Le
préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a autorisé fin
décembre la société Alteo, à poursuivre l’exploitation de ses
usines et à rejeter en mer, pendant six ans, les effluents aqueux
résultant de la production d’alumine.
Une
décision d'autant plus scandaleuse pour l’environnement que ces rejets se
font en plein cœur du Parc National des Calanques dans le département des
Bouches-du-Rhône...
Le 1er
Ministre a justifié cette décision en expliquant que la décision du préfet
s’était fondée sur l’avis favorable émis par le Conseil supérieur de prévention
des risques technologiques (CSPRT) le 22 décembre dernier. En réalité,
c'est Manuel Valls qui a demandé aux représentants de l'Etat et au CSPRT
de donner un avis favorable au projet d'arrêté préparé par les services du
préfet.
De son
côté, la ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’Energie,
Ségolène Royal, a désapprouvé cette décision : "Je pense que c’est
une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à
l’emploi ".
Mais
comme d’habitude, pour mieux faire passer la pilule, les jeux de rôle semblent
avoir été distribués entre les membres du gouvernement. A
Manuel Valls la défense de l’emploi et à Ségolène Royal le rôle de protectrice
de l’environnement : la synthèse à la sauce hollandaise est sauve...
Une eau claire n’est pas une eau propre
Depuis
près de cinquante ans, le site de production d’alumine, qui sert à fabriquer de
l’aluminium, situé à Gardanne près d’Aix-en-Provence, bénéficie d’un
droit d’expédier des résidus en mer, à 7 km au large de Marseille et
Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont déjà été
déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne.
Ce site, le
plus grand centre mondial de production intégré d’alumines, emploie 400
salariés et 250 personnes pour les entreprises sous-traitantes.
Il y a
quelque mois, la demande d’une poursuite de rejet par Alteo avait provoqué la
colère de plusieurs associations de défense de l’environnement et de riverains,
qui dénoncent depuis des années la toxicité des boues rouges.
L’accord
reconduit en 1996 stipulait que l’industriel avait jusqu’au
31 décembre 2015 pour cesser d’expédier ses déchets en mer. Pour y parvenir,
Alteo s’est doté de trois filtres-presses depuis 2007 et les boues rouges
déshydratées sont désormais stockées à terre, près de Gardanne. L’industriel
voulait toutefois conserver le droit de déverser ses effluents liquides, qui
restent très chargés en métaux divers.
" Il
s’agit de rejet d’effluents liquides, chimiques toxiques et radioactifs. C’est
toujours le dossier des boues rouges, même si les rejets n'en ont pas la
couleur. Ce n’est pas du tout un traitement mais un prétraitement " a
dénoncé Alain Matési, président-Fondateur de l’association CoLLecT-IF environnement.
Le conseil
supérieur de prévention des risques technologiques, chargé d’une enquête
publique concernant 27 communes, avait déjà rendu un avis favorable aux
demandes d’Alteo, malgré les remarques des experts, l’intense mobilisation
citoyenne, le refus de plusieurs municipalités et l’opposition de la ministre
de l’écologie. " A l’heure où l’opinion française redoute les délocalisations, il
est impératif de sauvegarder plusieurs centaines
d’emplois ", avaient justifié les commissaires chargés de
l’enquête.
Mais
les rapports préliminaires, réalisés par l’Agence nationale de sécurité
sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et
l’Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer),
consultables sur le site du ministère de l'Ecologie, montrent que les animaux
marins portent la trace incontestable des métaux (aluminium, titane, vanadium)
qui constituent la signature de ces rejets.
Les
auteurs relèvent la piètre qualité chimique des eaux méditerranéennes, avec une
" problématique de contamination marquée pour différentes substances
dans les deux zones de prélèvement ". Pour autant, le risque sanitaire lié
à la consommation de ces produits semble conforme aux seuils réglementaires,
concluent-ils prudemment, en laissant malgré tout la question ouverte...
Le
risque environnemental, quant à lui, n'a pas fait l'objet d'études spécifiques.
S'en forger une idée n'est toutefois pas bien compliqué.
Préserver
l’attractivité des milieux naturels en les protégeant au mieux est un enjeu
essentiel à relever. Les conséquences de cette décision affectent
directement la faune, la flore, la biodiversité, toutes ces ressources à
préserver, pour lesquelles le Président de la République, François Hollande,
avait promis pourtant de mobiliser tous les décideurs, lors
de la COP 21…
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