Mais depuis son élection, une quinzaine de ses ministres et membres de son cabinet ont été cités ou directement visés dans des affaires judiciaires…
Un nombre important de ministres démissionnaires ou démissionnées, plusieurs personnalités non renouvelées lors des remaniements ministériels, la liste des affaires judiciaires est impressionnante depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron.
François Bayrou, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez et l'affaire des assistants parlementaires du MoDem
Ne se présentant pas à
l'élection présidentielle de 2017, François Bayrou, le président du Modem, soutient la candidature d'Emmanuel Macron, qui l'emporte et le nomme garde des Sceaux, au sein du gouvernement Édouard Philippe.
Mais le 9 juin 2017,
le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour "abus de confiance"
et "recel" à propos des assistants parlementaires d'eurodéputés
du parti centriste. Les magistrats cherchent à déterminer si des
collaborateurs ont été rémunérés par les fonds du Parlement européen alors
qu'ils étaient en réalité affectés à d'autres tâches pour le MoDem.
Un mois et 4 jours après avoir été nommé, le maire de Pau est contraint de démissionner le 21 juin 2017 en compagnie des ministres Sylvie Goulard, ministre des Armées, et Marielle de Sarnez, chargé des Affaires européennes.
L'affaire Richard Ferrand
Richard Ferrand, chargé de la Cohésion des territoires dans le premier gouvernement Édouard
Philippe est lui aussi été contraint de quitter son poste le 19/06/17, soit quelques jours seulement après sa nomination.
Le Canard
enchaîné révèle en effet en mai 2017 qu'il a attribué, en
2011, un marché public à l'entreprise de sa compagne pour la mise à disposition
d'un local commercial alors qu'il dirigeait les Mutuelles de Bretagne. Le
parquet de Brest ouvre une première enquête préliminaire en juin.
D'abord classée sans
suite pour prescription, l'enquête prend un nouveau tournant en novembre 2017
après une plainte déposée par l'association Anticor pour "prise
illégale d'intérêts" et "recel". Il est en examen en
2019 pour ce même motif par le parquet de Lille où l'affaire
est dépaysée. En mars dernier, la cour d'appel de Douai a retenu la
prescription en faveur de Richard Ferrand. L'association Anticor s'est
pourvue en cassation.
L’affaire Laura Flessel
Le 4 septembre 2018,
la ministre des Sports d'Emmanuel Macron démissionne à la surprise
générale, officiellement "pour des raisons personnelles".
Pourtant, selon Le Canard enchaîné et Mediapart, la démission de
l'ex-championne d'escrime est due à l'oubli dans sa déclaration à la Haute
Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) de ses revenus issus
d'une société de droit à l'image. Une omission chiffrée à "plusieurs
dizaines de milliers d'euros", selon le site d'investigation, qui
révèle que le fisc a informé la Commission des infractions fiscales (CIF) de
Bercy, en vue d’une possible plainte pénale pour fraude, quelque temps avant sa
démission.
L'affaire Françoise Nyssen
Elle n'est restée
en poste à la Culture qu'un an et demi. En octobre 2018, Françoise
Nyssen cède son maroquin à Franck Riester. Un changement précédé de
plusieurs révélations du Canard enchaîné concernant des travaux illégaux
au sein d'Actes Sud, la maison d'édition qu'elle dirigeait avec son
époux. Outre l'agrandissement du siège à Arles (Bouches-du-Rhône), réalisé
en 2011 sans les autorisations nécessaires, ce sont les locaux parisiens qui
font l'objet d'une enquête préliminaire du parquet de Paris.
L'agrandissement de 150 m2 des locaux d'Actes Sud, classés monuments
historiques depuis 1926, n'avaient pas été signalés à la direction de
l'urbanisme de la mairie de Paris, ni à l'administration fiscale. L'enquête a
été classée sans suite en décembre 2020.
François de Rugy et la polémique "des
homards"
Le 16 juillet
2019, François de Rugy, ministre d’Etat et de la Transition
écologique et solidaire démissionne après un été brûlant et la parution d'un
article de Mediapart qui raconte la "vie de
château" menée avec son épouse lorsqu'il présidait l'Assemblée
nationale. Les clichés de homard et grands crus font polémique, quelques mois
après l'émergence du mouvement des "gilets jaunes". Pour calmer
le jeu, François de Rugy évoque des "dîners professionnels".
Mais les révélations se poursuivent et le site affirme qu'il a
réalisé des "travaux de confort" pour un total de
63 000 euros dans son logement de fonction. François de Rugy
jette l'éponge à la veille d'une nouvelle publication où il
est épinglé pour avoir utilisé 9 200 euros de son indemnité
représentative de frais de mandat (IRFM) pour payer une partie de ses
cotisations à Europe Ecologie-Les Verts.
Les mandats oubliés de Jean-Paul Delevoye
Entré au gouvernement
en septembre 2017 en tant que haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul
Delevoye remet sa démission le 16 décembre 2019 au président de la
République après que plusieurs journaux, dont Le Parisien, ont
pointé de multiples "omissions" dans sa déclaration à
la HATPV, dont certaines susceptibles de générer des conflits d'intérêts.
Au total, le "Monsieur retraites" du gouvernement a oublié de
déclarer treize mandats.
Deux jours après sa
démission, la HATVP saisit la justice. Le parquet de Paris ouvre une enquête
préliminaire pour "abus de biens sociaux", "abus de
confiance" et "recel". Dans ce cadre, le domicile de
Jean-Paul Delevoye fait l'objet d'une perquisition et il
est entendu par des enquêteurs de l’Office central de lutte contre la
corruption. L'enquête est toujours en cours.
Muriel Pénicaud et la soirée d'Emmanuel Macron à Las
Vegas
En 2017, le parquet de
Paris ouvre une information judiciaire pour "favoritisme" et
"recel de favoritisme" à propos de l'organisation d'un déplacement de
celui qui était ministre de l'Economie, en janvier 2016, à Las Vegas
(Etats-Unis). Les enquêteurs cherchent à en comprendre les conditions
d'attribution. L'organisation avait en effet été confiée à la société
Havas par Business France, entité dépendant de Bercy et dirigée à l'époque par
Muriel Pénicaud, sans qu'il y ait eu d'appel d'offres. Faute "d'indices
graves et concordants", la ministre n'a pas été mise en
examen, mais auditionnée par la justice en tant que témoin assistée.
Elle quitte le gouvernement à la faveur du remaniement le
6 juillet 2020.
La mise en examen d'Agnès Buzyn
Chargée de la Santé
depuis le début du quinquennat, Agnès Buzyn quitte le gouvernement le 16 février
2020 pour remplacer Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de
Paris. A cette période, l'épidémie de Covid-19 est arrivée en France, le
débat sur l'utilité du port du masque bat son plein et les critiques à l'égard
de la gestion de la crise s'amplifient. Au fil des mois,
des dizaines de milliers de plaintes sont envoyées à la Cour de justice de
la République, qui en retient moins de 20. Des perquisitions sont
menées, en octobre 2020, aux domiciles et bureaux d'Olivier Véran, d'Edouard
Philippe et d'Agnès Buzyn. L'ex-ministre de la Santé est finalement convoquée
le 10 septembre 2021 et mise en examen le même jour pour "mise
en danger de la vie d'autrui". Elle est aussi placée sous le
statut de témoin assisté pour "abstention volontaire de prendre
les mesures propres à combattre un sinistre".
D’autres personnalités ont démissionné
- Nicolas Hulot,
ministre de la Transition écologique et solidaire, démissionne le
28/08/18. Après avoir refusé le ministère de l'Écologie successivement
proposé par les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François
Hollande, il accepte en 2017 d'être nommé à la
Transition écologique et solidaire, au sein des gouvernements Edourad Philippe
I et II. En désaccord avec plusieurs mesures prises par l’exécutif, il démissionne quinze mois plus tard.
- Gérard Collomb,
ministre de l’Intérieur, démissionne le 02/10/18. Le 1er octobre 2018, il
présente sa démission à Emmanuel Macron, qui la refuse. Il
réaffirme pourtant son intention de démissionner de ses fonctions le même jour,
puis de nouveau le lendemain, ce qui contraint Emmanuel Macron à entériner son
départ. Ses fonctions sont assurées par intérim par Édouard Philippe, avec qui il entretenait des relations tendues depuis
plusieurs mois.
- Nathalie Loiseau,
ministre des Affaires européennes quitte le gouvernement le 27/03/19. De
2017 à 2019 pour conduire la
liste de la majorité aux élections européennes de 2019. Après avoir été
longtemps donnée favorite dans les sondages, celle-ci arrive en deuxième
position de ce scrutin (22,4 %), derrière celle du Rassemblement national
(23,3 %).
- Benjamin Griveaux,
Il est élu député en 2017 dans la cinquième circonscription de Paris et devient
secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances au sein du
gouvernement Édouard Philippe II. De 2017 à 2019, il exerce la fonction de porte-parole du Gouvernement. Il démissionne le 27/03/19. pour se présenter aux élections municipales
de 2020 à Paris, pour lesquelles il obtient l'investiture de La République en
marche. Un mois avant le scrutin, la divulgation
de vidéos privées à caractère sexuel par Piotr Pavlenski le conduit à
retirer sa candidature alors qu’il faisait face à de mauvais sondages.
- Mounir Mahjoubi, Il
est élu député dans la seizième circonscription de Paris lors des élections
législatives de 2017. Le 16 octobre 2018, il est nommé secrétaire d'État auprès
des ministres de l'Économie et des Finances et de l'Action et des
Comptes publics, chargé du numérique. Il démissionne le 27 mars
2019 afin de se préparer aux élections municipales à Paris. Il reprend son
siège à l'Assemblée nationale le mois suivant.
(à suivre...)
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