01 juillet 2006

Non à la disparition de « Là-bas si j’y suis »

Là-bas si j'y suis est  une émission quotidienne de grands reportages

A l'heure où les intérêts financiers et marketing prennent le pas sur le respect de l'auditeur ou du spectateur, l’émission « Là-bas, si j’y suis » sur France Inter est déprogrammée de 17h00 à 15h00, à partir du mois de septembre prochain.

La " tendresse " de Mermet et l'absence radicale de "langue de bois" permettaient à cette émission de rivaliser même avec la télé visuelle. 

Nombreux sont les auditeurs qui se souviennent des reportages chez Renault à l'île Seguin, d'un liftier de grand magasin, du marché de Nijni Novgorod, du témoignage de Zéphir l'Arménienne, du " mouroir " pour vieux immigrés maghrébins finissant leur vie en France, de la vie des vieilles prostituées du 19ème ou encore des étudiants en lutte contre le CPE.

Après la suppression de " Charivari ", c’est encore une mauvaise nouvelle pour les amoureux de la radio. Petit à petit les espaces de liberté de parole s'envolent mais cette reprise en mains n’est finalement pas surprenante de la part des nouveaux dirigeants de cette station de radio car les élections présidentielles et législatives approchent à grands pas… 



Actuellement programmée à 17 heures avec une excellente audience (500 000 auditeurs) « Là-bas si j'y suis » serait programmée à 15 heures ce qui lui ferait perdre plus de 50% de ses auditeurs, la tranche horaire de 15 heures étant traditionnellement beaucoup moins écoutée quelle que soit la radio considérée.

" Là-bas si j’y suis " n’est pas une émission neutre et cette relégation n’est pas neutre, surtout au lendemain de mobilisations sociales et au seuil d’une année électorale.

Faut-il rappeler que l’actuel président de Radio France Jean-Paul Cluzel, Inspecteur général des finances, longtemps collaborateur de Jacques Chirac, intime d’Alain Juppé et récemment reconverti au sarkozysme n’a pas fait mystère, dans un entretien au Figaro Magazine, de ses idées «de droite, catholiques et libérales».

Depuis son arrivée marquée par une brutale reprise en main provoquant le départ de personnalités emblématiques comme Pierre Bouteiller et Jean-Luc Hees, c’est près de 400 000 auditeurs qui ont quitté France Inter en moins de deux ans.

Ainsi avec la campagne pour le référendum sur la constitution européenne du 29 mai 2005 où la tranche « 7/9 » s’est distinguée par un soutien déchaîné et sans contrepartie au OUI, c’est environ 250 000 auditeurs qui ont quitté l’antenne et ne sont pas revenus. Dans le même temps « Là-bas si j’y suis » gagnait 45 000 nouveaux auditeurs.

Le 2 mai à la surprise générale, Frédéric Schlessinger, un nouveau directeur a été nommé à la tête de la station. Inconnu de France Inter qu’il reconnaît ne pas connaître davantage, cet ancien responsable du pôle radio du groupe Lagardère s’empresse de couper quelques têtes parmi les plus chères aux auditeurs. Le dernier en date étant Alain Rey une des voix les plus aimées d’inter.

Mais n’en doutons pas les auditeurs seront sans doute consolés par l’arrivée de Marc Olivier Fogiel.

Et tout cela dans quel but ? Sauver France Inter en faisant remonter par tous les moyens le chiffre des sondages d’audience.

Ces chiffres sont éminemment discutables et l’on ne fait pas de la radio avec des chiffres. Or même si l’on accepte d’entrer dans cette logique, pourquoi pénaliser « Là-bas » dont le très bon taux d’audience est un des rares en augmentation alors que plusieurs émissions qui ont perdu des auditeurs sont maintenues ?

Ces incohérences ne peuvent dissimuler une volonté politique et idéologique très claire de casser « Là-bas si j’y suis » avant d’en débarrasser la grille de France Inter.

Nous devons nous opposer vigoureusement à ces manipulations. Financée par la redevance, Radio France est un bien public, « la plus grande école de la République » et l’un des seuls espaces médiatiques en France qui n’ait pas pour but de vendre du temps de cerveau humain disponible aux annonceurs.

Cette relégation ne concerne pas seulement Daniel Mermet et l’équipe de Là-bas, c’est un mépris pour ceux qui depuis des années écoutent cette émission et peuvent simplement s’y faire une image différente du monde « à l’écoute de la différence ». Mépris aussi et avant tout pour ceux dont les voix, ici et ailleurs, de charniers en chantiers, de souffrances en résistances, seraient encore un peu plus étouffées... 

 

Vous pouvez signer cette pétition ICI

Vous pouvez également écouter en ligne les archives de cette émission de radio «modeste et géniale» ICI


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1 commentaire:

Angèle a dit…

Frédéric Lodéon (le carrefour de Lodéon) est relégué de 16h à 21h et Daniel Mermet (Là bas si j'y suis) serait avancé de 17h à 15h.

France Inter emploie une technique bien connue qui consiste ensuite à supprimer une émission au motif qu'il n'y avait pas assez d’auditeurs, après avoir tout fait pour faire baisser le nombre d’auditeurs…

France Inter a des émissions de qualité, qui tranchent avec le prêt à penser ambiant.

Il faut conserver cette différence, qui justement permet encore le droit à la différence.

France Inter fait partie de Radio France, et est encore un service public - il en reste si peu ...

Ses nouveaux maîtres à penser mettront toutes les émissions dérangeantes à des heures de faible écoute, pour mieux les supprimer au nom du Saint Audimat !