Nicolas Hulot a été nommé ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire, au sein du gouvernement d’Édouard Philippe, le 17 mai 2017.
Sous la présidence d’Emmanuel Macron, qui se prétend « ni de droite ni de gauche », le nouveau ministre de l’Écologie va devoir se confronter à la dureté de l’exercice du pouvoir et ne rien céder sur plusieurs dossiers épineux...
Nicolas Hulot, journaliste-reporter, a bénéficié de la renommée de son émission télévisée Ushuaïa et s’est engagé depuis longtemps dans la protection de l'environnement et la sensibilisation du grand public sur les questions écologiques. En 1990, il crée la Fondation Ushuaïa, qui devient ensuite la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l'homme.
Après avoir envisagé sa candidature à l’élection présidentielle de 2007, pour que les questions écologiques urgentes pèsent dans la campagne électorale, il se retire en janvier 2007, après la signature du Pacte écologique par la plupart des principaux candidats. Candidat à la primaire présidentielle écologiste de 2011 en vue de l'élection de 2012, il est battu par Eva Joly.
Habitué depuis 2002 des palais présidentiel et ministériels, en visiteur ou en conseiller, Nicolas Hulot a donc choisi, à 62 ans, de devenir ministre. C’est un choix de conscience mais un choix très risqué. Le désir d’agir, de peser, d’être utile, le sentiment sans doute d’être arrivé au bout d’un chemin a fini par l’emporter à un âge où l’énergie est encore là pendant quelques années.
Reste qu’en apportant son soutien à Emmanuel Macron, Nicolas Hulot conforte un camp dont l’orientation est globalement néolibérale et à peu près opposée à tout ce qu’il pense, si l’on en croit le film qu’il a réalisé en 2009, Le Syndrôme du Titanic, et son récent Appel aux solidarités.
Le paradoxe est que Nicolas Hulot est bien plus proche par exemple du programme de la France insoumise que de celui d’En Marche, des Républicains ou du Modem. Il va sans doute devoir supporter les chocs, violences et tourments du pouvoir, ainsi que ses douloureux compromis. Mais il y aura surtout plusieurs dossiers sur lesquels il ne devra en aucun cas céder, parce qu’ils engagent l’essentiel.
Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Ce projet d'aéroport infligerait des nuisances graves à plus de 80 000 habitants de la banlieue nord de Nantes. Les diverses structures de raccordement nécessaires (routes, voies ferrées, pont sur la Loire) causeraient également des nuisances à des milliers d'autres personnes, sans compter les problèmes graves liés aux expropriations nécessaires.
Alors que l’actuel aéroport de Nantes Métropole voit son trafic stagner depuis de nombreuses années, la construction d'un nouvel aéroport ne se justifie pas. Les promoteurs de ce projet espèrent voir le trafic aérien doubler mais comme d'habitude, les hypothèses de trafic sont surévaluées et servent à justifier un projet inutile. Un projet d'autant plus inacceptable qu'il y a déjà un aéroport à Nantes, un à Rennes, un à Angers et un à Saint-Nazaire !
De plus, ce projet va nécessiter l'engagement de l'État, à hauteur de plus de 250 millions d'euros. Un coût colossal pour cette infrastructure qui pèserait lourdement sur les impôts des habitants du département. Avec le dérèglement climatique qui est désormais incontestable, la destruction des écosystèmes qui s’accélère, l’artificialisation des terres agricoles qui se poursuit, il est déraisonnable d’investir autant d’argent public pour aider une multinationale à saccager l’environnement.
L’enjeu que représente Notre-Dame-des-Landes, c’est celui de la lutte contre le gaspillage des terres, de l’arrêt des infrastructures stimulant les émissions de gaz à effet de serre et du renouveau d’une agriculture paysanne, créatrice d’emplois.
Le déversement des boues rouges en Méditerranée
Depuis près de cinquante ans, le site de production d’alumine, qui sert à fabriquer de l’aluminium, situé à Gardanne près d’Aix-en-Provence, bénéficie d’un droit d’expédier des résidus en mer, à 7 km au large de Marseille et Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont déjà été déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne.
Les rapports réalisés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et l’Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer), consultables sur le site du ministère de l'Ecologie, montrent que les animaux marins portent la trace incontestable des métaux (aluminium, titane, vanadium) qui constituent la signature de ces rejets.
L’accord reconduit en 1996 stipulait que la société Alteo avait jusqu’au 31 décembre 2015 pour cesser d’expédier ses déchets en mer. Pour y parvenir, la société s’est doté de trois filtres-presses depuis 2007 et les boues rouges déshydratées sont désormais stockées à terre, près de Gardante. Mais la société industrielle voulait toutefois conserver le droit de déverser en mer ses effluents liquides qui restent très chargés en métaux divers.
Et le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a autorisé, fin décembre 2015, Alteo, à poursuivre l’exploitation de ses usines et à rejeter en mer, pendant à nouveau six ans, les effluents aqueux résultant de la production d’alumine. Une décision d'autant plus scandaleuse pour l’environnement que ces rejets se font en plein cœur du Parc National des Calanques…
Le réacteur nucléaire de Fessenheim
La fermeture de Fessenheim et l’engagement de la fermeture d’autres réacteurs très anciens sont au centre d’une vraie politique de transition énergétique et d’économies d’énergie.
Le décret autorisant la fermeture de la centrale de Fessenheim, promesse phare de François Hollande, a été publié le 9 avril dernier au Journal officiel. « L’autorisation d’exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim (...) est abrogée », indique l’article 1 du décret, qui précise toutefois que cette abrogation sera effective « à compter de la date de mise en service de l’EPR de Flamanville », censée intervenir au plus tôt en 2019. Il lie en outre cette fermeture à la nécessité de respecter le plafonnement de la capacité du parc de réacteurs nucléaires d’EDF à son niveau actuel de 63,2 gigawatts, fixé par la loi sur la transition énergétique.
« L’enfumage continue », a commenté Martial Château, du réseau Sortir du nucléaire, qui considère que conditionner la fermeture de ce réacteur non seulement au démarrage de l’EPR de Flamanville, mais aussi au plafonnement du parc nucléaire, permettra à EDF de la remettre en cause « sans difficulté ».
Aujourd'hui, à l’heure de la raréfaction avérée des matières premières, d’une très grande perte de biodiversité et des menaces climatiques induites par une consommation effrénée de ressources énergétiques, la véritable urgence est de s’engager dans des programmes d’efficacité et de sobriété énergétique, et des relocalisations de la production et de la consommation.
Sur tous ces dossiers et bien d’autres, Nicolas Hulot fera sans doute de son mieux mais cela sera-t-il suffisant dans un gouvernement dirigé par un Premier ministre, Edouard Philippe, qui est un nucléariste avéré et un ministre de l'Agriculture, Jacques Meyzard, qui est contre l'interdiction des pesticides néonicotinoïdes ?
Photo Creative Commons
Photo Creative Commons
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire