11 juin 2011

Les enfants japonais ne doivent pas être exposés à des doses élevées de radioactivité !

Ecoles japonnaisesAu Japon, dans les communes proches de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, la situation des enfants dans les écoles ré-ouvertes préoccupe parents, enseignants et spécialistes du nucléaire. Pour permettre aux enfants de se déplacer et de suivre des activités scolaires normales, le gouvernement japonais a augmenté le taux de radiation maximal admissible pour les enfants, de 1 mSv à 20 mSv/an. 

Le professeur Toshiso Kosako, conseiller spécial du Premier Ministre japonais Naoto Kan, a démissionné à la suite de cette mesure gouvernementale. Lors d’une conférence de presse, il a expliqué qu’«il était tout à fait inacceptable d’appliquer une telle limite de dose à des enfants en bas âge et qu’il était urgent de revenir sur cette décision».

En effet, les enfants ont une physiologie plus sensible aux radiations que les adultes et un taux de 20 mSv/an représente déjà un taux élevé pour un adulte. En France, cette dose maximale correspond au maximum autorisé pour les travailleurs de l’industrie nucléaire…



À l’attention de M. Yasuo SAITO,
Ambassadeur du Japon en France
consul@ps.mofa.go.jp


Votre Excellence,


En France comme en Allemagne, 20 mSv/an est le seuil maximal d'irradiation recommandé pour "les personnes affectées à des travaux sous rayonnements ionisants", c'est-à-dire pour les travailleurs du nucléaire. Au Japon, la loi sur les normes du travail interdit aux personnes de moins de 18 ans de travailler dans ces conditions. De plus, les nourrissons et les enfants sont plus vulnérables que les adultes aux effets sanitaires néfastes de la radioactivité.

Or, le 19 avril 2011, le gouvernement japonais a décidé de relever de 1 mSv/an à 20 mSv/an la norme de radioprotection pour les écoles de la préfecture de Fukushima. Permettre que des enfants soient exposés à de telles doses de rayonnements est révoltant et inhumain.

Je condamne fermement cette décision intolérable. C’est pourquoi, M. Saito, je vous demande instamment l'annulation immédiate de cette décision du gouvernement nippon autorisant l’exposition des enfants japonais à des doses de radioactivité pouvant atteindre 20 mSv/an.

Actuellement, 75 % des écoles élémentaires et intermédiaires de la préfecture de Fukushima présentent des niveaux de contamination tels qu'elles relèvent de « zones de contrôle des rayonnements » (0,6 microSv/h ou plus). Pire encore, 20 % des écoles relèvent de « zones individuelles contrôlées sur l'exposition » (2,3 microSv/h ou plus) et présentent une situation radiologique extrêmement dangereuse.

Aucune dose de radioactivité n'est inoffensive. La très officielle Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) admet elle-même que « toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique ». Les normes d'exposition ne correspondent en aucun cas à des seuils d'innocuité scientifiquement fondés ; elles définissent seulement des niveaux de « risque admissible ». Admissible par qui ? Par ceux qui décrètent les normes, ou par ceux qui les subissent en pratique?

M. Saito, à ce jour, les nombreuses associations japonaises qui se sont élevées contre cette décision n'ont eu aucune réponse tangible à leurs questions : pourquoi, comment et par qui cette décision a-t-elle été prise? 

Ces questions sont aussi posées par M. Toshisô Kosako, qui a démissionné le 29 avril de son poste de conseiller spécial du Premier Ministre japonais en matière de protection contre la radioactivité. Lors d'une conférence de presse, le professeur Kosako, en larmes, a déclaré qu' "il est tout à fait inacceptable d'appliquer une telle limite de dose à des enfants en bas âge, et à des élèves de classe primaires, et il est urgent de revenir sur cette décision".

Votre Excellence, je demande instamment que le gouvernement japonais annule immédiatement la décision autorisant l'exposition des enfants à des doses d'irradiation pouvant atteindre 20 mSv/an, et prenne au contraire toutes les dispositions nécessaires pour les préserver de l'exposition à la radioactivité.

Je demande également que le gouvernement japonais rende public sans délai le nom des experts qui ont avalisé cette décision inhumaine.

Votre Excellence, j’espère que vous mettrez tout en œuvre pour que votre gouvernement fasse droit aux demandes légitimes des associations japonaises et des autres nombreuses demandes qui vont dans ce sens. Je vous prie de croire, M. Saito, à ma haute considération, ainsi qu'à ma vigilance quant aux mesures prises par le gouvernement japonais pour protéger ses citoyens.

J’adresse mes pensées solidaires et mon soutien au peuple japonais dans les terribles épreuves qu’il affronte aujourd’hui.


Albert Ricchi


> Signer la pétition ICI 



Associations Green Action, Greenpeace Japan, Citizens' Nuclear Information Center, Citizens Against Fukushima Aging Nuclear Power Plants (Fukuro-no-Kai), Osaka Citizens Against the Mihama, Oi, and Takahama Nuclear Power Plants (Mihama-no-Kai), Friends of the Earth Japan. 



Photo Créative Commons 


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