13 avril 2021

Election présidentielle 2022 : la gauche en perdition…

La gauche
En pleine crise sanitaire, alors que le Président de la République multiplie les exercices de communication, voire de manipulation, que nos libertés sont un peu plus entravées, le député européen écologiste Yannick Jadot a invité les responsables de la gauche à construire « une alternative écologique, sociale et républicaine » en vue de l’élection présidentielle de 2022. 

Si cet appel au rassemblement de la gauche politique est plutôt positif (bien que Yannick Jadot ait certaines arrières pensées en vue de la prochaine primaire des Verts...), il va se heurter à la réalité d’une gauche en perdition qui croit pouvoir accéder au deuxième tour de l'élection présidentielle en multipliant les candidatures au premier tour...


La prochaine réunion de toute la gauche débouchera-t-elle sur quelque chose de positif susceptible de redonner du moral aux électeurs de gauche ? On peut en douter car depuis plusieurs années, la gauche a abandonné sa tradition républicaine pour se ranger dans le sillon de la gauche woke américaine, racialiste, communautariste, islamophile. Ces positions et théories divisent l’ensemble des électeurs, salariés et retraités, ne permettant pas d'engager une action commune.

Les Insoumis

Jean-Luc Mélenchon a été le premier à se déclarer candidat à la prochaine élection présidentielle et n'assistera pas à la réunion de la gauche, étant actuellement en voyage en Amérique latine. 

Récemment, il a apporté son soutien aux groupes de paroles séparés, défendant les réunions dans lesquelles les blancs sont tenus à l’écart, notamment pour évoquer des sujets subis par les noirs, les arabes ou les jaunes... C’est ainsi que dans cette conception de l’antiracisme, les blancs sont réduits au rang d’esclavagistes, les noirs et autres à celui d’esclaves. Que dirait-on si des blancs organisaient des réunions interdites aux noirs ?

Djordje Kuzmanovic, proche conseiller de Jean-Luc Mélenchon, a déjà quitté le mouvement, fustigeant son organisation « antidémocratique ». Dans une tribune publiée sur le site du magazine Marianne, celui qui conseillait Jean-Luc Mélenchon sur les questions internationales s'en est pris au comité électoral du parti, notamment son responsable, Manuel Bompard et fustige « la forme horizontale et gazeuse du mouvement » et « l'extrême concentration du pouvoir » de la direction du parti, qu'il qualifie de « petit groupe de nouveaux apparatchiks et bureaucrates, aux convictions mollement sociales-démocrates ».

Début juillet 2020, c’était l'économiste Liêm Hoang-Ngoc qui quittait LFI après avoir été écarté de la liste des Européennes, emmenant avec lui les membres de sa formation des Socialistes insoumis.

Et la série ne s'arrête pas là. Une des porte-parole de LFI, Sarah Soilihi, a claqué également la porte, dénonçant « des petits arrangements entre amis » pour la liste des Européennes et un mouvement qui se « replie sur lui-même ».

Quant à Charlotte Girard, co-rédactrice du programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon et figure du parti, elle n’a pas mené la dernière campagne des Européennes avec Manuel Bompard, renonçant même à une position éligible sur la liste...

Le PC

Le Parti Communiste avait soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2012 et 2017 mais cette fois en vue de l’élection présidentielle de 2022, Fabien Roussel, son secrétaire général, a annoncé sa candidature. Le chef des communistes n'assistera pas lui aussi à la réunion de la gauche, préférant consacré son samedi du 17 avril à sa circonscription de député... 

C'est tout sauf une surprise de la part du député du Nord qui avait accédé à la tête du parti en 2018 sur la promesse d'une candidature autonome en 2022. Il annonçait depuis des semaines son envie d'y aller mais ce nouveau pas en avant, qui doit être suivi d'un vote des 50 000 adhérents le 9 mai prochain, éloigne un peu plus la perspective d'une entente entre le PC et LFI. 

Quel intérêt y-a-t-il à une candidature communiste quand on sait que Marie-George Buffet avait recueille 1,93 % des voix à l’élection présidentielle lors du premier tour, le 22 avril 2012, soit le pire score jamais enregistré par un candidat communiste à cette élection. Elle arrivait en 7ème position (sur 12), après Philippe de Villiers et devant Dominique Voynet. D’ailleurs aujourd’hui, Marie-George Buffet a annoncé qu’elle soutiendrait le dirigeant de LFI pour l'élection présidentielle de 2022.

Les Verts

Les Verts préparent quant à eux les modalités de leur prochaine primaire en vue de choisir leur candidat à l'élection présidentielle. Mais au-delà de leurs divisions internes, ils multiplient depuis les dernières élections municipales les polémiques stériles au lieu de se pencher sur un vrai projet politique.

Après Pierre Hurmic, maire de Bordeaux qui a pourfendu les sapins de Noël et Grégory Doucet, maire de Lyon qui a critiqué le Tour de France, c'est au tour de Léonore Moncond'huy, maire écologiste de Poitiers, d'être sous le feu des critiques. En cause, cette fois-ci, ses propos sur l'aviation et la suppression progressive des subventions allouées aux aéroclubs de la ville : « C'est triste, mais l'aérien ne doit plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui.» !

Et à Strasbourg, les Verts ont voté une subvention de 2,56 millions d’euros pour la construction de la Grande mosquée turcophone Eyyub Sultan. Cette mosquée, promise à devenir la plus grande mosquée d’Europe, à deux pas du stade de la Meinau, doit répondre à l’attente de nombreux fidèles strasbourgeois. Problème, si la première pierre a été posée en 2017 et que les grues se sont succédé, le chantier, faute de dons suffisants, a dû s’arrêter cet hiver.

Portée par l’association cultuelle d’origine turque « Confédération Islamique du Milli Görüs Grande Mosquée Eyyub Sultan », le coût du bâtiment est estimé à 32 millions d’euros dont 24 millions d’euros pour le chantier lui-même. L’association a demandé une aide financière à la ville à hauteur de 10 % du montant de la construction de la mosquée.

En multipliant toutes ces initiatives, les Verts pourraient refroidir l’ardeur des électeurs tentés de voter Vert lors de la prochaine élection présidentielle. 

Le PS

Au PS, aucun candidat ne s'est déclaré officiellement mais là aussi la saignée continue. Après le départ d’Emmanuel Maurel, ex leader de l’aile gauche du parti, c’est la Sénatrice Marie-Noëlle Lienemann qui a claqué la porte du parti dont elle était adhérente depuis 1971.

A la question de savoir pourquoi elle quitte le PS, elle répond : « Nous sommes au bout d’un cycle ouvert depuis 1971 au Congrès d’Epinay, auquel j’ai participé. Aujourd’hui, le PS s’achemine vers une mort lente.  Il ne veut ni tirer les leçons du quinquennat de François Hollande ni prendre la mesure du divorce avec le peuple de gauche. »

Et d’ajouter : « Il est dans le déni. Les ouvriers, les employés, le monde des services publics ne considèrent plus le PS comme un parti de gauche. Ce parti a tourné le dos au socialisme historique, au socialisme de Jean Jaurès. Il est devenu un parti d’accompagnement et non de transformation ».

Parlant d’Olivier Faure, chef de file du PS, elle ne mâche pas ses mots. A la question de savoir si olivier Faure peut servir de rebond au PS, elle précise : « Olivier Faure n’en prend pas le chemin. Le PS est devenu un canard sans tête. (…) Faure nous noie chaque jour un peu plus dans une social-démocratie dévoyée par le libéralisme ».

Et plus récemment cerise sur le gâteau, Audrey Pulvar, adjointe d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris et tête de liste socialiste aux prochaines élections régionales vient d’apporter sa contribution à la liquidation de toutes les traditions universalistes portées durant des décennies par la gauche en revendiquant des réunions dans lesquelles les blancs pourraient être présents, à condition de se taire !

L’UNEF

Et pour couronner le tout, même l’UNEF, syndicat étudiant proche de la gauche multiplie les dérapages depuis plusieurs mois.

L’élection de Maryam Pougetoux, présidente du syndicat UNEF pour l'université Paris-IV a suscité de vives polémiques car les défenseurs de la laïcité, du féminisme et du progressisme ont exprimé leur désaccord avec ce choix des adhérents d'une porte-parole voilée.   

Il y a eu ensuite l’IEP de Grenoble à propos de l’Islamophobie. Des enseignants ont été dénoncés publiquement par l’UNEF locale, comme « islamophobes » et mis en accusation pour l’organisation d’un colloque et le contenu de leurs cours.  

La direction nationale de l’UNEF n’a plus grand chose à voir avec l’organisation syndicale étudiante que nous sommes quelques-uns à avoir connue dans notre jeunesse. C’est bien l’UNEF dans son ensemble qui se trouve embarquée aujourd’hui dans une course folle islamophile, au nom de l’antiracisme évidemment, allant jusqu’à promouvoir des réunions non mixtes, ou encore des réunions interdites aux blancs.

Ce naufrage de toute la gauche est en fait intellectuel, moral, politique et électoral. Par souci clientéliste, la gauche tend à substituer de plus en plus la lutte des races à la lutte des classes, le sociétal au social et ne peut plus être d’aucun secours pour les millions d’ouvriers, de salariés, de jeunes, de retraités qui cherchent simplement à vivre avec un niveau de revenu décent.

Ne serait-il pas temps, dans la période actuelle, que les groupes, militants, citoyens attachés à une république démocratique, laïque et sociale, se rassemblent par-delà leurs différences pour élaborer des propositions aptes à regrouper sur une base programmatique suffisamment claire pour répondre à la crise du capitalisme néo-libéral qui plus que jamais ne va épargner per­sonne ?


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