03 janvier 2016

Non au rejet des boues rouges dans le Parc National des Calanques !

La mer a exploité des failles géologiques dans la roche calcaire
Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a autorisé fin décembre la société Alteo, à poursuivre l’exploitation de ses usines et à rejeter en mer, pendant six ans, les effluents aqueux résultant de la production d’alumine.

Une décision d'autant plus scandaleuse pour l’environnement que ces rejets se font en plein cœur du Parc National des Calanques dans le département des Bouches-du-Rhône...


Le 1er Ministre a justifié cette décision en expliquant que la décision du préfet s’était fondée sur l’avis favorable émis par le Conseil supérieur de prévention des risques technologiques (CSPRT) le 22 décembre dernier. En réalité, c'est Manuel Valls qui a demandé aux représentants de l'Etat et au CSPRT de donner un avis favorable au projet d'arrêté préparé par les services du préfet.

De son côté, la ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’Energie, Ségolène Royal, a désapprouvé cette décision : "Je pense que c’est une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à l’emploi ".

Mais comme d’habitude, pour mieux faire passer la pilule, les jeux de rôle semblent avoir été distribués entre les membres du gouvernement.  A Manuel Valls la défense de l’emploi et à Ségolène Royal le rôle de protectrice de l’environnement : la synthèse à la sauce hollandaise est sauve...

Une eau claire n’est pas une eau propre 


Depuis près de cinquante ans, le site de production d’alumine, qui sert à fabriquer de l’aluminium, situé à  Gardanne près d’Aix-en-Provence, bénéficie d’un droit d’expédier des résidus en mer, à 7 km au large de Marseille et Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont déjà été déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne.

Ce site, le plus grand centre mondial de production intégré d’alumines, emploie 400 salariés et 250 personnes pour les entreprises sous-traitantes.

Il y a quelque mois, la demande d’une poursuite de rejet par Alteo avait provoqué la colère de plusieurs associations de défense de l’environnement et de riverains, qui dénoncent depuis des années la toxicité des boues rouges.

L’accord reconduit en 1996 stipulait que l’industriel avait jusqu’au 31 décembre 2015 pour cesser d’expédier ses déchets en mer. Pour y parvenir, Alteo s’est doté de trois filtres-presses depuis 2007 et les boues rouges déshydratées sont désormais stockées à terre, près de Gardanne. L’industriel voulait toutefois conserver le droit de déverser ses effluents liquides, qui restent très chargés en métaux divers.

" Il s’agit de rejet d’effluents liquides, chimiques toxiques et radioactifs. C’est toujours le dossier des boues rouges, même si les rejets n'en ont pas la couleur. Ce n’est pas du tout un traitement mais un prétraitement " a dénoncé Alain Matési, président-Fondateur de  l’association CoLLecT-IF environnement.

Le conseil supérieur de prévention des risques technologiques, chargé d’une enquête publique concernant 27 communes, avait déjà rendu un avis favorable aux demandes d’Alteo, malgré les remarques des experts, l’intense mobilisation citoyenne, le refus de plusieurs municipalités et l’opposition de la ministre de l’écologie. " A l’heure où l’opinion française redoute les délocalisations, il est impératif de sauvegarder plusieurs centaines d’emplois ", avaient justifié les commissaires chargés de l’enquête. 

Mais les rapports préliminaires, réalisés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et l’Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer), consultables sur le site du ministère de l'Ecologie, montrent que les animaux marins portent la trace incontestable des métaux (aluminium, titane, vanadium) qui constituent la signature de ces rejets.  

Les auteurs relèvent la piètre qualité chimique des eaux méditerranéennes, avec une " problématique de contamination marquée pour différentes substances dans les deux zones de prélèvement ". Pour autant, le risque sanitaire lié à la consommation de ces produits semble conforme aux seuils réglementaires, concluent-ils prudemment, en laissant malgré tout la question ouverte... 

Le risque environnemental, quant à lui, n'a pas fait l'objet d'études spécifiques. S'en forger une idée n'est toutefois pas bien compliqué. 

Préserver l’attractivité des milieux naturels en les protégeant au mieux est un enjeu essentiel à relever. Les conséquences de cette décision affectent directement la faune, la flore, la biodiversité, toutes ces ressources à préserver, pour lesquelles le Président de la République, François Hollande, avait promis pourtant de mobiliser tous les décideurs, lors de la COP 21…


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