Mais depuis son élection, une quinzaine de ses ministres et membres de son cabinet ont été cités ou directement visés dans des affaires judiciaires…
Un nombre important de ministres démissionnaires ou démissionnées, plusieurs personnalités non renouvelées lors des remaniements ministériels, la liste des affaires judiciaires est impressionnante depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron...
Les affaires Darmanin
En juillet 2020, la nomination de
Gérald Darmanin au poste de ministre de l'Intérieur provoque l'ire de nombreuses associations de défense des
droits des femmes car il est alors concerné par
deux affaires embarrassantes.
En juin 2017, une première femme,
Sophie Patterson-Spatz, dépose plainte pour "viol" pour des faits remontant à 2009. Selon elle, Gérald Darmanin lui
aurait proposé d'intervenir en sa faveur en échange d'une relation
sexuelle qu'elle s'est sentie obligée d'accepter. Après avoir classé la plainte
sans suite en 2017 puis en 2018, la justice a relancé une enquête en
2020 et le ministre de l'Intérieur a été placé sous le statut
de témoin assisté. Le 7 septembre 2021, la juge a clos
l'instruction sans mettre Gérald Darmanin en examen, s'orientant vers un
non-lieu.
En février 2018, une seconde femme l'accuse "d’abus de faiblesse" pour l'avoir contrainte à des rapports sexuels en échange de l'obtention d'un logement social et d'un emploi à Tourcoing (Nord), ville dont il a été maire entre 2014 et 2017. Les faits se seraient produits entre 2015 et 2016, selon la plaignante. La justice a classé cette enquête sans suite en mai 2018.
La mise en examen d'Eric
Dupond-Moretti
En janvier 2021, une enquête est ouverte à l'encontre du garde
des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, par la Cour de justice de la
République. A l'origine de celle-ci, les plaintes de trois syndicats de
magistrats et de l'association Anticor. Ils lui reprochent d'avoir utilisé
son rôle de ministre de la Justice pour régler ses comptes contre des
magistrats avec qui il avait eu maille lorsqu'il était avocat, notamment
dans l'affaire dite "des fadettes". Mis en examen le
16 juillet, Eric Dupond-Moretti a assuré vouloir rester en
poste : "Rien n'entamera ma détermination, je suis
extrêmement serein. Ma légitimité, je la tiens du président de la République et
du Premier ministre."
Jean-Michel
Blanquer et le syndicat
Avenir lycéen
En novembre 2019, Jean-Michel Blanquer est soupçonné par Libération et Mediapart d'avoir téléguidé la création du syndicat Avenir lycéen, dont la ligne pro-gouvernementale était claire. Problème, ce même syndicat a reçu de généreuses subventions de 65 000 euros en 2019, dilapidées en frais de bouche et hôtels de luxe. Le ministère a diligenté depuis une enquête administrative sur les subventions accordées à cette association. Le 1er décembre 2020, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "détournements de fonds publics" à l'encontre du syndicat. Pour Jean-Michel Blanquer, Mediapart et Libération "essaient de faire une affaire à partir de rien".
Alain Griset
Le ministre délégué aux PME est jugé le 12 octobre pour "déclaration incomplète ou mensongère de sa situation patrimoniale" et "de ses intérêts". Dans cette affaire, Alain Griset est soupçonné par la HATVP d'avoir sciemment omis de déclarer "des participations financières détenues dans un plan d'épargne en actions, ainsi que le compte espèces associé, pour un montant total de 171 000 euros". Le bureau de la Confédération nationale de l'artisanat, des métiers et des services du Nord lui avait en effet confié une grande partie de cette somme pour qu'il la place et la fasse fructifier. S'il a tout remboursé et assure n'avoir pas cherché l'enrichissement personnel, le président de la HATVP y voit, lui, une "confusion des patrimoines, ce qui n'est pas conforme à la loi". Une enquête pour "abus de confiance" a été ouverte. Lui évoque "une maladresse". "J'ai eu la confiance renouvelée du président de la République et du Premier ministre et je les en remercie", a-t-il récemment affirmé.
Sébastien Lecornu
Le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu est lui aussi, depuis janvier, accusé de "prise illégale d'intérêts" et "omission de déclaration à la HATVP". Elle vise ses activités passées à la tête du département de l'Eure. Dans sa déclaration à la HATVP, le ministre mentionne avoir touché avoir 7 874 euros brut de "jetons de présence" en tant qu'administrateur de la Société des autoroutes Paris Normandie (SAPN) entre juillet 2016 et juin 2017. Or, celui qui était alors président du conseil départemental de l'Eure aurait approuvé plusieurs délibérations de la collectivité ayant trait à la SAPN. Sébastien Lecornu a été entendu en avril par la police anticorruption lors d'une audition libre. L'enquête est toujours en cours.
Olivier Dussopt
Cette figure montante du gouvernement, actuel ministre de l'Action et des Comptes publics, se retrouve visée par une enquête préliminaire du Parquet national financier pour "prise illégale d'intérêts" et "corruption", comme le révélait Mediapart en juin 2020. Il lui est reproché d'avoir accepté deux lithographies du peintre Gérard Garouste, estimées à environ 2 000 euros et offertes en janvier 2017 par la société de traitement de l'eau Saur. Alors député et maire d'Annonay (Ardèche), Olivier Dussopt avait signé un contrat négocié depuis 2016 entre l'entreprise et sa commune, six mois après la réception des œuvres d'art. "J'ai restitué (...) les lithographies", s'est défendu l'intéressé après une perquisition de son domicile par l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales en août 2020.
Alexis Kohler
Pour l'actuel secrétaire général de
l'Elysée, tout commence par une plainte d'Anticor pour "prise illégale
d'intérêts" et "trafic d'influence". L'association reproche à Alexis Kohler d'avoir caché
ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé
par des cousins de sa mère, alors qu'il était membre du conseil de surveillance
du Grand port maritime du Havre (GPMH). A ce titre, il a approuvé des contrats
concernant la filiale française du groupe, ce qu'attestent des procès-verbaux. Alexis Kohler a aussi rejoint MSC
Croisières en 2016, en tant que directeur financier.
Après avoir déclenché une procédure pour "vérifier si les règles (...) ont bien été respectées", le PNF classe finalement l'affaire en août 2019. Mais selon Mediapart, cette décision n'est pas sans lien avec une note écrite par Emmanuel Macron en personne pour faire état de la probité du secrétaire général de l'Elysée. Le parquet national financier a finalement décidé de reprendre les investigations en juin 2020 pour "prise illégale d'intérêt", "trafic d'influence" et "défaut de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique".
L'affaire Benalla
Le 1er mai 2018,
Alexandre Benalla participe à une opération de maintien de l'ordre, place de la
Contrescarpe à Paris, et s'en prend physiquement à plusieurs manifestants. Or,
bien qu'il soit équipé de matériel de CRS, le jeune homme de 26 ans n'est pas policier.
Cette affaire tentaculaire, révélée
par Le Monde, a
provoqué l'ouverture de sept procédures judiciaires à l'encontre de plusieurs
proches d'Emmanuel Macron, dont son directeur de cabinet, Patrick Strzoda,
brièvement soupçonné en 2019 de "faux témoignage" devant la
commission d'enquête du Sénat. Devant les sénateurs, ce dernier avait révélé
qu'Alexandre Benalla avait utilisé "presque une vingtaine de
fois" ses passeports diplomatiques entre le 1er août 2018 et le 31 décembre 2018,
soit après son licenciement de l'Elysée.
En garde à vue dans le cadre de l’enquête portant sur l'usage de ses
passeports diplomatiques, la police a souhaité perquisitionner son
domicile et voulait notamment accéder à son coffre-fort. Tenus par la loi à ne
pas entrer dans l’appartement avant l’heure légale, les policiers ont posé des
scellés le soir et attendu le lendemain. Mais le coffre-fort a été vidé dans la
nuit ! Et les quatre armes qui devaient
s’y trouver n’y étaient plus…
D'autres procédures judiciaires visent toujours Alexandre Benalla, notamment sur sa participation à la signature de contrats de sécurité entre des oligarques russes et l'entreprise de Vincent Crase, l'un de ses proches lorsqu'il était encore à l'Elysée. mission.
En garde à vue dans le cadre de l'usage de ses passeports diplomatiques, la police a souhaité perquisitionner son domicile et voulait notamment accéder à son coffre-fort. Tenus par la loi à ne pas entrer dans l’appartement avant l’heure légale, les policiers ont posé des scellés le soir et attendu le lendemain. Mais le coffre-fort a été vidé dans la nuit !
Toutes ces affaires montrent toute l’incurie politique d’Emmanuel Macron qui n’a jamais vérifié quoi que ce soit avant de nommer soit des ministres, soit des conseillers spéciaux. Elles révèlent une nouvelle fois la dérive des institutions de la 5ème République du 4 octobre 1958, à caractère monarchique, qui accordent trop de pouvoir au président de la République et qu'Emmanuel Macron amplifie un peu plus chaque jour...
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