Emmanuel
Macron a donc nommé Edouard Philippe, député-maire Les Républicains du Havre,
comme Premier ministre pour diriger le gouvernement et préparer les prochaines
élections législatives.
Qui
est cet homme ? Un avocat d’affaires, ancien directeur des affaires
publiques d’Areva qui a déjà été sanctionné par la Haute autorité pour la
transparence de la vie publique…
Édouard Philippe est né à Rouen. Il est le fils d'enseignants de français.
Elève en hypokhâgne au lycée Janson de Sailly à Paris, il est diplômé de
l'Institut d'études politiques de Paris (section Service public, promotion
1992) et de l'École nationale d'administration (promotion Marc-Bloch,
1995-1997). Durant ses études à Sciences Po, il milite deux ans au Parti
socialiste pour soutenir Michel Rocard, avant de rendre sa carte et de se
rapprocher de la droite.
En
2001, il rejoint l'équipe municipale d'Antoine Rufenacht, maire du Havre, dont
il devient l'adjoint en charge des affaires juridiques.
En
2002, Alain Juppé lui propose de participer à la fondation de l'UMP qui vise à
rassembler toutes les formations politiques de la droite et du centre.
Il
devient ensuite avocat au sein du cabinet Debevoise & Plimpton LLP et
exerce le mandat de conseiller régional de la Haute-Normandie de 2004 à 2008
avant de rejoindre le groupe Areva en tant que directeur des affaires
publiques jusqu’en 2010.
Le 24
octobre 2010, le conseil municipal l'élit maire du Havre après la démission
d'Antoine Rufenacht. Il devient président de la communauté de l'agglomération
havraise le 18 décembre suivant.
Le 23
mars 2012, il devient député après le décès d'Antoine Rufenacht.
En
juin 2016, il participe à la réunion du groupe Bilderberg, rassemblement annuel
et informel d'environ 130 membres, essentiellement américains et européens, et
dont la plupart sont des personnalités de la diplomatie, des affaires, de la
politique et des médias.
Lors de la primaire présidentielle Les Républicains de 2016, il est, avec Benoist Apparu, porte-parole d'Alain Juppé.
Lors de la primaire présidentielle Les Républicains de 2016, il est, avec Benoist Apparu, porte-parole d'Alain Juppé.
Le 2 mars 2017, dans le cadre de l'affaire Fillon, il quitte l'équipe de campagne du candidat à l'élection présidentielle et tient une chronique de la campagne dans le journal Libération.
L’obscure clarté d’Edouard Philippe
Après
s'être opposé aux lois sur la transparence de la vie publique adoptées en
réaction à l'affaire Cahuzac, il se retrouve, en 2014, parmi les 23 députés ou
sénateurs dont la déclaration de patrimoine est assortie d'une
appréciation de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique
(HATVP), une mention réservée aux « manquements d'une certaine
gravité ».
Si le
nouveau locataire de Matignon a bien précisé dans le document qu'il a rempli et
signé le 23 juillet 2014, être propriétaire de trois biens (en Seine-Maritime,
dans l'Indre et à Paris) il a volontairement omis de préciser leur valeur
au moment de sa déclaration. Dans les cases prévues à cet effet, révèle
Mediapart, il a inscrit d'un trait plutôt rageur : " aucune idée " !
De
plus, d'après l'observatoire du nucléaire, le nouveau Premier ministre est
impliqué dans un conflit d'intérêt avec Areva, sans compter ses influences au
Niger. L’Observatoire dénonce la nomination d’Edouard Philippe qui
n’est en rien le personnage " modéré " que la communication
macronienne tente de mettre en scène.
En effet, il a participé à de sombres manœuvres dans les coulisses uranifères de la Françafrique. En octobre 2007, lorsqu'il est nommé directeur de la communication et directeur des affaires publiques d’Areva, son activité principale est alors de s’assurer de la collaboration de parlementaires acquis au lobby de l’atome. Il est ainsi en contact rapprochés avec Marc Vampa, député de l’Eure et président du groupe d’amitié France-Niger à l’Assemblée Nationale (*).
En effet, il a participé à de sombres manœuvres dans les coulisses uranifères de la Françafrique. En octobre 2007, lorsqu'il est nommé directeur de la communication et directeur des affaires publiques d’Areva, son activité principale est alors de s’assurer de la collaboration de parlementaires acquis au lobby de l’atome. Il est ainsi en contact rapprochés avec Marc Vampa, député de l’Eure et président du groupe d’amitié France-Niger à l’Assemblée Nationale (*).
C’est
précisément pendant cette période, le 13 janvier 2008, qu’un accord est signé
entre Areva et le pouvoir du Niger concernant l’exploitation de l’uranium,
accord immédiatement contesté par le Mouvement des Nigériens pour la justice,
mouvement touareg en rébellion contre le pouvoir central de Niamey (**). En
effet, les maigres revenus de l’uranium, largement sous payé depuis des
décennies par Areva, ne bénéficient en rien à la population, et encore moins
aux Touaregs, alors que les mines d’uranium sont situées dans leurs zones
traditionnelles de vie.
Il est
donc logique de considérer que ces manoeuvres en coulisse ne sont pas
étrangères aux graves troubles qui ont eu lieu par la suite dans la zone
sahélienne (Niger/Mali) et dans le fait que, poussés par la misère, des groupes
Touaregs aient fini par s’allier à des mouvements djihadistes.
De
plus, à peine assis dans le fauteuil de maire du Havre, (aimablement
offert par son prédécesseur qui a démissionné en cours de mandat), Edouard
Philippe a offert un pont d’or à son ancien employeur Areva, pour qu’il
installe deux usines d’éoliennes off-shore, projet finalement abandonné
piteusement en septembre 2016.
Il
serait intéressant de savoir ce que la sympathie d’Edouard Philippe pour
Areva a finalement coûté aux citoyens-contribuables. Mais, surtout, il
sera légitime de se demander demain pour
qui agira Edouard Philippe en charge des affaires
publiques comme Premier ministre...
(*) cf
Charlie Hebdo, 29 avril 2009
(**)
cf AFP, 17 janvier 2008
Photo
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