Après
un début de quinquennat consacré principalement à des réformes sociétales,
après les départs en 2014 de Claude Sérillon et Aquilino Morelle,
respectivement conseiller à la présidence et responsable
de la communication élyséenne, les nouveaux communicants de François
Hollande, emmenés par Gaspard Gantzer, se sont lancés en 2015
dans une communication politique tous azimuts.
Le chef de l'État a multiplié les apparitions médiatiques et les déclarations dans la presse en surfant sur des événements tragiques comme les attentats contre Charlie hebdo ou ceux plus récents du Bataclan et des terrasses de café à Paris mais cela ne saurait faire oublier l’absence de vraies réformes économiques et sociales depuis 2012...
Le chef de guerre
Après
les attentats de Paris du mois de novembre dernier, François Hollande s’est
drapé à nouveau dans le costume de chef de guerre en allant bombarder l'Etat
islamique en Syrie. Un calcul de court terme pour améliorer
une côte de popularité au plus mal mais le Président de la République
a oublié un peu vite que la France n’a pas les moyens d’intervenir dans des
guerres et des conflits religieux qui ne nous regardent pas, entre
chiites, sunnites et autres wahhabites au sein de l'islam.
Comble du ridicule en cette fin d’année 2015, la France a manqué de bombes à guidage laser pour continuer à bombarder l’EI. Les stocks sont vides et du coup, le ministre des armées, Jean-Yves Le Drian, a passé une commande in extrémis aux Etats-Unis… sans compter que le seul porte-avions de la France, le Charles de Gaulle, ne peut rester en opération guère plus de 5 mois !
Le flop de la COP 2015
A
l'heure où le climat de la planète est en train de changer, on
attendait de la COP 21 qu’elle prenne des décisions courageuses et
visionnaires. Mais à l’État d’urgence climatique, l’accord de Paris a opposé un
bricolage constitué de la somme des égoïsmes nationaux, aussi bien en matière de
financements que d’objectifs de réduction des émissions.
L’impuissance
des gouvernements à s’attaquer aux causes réelles des dérèglements climatiques
n’a finalement rien d’étonnant car l’avidité des multinationales, les
énergies fossiles et l’obsession de la croissance sont considérées comme des
données intouchables. Mais François Hollande et Laurent Fabius ont préféré
maquiller en victoire l’échec de la COP 21 !
Le discours fantaisiste et fatigant
sur les chiffres du chômage
Après
avoir évoqué imprudemment la baisse du nombre de chômeurs à la fin de l’année
2013, François Hollande et les ministres successifs du Travail se
contorsionnent régulièrement en évoquant tantôt un ralentissement de la hausse,
tantôt une stabilité de la hausse pour finir sur une diminution de la
hausse, le tout en parlant toujours du nombre de chômeurs en catégorie A et en
ignorant les vrais chiffres du chômage incluant toutes les catégories A, B, C,
D, E, soit 6 447 000 chômeurs à la fin du 3ème trimestre 2015 (+ 5,3%
sur 1 an)...
Et
pour couronner le tout, la nouvelle ministre du Travail, Myriam El
Khomri, invitée début novembre 2015 par Jean-Jacques Bourdin
sur BFMTV et RMC, s'est empêtrée les pinceaux sur la question du nombre de
renouvellements possibles d'un CDD, avant d'avouer qu'elle ignorait la
réponse...
Les réformes essentielles aux oubliettes
-
Celle du mode de scrutin car le parlement ne reflète pas, loin s'en faut,
les diverses sensibilités politiques du pays. En l'absence d'élections à la
proportionnelle, les députés sont élus au scrutin majoritaire dans le cadre de
circonscriptions électorales découpées le plus souvent de façon
fantaisiste et les sénateurs par un collège composé de 150 000 grands
électeurs qui ne représente que 0,25 % de la population (députés, conseillers
municipaux, départementaux, régionaux) !
Il serait donc primordial de mettre en place un autre mode de scrutin avec au minimum 50 % de sièges acquis à la proportionnelle comme c’est le cas dans une écrasante majorité de pays européens. Mais François Hollande, comme hier Nicolas Sarkozy, préfèrent la situation actuelle et laissent dangereusement les électeurs du Front National, de Debout la France, du Modem ou de l’extrême gauche pratiquement sans aucune représentation parlementaire…
Il serait donc primordial de mettre en place un autre mode de scrutin avec au minimum 50 % de sièges acquis à la proportionnelle comme c’est le cas dans une écrasante majorité de pays européens. Mais François Hollande, comme hier Nicolas Sarkozy, préfèrent la situation actuelle et laissent dangereusement les électeurs du Front National, de Debout la France, du Modem ou de l’extrême gauche pratiquement sans aucune représentation parlementaire…
-
Celle de la fiscalité des revenus avec notamment un retour à une
réelle progressivité de l‘IRPP et une réduction drastique des niches
fiscales. C’est notamment à cause des 453 niches fiscales existantes que les
impôts progressifs sont aujourd’hui ultra-minoritaires dans le paysage fiscal.
Elles sont évaluées à plus de 82 milliards d’euros en 2015 ! Une
somme colossale et une aberration économique puisque cette somme
est supérieure au produit même de l'IRPP (75 milliards d'euros
en 2015). Ces niches permettent surtout à une minorité de
personnes de réduire fortement leur imposition tout en se constituant un
patrimoine important pendant que les couches modestes et moyennes crachent
au bassinet...
-
Celle de la fiscalité locale qui varie d’un montant de 1 à 4 suivant les
départements et dont les bases sont totalement archaïques car elles datent
de 1961 (taxe foncière) et de 1970 (taxe d’habitation). Le montant à payer pour
les contribuables ne dépend pratiquement pas du revenu fiscal déclaré, sauf
pour les personnes qui ont des difficultés sociales graves et qui bénéficient
d’exonérations partielles ou totales. Ainsi, comme le souligne la cour des
comptes, " les ménages modestes ou moyens subissent proportionnellement un
prélèvement plus lourd que les ménages les plus aisés "...
-
Celle du mode de financement de la Sécurité sociale. Alors que l’on
sait pertinemment que le financement des différents régimes de Sécurité
sociale, basé essentiellement sur des cotisations salariales, est la
principale cause des déficits, on préfère dérembourser régulièrement le prix
des médicaments, multiplier les forfaits à la charge des assurés sociaux ou
rallonger l’âge de départ en retraite plutôt que d’instituer un autre
financement basé sur les revenus réels tels que déclarés à l’administration
fiscale !
-
Le combat contre la fraude fiscale qui par son ampleur et ses
caractéristiques (au minimum entre 60 et 80 milliards € par an, selon le
Syndicat national unifié des impôts), réduit aussi fortement les rentrées
fiscales et accentue les inégalités, sans parler de l'optimisation fiscale qui
fait le bonheur des avocats d'affaires. L’administration fiscale a perdu 25 000
emplois depuis 2002 sur l'ensemble de ses missions. Suite à l’affaire
Cahuzac, il a bien été procédé à un renforcement de 50 agents à la DGFIP
(Direction Générale des Finances Publiques) mais un signal fort aurait dû être
donné par la création de plusieurs milliers de postes...
- Le combat
enfin pour une autre Europe au service des peuples. Avec la mondialisation
et une France qui reste sans protection tarifaire, contrairement à la plupart
des pays du monde, les entreprises françaises continuent à péricliter ou
s’exilent dans des pays tiers où la main d’œuvre est peu
onéreuse. Les dirigeants européens ont choisi l'ancien Premier
ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, pour être le nouveau
président de la Commission européenne et François Hollande n'a pas osé
mettre son véto ! Pourtant, le Luxembourg est un paradis fiscal au sein même de
l’Europe. Jean-Claude Juncker a été personnellement mis en cause dans
l'affaire Luxleaks qui révèle de manière détaillée l'organisation de l'exil
fiscal de plus de 1000 entreprises avec l'approbation de l'administration
luxembourgeoise des impôts...
Heureusement,
la force de la République réside d'abord sur la capacité de réaction de
ses citoyens plutôt que dans les mises en scène gouvernementales ou
journalistiques.
En
2015, on se souviendra surtout de la lutte des Fralib (Gémenos, près de
Marseille) et des Pilpa (Carcassonne) contre la fermeture de leur unité de
production. Ces deux luttes sociales ont débouché sur la constitution de
deux nouvelles SCOP : La Fabrique du Sud et Scop TI.
Au
moment où tout le monde s’interroge sur la portée des décisions de la COP 21
sur le réchauffement climatique, ces deux entreprises ont délibérément choisi
de privilégier des composants naturels et locaux dans leurs produits. C’est
plus que jamais le moment de penser à eux et de les soutenir notamment par nos
achats dans les supermarchés.
Redonner
des perspectives d’action crédibles à l’ensemble du monde du travail pour faire
face à la crise sociale, écologique et démocratique, voilà ce que
l’on peut souhaiter de mieux pour l’année qui s’annonce…
A tous
ceux qui se battent, à tous ceux qui souffrent, à tous ceux qui espèrent une
autre vie, meilleurs vœux pour 2016.
Que cette nouvelle année vous apporte bonheur, santé, succès personnel et
professionnel.
Photo
Creative commons
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