Les
militants communistes se sont prononcés sur le type de liste qu’ils entendent
présenter au premier tour des prochaines élections municipales 2014, à Paris.
Au-delà
des effets au sein même de la fédération parisienne du PCF, qui a connu des
résultats très contrastés suivant les arrondissements, ce vote aura des
répercussions sur l’ensemble du Front de Gauche car il obscurcit les
perspectives de construction d’une véritable force politique à la gauche du PS…
Dans
la capitale de la France, faire liste commune avec le Parti Socialiste dès le
premier tour des élections municipales est loin d’être anodin. Drôle de
rassemblement en effet que celui qui commence par diviser son propre camp et
aboutit à ce que des organisations membres du Front de Gauche soient sur des
listes séparées et donc concurrentes.
Divers
arguments ont été avancés par certains cadres communistes pour justifier ces
accords à Paris et dans d'autres villes de France. Le premier est la nécessité
du rassemblement face à la droite, le second est celui de la menace Front
National qui justifieraient des accords de large union dès le premier
tour.
Dans
les couloirs, certains cadres communistes expliquaient que ce n’était pas leur
choix mais que, face au chantage socialiste, il fallait cet accord à Paris pour
obtenir le maintien de ce qu’il reste des bastions communistes de la ceinture
rouge.
En
fait, finalement, seule la perspective du nombre d’élus communistes semble
avoir été prise en compte. Cette stratégie de la direction communiste avait
déjà été observée notamment lors des dernières élections régionales où dans
cinq régions et 19 départements, le PCF avait choisi une alliance avec les
socialistes dès le premier tour : Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Champagne-Ardenne
et Lorraine.
Pour
beaucoup de militants du FdG, la « trahison » de Pierre Laurent, est
un évènement d’une gravité considérable qui fait penser à ces
accidents dont on sort vivant, avec quelques blessures mais qui révèlent
au fil du temps la réalité inguérissable du choc.
Car il
ne s’agit pas d’un simple accord concernant une ville. Il s’agit d’une
révolution de palais, Pierre Laurent et le chef de file des communistes
parisiens, Ian Brossat, ayant l’intention d’utiliser le logo FdG sur les
affiches d’Anne Hildago ! Le PCF ne se contente pas de quitter un camp
pour en honorer un autre. Il feint d’agir au nom de l’ensemble de ses alliés
alors qu’il ne représente qu’une partie du groupe !
Laisser passer l’orage ou créer un nouveau parti ?
Cette
stratégie dans la capitale de la France risque d’être fatale à l’ensemble du
FdG. Que vont faire en effet les militants qui ne partagent pas ce choix ou les
électeurs de gauche qui devront choisir entre deux visions du FdG ?
La
dernière note sur le blog de Jean-Luc Mélenchon donne une première
réponse : « Pour qui sonne le glas ? ». JLM se rassure en
indiquant que ce glas-là ne sonne pas pour lui. Une des raisons de ce relatif
optimisme est le vote des militants communistes de Lyon en faveur de l’autonomie
par rapport au PS dès le premier tour. Sur Facebook notamment, cette nouvelle a
été accueillie avec joie. Malheureusement, dès le lendemain, on apprenait
que 8 élus communistes sortants sur 12 refusaient le vote des militants…
Ne
plus parler de l’incident parisien et entrer en campagne ardemment pour obtenir
les meilleurs résultats possibles, Jean-Luc Mélenchon a, semble-t-il, choisit
cette dernière solution pour les mois qui viennent. Il appelle à la loi des
urnes pour régler cette affaire et demande en fin de compte aux électeurs de
choisir entre Pierre Laurent et lui-même.
Danielle
Simonnet, chef de file du PG à Paris et les autres participants du FdG se
veulent aussi rassurants sur l’avenir du Front de Gauche. «Dans nombre de
capitales régionales, il y a des listes du FG», citant notamment Lille,
Strasbourg, Grenoble. «Majoritairement sur le territoire français, nous allons
avoir un FdG rassemblé en opposition aux listes gouvernementales».
«C’est
plutôt des cas d’exception que la majorité de la situation nationale. On est
plutôt optimistes sur l’avenir du FdG», a renchéri Roland Mérieux. «Il y a une
crise du FdG à Paris mais elle est limitée. Rien de tout cela ne signifie
qu’il y ait une rupture acquise du FdG», a ajouté Laurent Lévy, de la
Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique.
En
fait, Jean-Luc Mélenchon et le PG ont beaucoup de mal à sortir de l’ambiguïté
et reconnaître que depuis les débuts du FdG, le PCF se sert plutôt de celui-ci
pour maintenir ses scores électoraux et conforter la situation de ses élus
plutôt que d’œuvrer à une véritable alternative à la politique néo-libérale du
PS et de ses alliés. La perspective du renouvellement de son poste de député
européen sur des listes FdG avec le PCF va sans doute le conduire à avaler
cette nouvelle couleuvre parisienne…
D’autres
militants du FdG sont eux en faveur de la création d’un nouveau parti ou une
nouvelle coalition sans le PCF et ce le plus rapidement possible. Créer un
nouveau parti clairement anti-libéral avec une nouvelle appellation aurait
aussi un autre avantage en faisant disparaître la myriade des petites
organisations, qui aux côtés du PC et du PG, sont membres du FdG.
Si les
choses restaient en l’état, comment vont se croiser dans les villes, les
anciens alliés, désormais ennemis ? S’étriper lors des municipales et
ensuite redevenir amis pour les Européennes ? En attendant que les
élections municipales soient passées et en préparant dans la foulée les
élections européennes, le FdG risque de sortir au final en lambeaux avec une
stratégie incompréhensible pour les électeurs, faux FdG et vrai FdG noyés dans
la même confusion, la droite et l’extrême droite emportant le morceau…
D’une
manière générale au plan national, le choix opportuniste, ville par ville, fait
par le PCF est à peu près le même que celui fait hier pour les Régionales et
les cantonales : un choix «à la carte» en fonction de la configuration
électorale de chaque territoire et destiné à sauvegarder le plus grand nombre
de ses élus.
Dans
un cas (listes du FdG), le PC risque de perdre des élus, ne serait-ce parce que
les places éligibles doivent être partagées avec les autres formations
constituant le FdG. Ce n'est pas rien puisque économiquement, le PC est en très
grande difficulté sans la manne de ses élus de terrain.
Dans
l’autre cas (listes PC/PS au premier tour), le parti de Pierre Laurent peut
espérer garder nombre de ses élus, avec l'argument de pouvoir influencer les
décisions des majorités de gauche, bien que jusqu'ici, cela n’ait joué qu'à la
marge et sur des sujets annexes sans grande importance.
Mais
en jouant sur les deux tableaux, le PCF rebute tout à la fois ses électeurs, le
PG et les autres composantes du FdG, le PS et décrédibilise la tentative
de construction d’une autre gauche qui risque ainsi de plafonner longtemps à
moins de 10 % de l’électorat…
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