Il
aura fallu le choc des images montrant une vente d’esclaves en Libye pour que
les pouvoirs politiques et les grands médias manifestent bruyamment leur
indignation.
Or
cette situation était connue depuis longtemps et Emmanuel Macron, qui
dénonce un crime contre l’humanité, prend le risque que la France se retrouve
sur le banc des accusés...
Le reportage de la journaliste Nima Elbagir, le 14 novembre 2017 sur CNN,
montrant des réfugiés africains vendus comme esclaves en Libye, a déclenché une
énorme vague d’indignation dans le monde. Pourtant, la situation avait déjà été
dénoncée à plusieurs reprises.
Les organisations
humanitaires tiraient la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois face au
silence des responsables politiques et dénonçaient
une hypocrisie. " À part le citoyen lambda, tout le monde savait, les
gouvernants, les organisations internationales, les leaders politiques ",
assène le Sénégalais Hamidou Anne, analyste du Think tank " L'Afrique des
idées ".
"
Les prises d'otages, les violences, la torture, les viols, sont monnaie
courante en Libye, et l'esclavage, on en parle depuis longtemps ",
renchérit Alioune Tine, directeur Afrique de l'ouest et du centre d'Amnesty
international basé à Dakar.
Le 27
juin 2012, un reportage sur la Libye, de Daniel Mermet, Giv Anquetil et
Patrick Haimzadeh, était diffusé pour la première fois sur France Inter. À
l’époque, cette émission de radio n’avait guère ému les grands médias
ni le monde politique.
Le 11 avril
2017, un rapport de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM)
dénonçait des captures de migrants vendus comme esclaves pour 200 à 300 dollars
pour des travaux forcés dans l’agriculture ou la construction, les femmes
migrantes étant souvent soumises au viol ou à la prostitution forcée.
Aujourd’hui,
Emmanuel Macron qui dénonce un crime contre l’humanité risque de voir
la France sur le banc des accusés au moins pour deux raisons :
- d’une part, le chaos où a sombré la Libye suite à l’intervention française menée par Nicolas Sarkozy (soutenu par le philosophe Bernard-Henri Lévy) en 2011. Un viol de la souveraineté d'un pays, outrepassant le mandat onusien accordé sous prétexte « d'intervention humanitaire » qui aboutira à l'assassinat sauvage de Kadhafi, de milliers de Libyens et d'autres Africains. Ce pays était l'un des plus prospères sur le continent africain et accueillait un grand nombre de migrants d'Afrique et même de l'UE.
- d’autre part, la politique européenne qui fait de l’Afrique du Nord le garde-chiourme de l’Afrique et finance la Libye pour empêcher coûte que coûte les migrants de gagner l’Europe.
Aujourd'hui,
on estime à 40 000 le nombre de migrants retenus en Libye dans des
conditions inhumaines. Quelque 3 800 migrants africains vendus comme esclaves
en Libye doivent être « rapatriés d’urgence », a annoncé le président de la
Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, soulignant que le chiffre
global de migrants en Libye se situait « entre 400 000 et 700 000 »...
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Le reportage en Libye du 27 juin 2012 sur France Inter : Burashada,
les forçats du Sahara : ICI
Photo Creative Commons
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