La
ruée vers l’or déchaîne les passions en Guyane. Dans cette région gangrenée par
l’orpaillage sauvage, un projet de mine industrielle géante est porté par un
consortium international (détenu à 55 % par le russe Nordgold et à 45 % par le
canadien Colombus Gold), rebaptisé la Montagne d’or.
Ce
projet est contesté par les défenseurs de l’environnement mais Emmanuel
Macron s’est dit favorable au dossier dans un entretien accordé à France
Télévisions Guyane le 27 octobre dernier…
Depuis
cet été, la protestation s'amplifie en Guyane contre le creusement
d'une mine de 2,5 km de long pour 400 mètres de profondeur, soit une fosse
de la taille de 32 fois le Stade de France, prévue à l’horizon 2022.
Le
collectif « Or de question », regroupant une centaine d’associations
nationales et internationales, a multiplié les actions en lien avec les
associations de défense des Amérindiens, envahissant notamment un plateau de
télévision le jour de l’arrivée du Tour de Guyane, le 27 août dernier. Les
chefs coutumiers des peuples autochtones se sont aussi prononcés contre ce plan
écologiquement dévastateur.
Un
monstre industriel qui va ravager la forêt primaire amazonienne
Pour
Raymond Léost, de France Nature Environnement (FNE), « ce projet va détruire
des dizaines de kilomètres carrés de forêt primaire, les gaz à effet de serre
vont augmenter. C’est une catastrophe. Cela ne concerne pas que la France mais
le monde entier. Les citoyens doivent savoir à quoi ils vont être confrontés ».
Cinquante
millions de tonnes de boues résultant de l’utilisation de cyanure pour détacher
l’or de la roche seraient ainsi générées par cette extraction intensive.
La
Montagne d’or, terme qui englobe à la fois le nom du consortium et celui du
projet de mine géante, a beau promettre en retour 750 créations d’emplois
directs, les arguments ne font pas le poids. La majorité des Guyanais voit d’un
mauvais œil les ravages sur ce terrain de 12 km², à 300 km de
Saint-Laurent-du-Maroni, à l’ouest du territoire, au cœur d’une réserve
biologique intégrale.
Prenant
tout le monde de surprise, le consortium a sorti ensuite du chapeau un autre
projet de mine aurifère dans la même zone, mais cette fois-ci de taille
beaucoup plus réduite (1 km²). Cette concession, sur le lieu-dit de Bœuf-Mort,
abriterait une extraction alluvionnaire du minerai moins invasive pour
l’environnement.
Si,
pour le consortium, Bœuf-Mort et la Montagne d’or sont « deux projets bien
distincts », Harry Hodebourg, porte-parole d' " Or de question ", n’a
pas du tout la même analyse : « Bœuf-Mort, c’est le cheval de Troie du grand
projet de la Montagne d’or, ils avancent masqués pour ensuite mieux nous
imposer le mégaprojet industriel, le plus important jamais construit en France.
Si Bœuf-Mort se fait, ils pourront avancer leurs pions. Le consortium détient
la concession sur l’ensemble du site, propriété de l’État, jusqu’au 31 décembre
2018. Si cette mine plus petite voit le jour, l’État pourrait être incité à
renouveler la concession. C’est aussi une manière de mettre un coup de
pression… »
Pour
Christophe Pierre aussi, leader des Jeunesses autochtones, les deux
projets aurifères sont liés : « Ce qui nous oppose à ces plans, c’est la
défense à la fois de l’environnement et de la terre de nos ancêtres. Ça ne nous
convient pas, de la spiritualité jusqu’à l’économie. La mine industrielle
utilisera 20 % des ressources énergétiques du territoire. Il faut sortir de ce
modèle de développement de la Guyane basé sur l’or, c’est pour cela que nous
sommes mobilisés depuis le printemps dernier. »
Cette
fronde massive contre la destruction d’une partie de la forêt amazonienne commence
un peu à porter ses fruits. Saisie par la FNE, la Commission nationale du débat
public (CNDP) s’est prononcée favorablement, le 6 septembre dernier, pour
l’organisation d’un débat public concernant cette fois-ci le projet de mine
géante, « considérant que les enjeux économiques, sociaux et environnementaux
du projet et son impact sur l’aménagement du territoire en Guyane sont très
importants et qu’il revient à ses habitants de participer à l’élaboration des
décisions le concernant ». Ce débat organisé par la CNDP aura lieu au premier
semestre 2018.
En
attendant, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot,
a longuement insisté auprès d'Emmanuel Macron sur les menaces pour
l'environnement de ce plan gigantesque mais le Président de la
République s’est prononcé en faveur de ce projet : « Vous
avez ici un industriel de rang mondial, exemplaire, qui, sur le plan
scientifique, environnemental, social, se comporte de la meilleure façon, fait
des investissements et est prêt à aller au bout ».
La digestion est
donc de plus en plus difficile pour Nicolas Hulot car la Montagne
d’Or s’ajoute au renouvellement du privilège off-shore de Total dans cette même
Guyane, à la suppression des aides d'Etat aux paysans bio, à l'autorisation en
catimini de deux nouveaux pesticides « tueurs d’abeilles », à la
prolongation de l'autorisation du Glyphosate par la commission de
Bruxelles…
Au
Président et au gouvernement de la France
Monsieur
le Président,
Monsieur
le Premier ministre,
Madame
la Ministre, Monsieur le Ministre,
L’Etat
français semble encourager des multinationales étrangères à lancer de
gigantesques exploitations minières en plein coeur de la forêt guyanaise. Parmi
elles, le projet « Montagne d’Or » dont le démarrage est prévu pour
2018.
Avec
son gisement s'étendant sur 190 km², sa fosse de 2,5 km de long, de 500 m de
large et de 400 m de profondeur, il s’agirait alors de la plus grande mine d’or
jamais exploitée sur le territoire français. Il signifierait l’industrialisation
de la filière aurifère dans la seule forêt tropicale humide de l’Union
européenne.
Les
mines industrielles d’or ont été et sont encore aujourd’hui à l’origine
d’impacts humains et environnementaux graves, souvent irréversibles. Le Brésil,
pays frontalier de la Guyane, peut en témoigner avec son « accident »
en 2015 considéré comme l'une des pires catastrophes écologiques.
On ne
peut accepter de détruire une partie de l’exceptionnelle biodiversité guyanaise
et de prendre le risque d’accidents majeurs pour l’extraction d’une substance
dont l’utilité sociale et industrielle est négligeable aujourd'hui.
Par la
présente lettre, nous souhaitons manifester notre soutien aux revendications du
Collectif « Or de question ! ».
Nous
vous demandons en conséquence l'arrêt immédiat des divers projets de
méga-industrie minière en commençant par celui de la « Montagne d'or » et
d'orienter l''économie guyanaise vers un développement écologiquement et
socialement soutenable.
Nous
vous prions d'agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre,
Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, l'expression de notre profond
respect.
>
Signer la pétition ICI
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