Il y a
300 ans, le 28 juin 1712 à Genève, naissait Jean-Jacques Rousseau, une des
figures les plus emblématiques du Siècle des Lumières.
Il est
de ces auteurs rares dont les écrits traversent les siècles et influencent
encore le cours de l’Histoire. Il a incontestablement inspiré plusieurs des
acteurs de la Révolution et par la suite les défenseurs de l’idéal républicain…
Comment
ne pas s’arrêter un instant et marquer cet anniversaire d’une invitation à
relire J.J. Rousseau ? Même si l’esprit critique auquel il nous a invités
doit aussi s’appliquer à son œuvre.
Trois
livres sont à revisiter en premier lieu :
- Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)
- Du contrat social (1762)
- Emile ou de l’éducation (1762)
Pour
aller plus loin dans la connaissance de son œuvre, on relira aussi La Nouvelle
Héloïse (1761) et les deux livres posthumes : les Confessions (1782) et
les Rêveries d’un promeneur solitaire (1782).
Au
terme d’un choix difficile, voici quelques-unes de ses formules les plus
célèbres :
- L’homme est né libre et partout il est dans les fers.
- Les peuples une fois accoutumés à des maîtres ne sont plus en état de s’en passer.
- Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.
- L’ordre social ne vient pas de la nature. Il est fondé sur des conventions.
- Il n’est point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté. On captive ainsi la volonté même.
- Les usurpateurs amènent ou choisissent toujours ces temps de trouble pour faire passer, à la faveur de l’effroi public, des lois destructrices que le peuple n’adopterait pas de sang-froid.
- Le choix du moment de l’institution est un des caractères les plus sûrs par lesquels on peut distinguer l’œuvre du législateur d’avec celle du tyran.
- Généralement, les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu.
Sur la
propriété, Jean Jaurès, à l’occasion d’une conférence prononcée à la Faculté
des Lettres de Toulouse en 1889, rappelait la phrase célèbre du Discours sur
l’inégalité :
« Le
premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : Ceci est à moi, et
trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la
société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et
d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui arrachant le pieux ou
comblant les fossés eut crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet
imposteur; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que
la terre n’est à personne ! »
Et
Jaurès d’ajouter ce commentaire : « Eh bien ! Messieurs, malgré tout
cela ; Jean-Jacques ne conteste pas la nécessité de la propriété
individuelle à un moment des révolutions humaines. Il n’en conteste pas non
plus la légitimité. Aussitôt à la suite de ce passage, il déclare que la
constitution de la propriété individuelle était inévitable et qu’elle est
légitime lorsqu’elle est fondée, sur le travail. Ce qu’il a voulu dire, c’est
que d’abord dans l’institution, dans l’origine de cette propriété individuelle,
il y a un mélange de droit et d’usurpation, de force, de hasard et de travail,
et ensuite que les hommes n’étaient pas capables d’entourer cette propriété de
telles garanties qu’elle ne dégénérât pas en instrument de tyrannie et de
spoliation. C’est une force bonne et salutaire en soi, mais qui, insuffisamment
maîtrisée, se déchaînera et aboutira aux plus monstrueuses inégalités. »
Loin
de retourner dans le passé, lire ou relire Rousseau - et avec lui les autres
philosophes des Lumières - c’est se nourrir utilement pour les débats
d’aujourd’hui et de demain…
Merci
à notre ami Raoul Marc Jennar
Photo Creative
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