Dimanche
22 mars, un électeur sur quatre a voté pour le Front National lors du premier
tour des élections départementales, prolongeant ainsi le séisme politique
ressenti lors des dernières élections européennes de 2014.
Sans ignorer les limites de ce parti, il convient surtout de chercher à comprendre les raisons de ce score élevé en écoutant les motivations de ses électeurs et en faisant en sorte qu’aucun débat ne soit tabou…
Sans ignorer les limites de ce parti, il convient surtout de chercher à comprendre les raisons de ce score élevé en écoutant les motivations de ses électeurs et en faisant en sorte qu’aucun débat ne soit tabou…
Malgré
certaines manipulations des chiffres, notamment en début de soirée électorale,
tant par les chaînes d’information TV que par le Ministère de l’intérieur, le
FN n'est pas en recul et progresse de 11 points par rapport aux cantonales de
2011. Il dépasse même le plafond de 24,95 % atteint lors des dernières
élections européennes en obtenant 25,24 % des voix et ce malgré une présence
pas tout à fait complète sur le terrain (93% des cantons). La coalition
UMP-UDI obtient 28,75 %, le PS et ses alliés 21,68 %.
Les
journalistes, prenant exemple semble-t-il sur Manuel Valls, se sont livrés à
des analyses aussi vaines que savantes en rapprochant les résultats qui leur
parvenaient des instituts de sondage de la semaine précédente au lieu de les
comparer aux dernières élections ! Le PS a perdu 5 points par rapport au
premier tour des cantonales de 2011 et ne pourra pas se maintenir au deuxième
tour dans 516 cantons mais à l'annonce des résultats le Premier Ministre
a allumé un cigare...
Certes,
la participation n’a été que de 50,17%, ce qui relativise un peu le score du FN
qui a réuni néanmoins 5.141.897 voix, soit plus qu’à la dernière élection
européenne de 2014 (4 711 339 voix).
Cette
nouvelle colère sortie des urnes a été plus forte chez les classes sociales les
plus touchées par les politiques d’austérité, notamment les jeunes et les
ouvriers. Le résultat du FN dans certains anciens bastions ouvriers de la
gauche, notamment le Nord de Martine Aubry et la Pas-de-Calais de Daniel
Percheron, est à cet égard significatif.
La
progression du FN semble directement corrélée au degré de souffrance à l’égard
de la mondialisation libérale et aux questions liées au contrôle des flux
migratoires dans un pays comprenant déjà 5,2 millions de chômeurs, toutes
catégories confondues, et 8,6 millions de personnes pauvres (60 % du
niveau de vie médian, soit moins de 993 euros mensuels pour une personne
seule).
Les
politiques d’austérité menées depuis 30 ans, au nom de la raison européenne,
tantôt par le PS et ses alliés, tantôt par l’UMP et le Centre, ressemblent de
plus en plus à une impasse et provoquent envolée du chômage et paupérisation
croissante des salariés.
Déjà
en 1983, François Mitterrand et Jacques Delors avaient choisi l’orthodoxie
budgétaire et supprimé l’échelle mobile des salaires qui protégeait jusqu’alors
le pouvoir d’achat des salariés et des retraités.
Au début
des années 90, la France a fait le choix détestable de taux d’intérêt élevés,
comme l’Allemagne qui affrontait un léger regain d’inflation du fait de sa
réunification, et envoyé au moins un million de personnes au chômage pour
défendre le franc fort.
En
2008, le PS et l’UMP ont ignoré et trahi le «Non» du peuple français au traité
constitutionnel européen de 2005 en ratifiant le traité de Lisbonne.
Aujourd’hui,
les choix politiques de François Hollande ne sont que les descendants directs
de ceux des décennies précédentes. D’un côté, des réformes sociétales avant
tout, le Président venant encore d’évoquer récemment les modalités de fin de
vie des personnes âgées ou le vote des étrangers aux élections locales, et de
l’autre l’absence de vraies réformes économiques et sociales, voire le vote de
« réformes » que la droite n’avait pas osé faire jusqu’alors !
Face à
ces résultats désastreux, il semble logique que les Français cherchent à
exprimer leur colère par leur vote, et ce même lors d’élections locales. La
question qui se pose alors, c’est de savoir si le nouveau plafond de 25,24 %
atteint par le FN sera à nouveau dépassé lors des prochaines élections
régionales prévues pour la fin de l’année 2015, ouvrant ainsi la route à un
succès possible de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2017.
S’il
est plus que probable que la majorité des électeurs du FN attendent maintenant
ces deux échéances électorales, plusieurs sondages récents indiquent cependant
que la crédibilité du FN n’est pas si grande pour une organisation politique
qui existe depuis plus de 40 ans.
Mais
si l’on considère que la situation ne va pas vraiment s’arranger dans les deux
années qui viennent, ce qui est malheureusement une hypothèse hautement
crédible, alors de nouvelles révoltes électorales contre les partis dominants
n’est pas à exclure...
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