représentante type de l’Amérique du fric.

Certes, Donald Trump est un homme qui est à la politique ce que Bernard Tapie est aux affaires, DSK au féminisme, ou Jérôme Cahuzac à la morale. Mais il a su développer une démagogie efficace sur bon nombre de sujets (la folie du libre-échange, les délocalisations, la misère ouvrière, le rejet de l’élite), d’autant plus qu’Hillary Clinton s’est contentée de reprendre un discours largement convenu mais qui a parfois dérapé. Cette dernière est allée jusqu’à traiter les électeurs de Trump de personnes « pitoyables », étalant ainsi un mépris de classe qui n’a sans doute pas été pour rien dans sa déroute. 

Un autre problème est celui du vote des électeurs démocrates qui soutenaient Bernie Sanders jusqu’à la primaire démocrate, et qui ont été rebuté par Hillary Clinton. Une étude  est en cours sur des « comtés » où le vote aux primaires démocrates avait été massivement pro-Sanders. Elle montre qu’une partie des électeurs potentiels de Bernie Sanders se sont abstenus le 8 novembre (de 25% à 40% selon les endroits) et qu’une autre partie a préféré voter Trump que Clinton (de 12% à 18% dans les comtés où la popularité de Sanders était la plus forte). Certains spécialistes estiment même que sur les 12 millions de voix recueillies à la primaire par Sanders, seuls 3 millions se seraient reportés sur Hillary Clinton.

Et voilà comment on en est arrivé à un résultat que tous les experts n’ont pas vu venir, tout comme ils ont été incapables de prévoir le Brexit, ou quelques années plus tôt la victoire du non lors du référendum au traité constitutionnel européen en 2005. Toutes proportions gardées, c’est la même cécité qui les conduit aujourd'hui à ne rien comprendre au phénomène Marine Le Pen, lequel n’est pas sans analogie avec l’effet Trump.

Après Ronald Reagan, un ex-cow-boy de l’écran à la Maison-Blanche, puis avec George W. Bush, un président capable d’envahir un pays (l’Irak) au prix d’un mensonge d’Etat, l'élection définitive de Donald Trump sera effective le 19 décembre, lors de la réunion du collège électoral des grands électeurs. Sa prise de fonction devrait se tenir le 20 janvier 2017, le Parti républicain étant sur le point de contrôler la Chambre des représentants, le Sénat et donc la Cour suprême. Du jamais-vu depuis les années 1930... 


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