Emmanuel
Macron souhaite réviser la directive sur les travailleurs
détachés. Ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée,
ancien ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, il ne
semble découvrir qu’aujourd’hui les méfaits de cette législation européenne.
Au vu de ses déclarations récentes, on est en droit de s'interroger sur le véritable but recherché par le Président de la République car une nouvelle révision hypothétique de cette directive, datant du 16 décembre 1996, ne changera pas grand-chose à la course au moins-disant social et fiscal en vigueur en Europe depuis de nombreuses années...
Au vu de ses déclarations récentes, on est en droit de s'interroger sur le véritable but recherché par le Président de la République car une nouvelle révision hypothétique de cette directive, datant du 16 décembre 1996, ne changera pas grand-chose à la course au moins-disant social et fiscal en vigueur en Europe depuis de nombreuses années...
Il
existe en France, entre 350 000 et 450 000 travailleurs détachés dans le
bâtiment, l’agriculture, la restauration et le tourisme sans oublier les
routiers. Ces travailleurs sont une aubaine pour les employeurs qui
paient des cotisations sociales alignées sur celles moins élevées de leurs
pays d’origine. C’est surtout dans le secteur du bâtiment que les grands
groupes Bouygues, Vinci, Eiffage exploitent ces salariés à prix plus bas
que les travailleurs français qui les côtoient et qu’ils remplacent sur les
mêmes postes de travail.
Cette
distorsion de concurrence est dénoncée en particulier par toutes les
confédérations syndicales mais aussi par certains entrepreneurs français qui
sont mis en concurrence déloyale avec des entreprises qui utilisent ces
travailleurs. Dans ce contexte, certains entrepreneurs qui embauchent des
salariés de droit français ont perdu de l'activité.
Mais
là où Emmanuel Macron se trompe et trompe les citoyens, c'est quand il dit que
cette situation est contraire " aux valeurs européennes ". Il
critique la Pologne qui est le principal pays bénéficiaire de ce
dispositif (50 000 travailleurs polonais en France) et qui ne tient
aucunement à modifier cette directive. Dans le même temps, il reste
curieusement silencieux à propos de l'Allemagne qui use et abuse aussi des
travailleurs détachés, notamment dans ses abattoirs et qui a donné son feu vert
à cette directive en 1996 !
"
La Pologne ne saurait être aujourd'hui le pays qui donne son sens ou sa
direction à l'Europe. C'est un pays qui décide aujourd'hui d'aller à l'encontre
des intérêts européens sur de nombreux sujets... La Pologne n'est en rien ce
qui définit le cap ni de l'Europe d'aujourd'hui, a fortiori l'Europe de demain.
L'Europe a été construite pour harmoniser las situations des différents pays,
créer au sein d'un marché unique de la convergence... L'Europe est un espace
qui s'est créé sur des valeurs, un rapport à la démocratie et les libertés
publiques qu'enfreint aujourd'hui la Pologne ..."
Mais
l'objectif de l'UE n'a jamais été d'harmoniser ou de faire converger les
systèmes sociaux et fiscaux. Au contraire, les traités l'interdisent ! Qu'on se
souvienne du taux de l'impôt sur les sociétés (IS) en Irlande de 12,5 %, sans
aucune réaction possible des autres Etats. Le dumping fiscal et social est
inscrit dans les traités, et c'est la raison pour laquelle l'IS ne cesse de
baisser dans chaque pays, chaque Etat voulant faire mieux que son voisin pour
attirer les capitaux.
Emmanuel
Macron demande que " la rémunération soit équitable " mais il
n’y a qu’une seule façon qu’elle le soit, c’est appliquer le principe
" à travail égal salaire égal ", donc payer le même salaire net
et brut que les salariés français. En novembre dernier, des travailleurs
français ont du se mettre en grève dans la région de Bordeaux contre la
direction d’Eiffage qui voulait les aligner sur le prix des travailleurs
détachés, 45 h payées 37 h… Toujours en Gironde, on a trouvé des travailleurs
détachés hongrois, envoyés par une entreprise allemande, qui travaillaient dans
le secteur des panneaux solaires 7 jours sur 7 pour 2,20 euros de l’heure !
Le
président de la République propose enfin des contrôles et des sanctions
mais le nombre de postes d’inspecteurs du Travail a été
réduit sous le quinquennat de François Hollande et va continuer à
baisser en 2018. On sait donc d’avance que ce n’est pas contrôlable et que ce
ne sera pas sanctionné. L’inspecteur du travail peut toujours écrire à Sofia ou
Varsovie pour demander si les fameuses cotisations à prix bas sont payées par
le patron français, il n’aura jamais de réponse ni de moyens d’imposer quoi que
ce soit.
Emmanuel
Macron en fait ne souhaite pas mettre fin à la concurrence déloyale
des travailleurs détachés et veut juste en limiter le temps de présence en
France à un an. Mais, bien évidemment, toute entreprise spécialisée dans ce
business-là remplacera le travailleur par un autre sur la même mission au bout
d'un an…
Si
l'on veut vraiment mettre fin à ce scandale, il faut
interdire purement et simplement l'application de la directive en France
et dénoncer les traités actuels qui sanctifient la concurrence libre et
donc déloyale. Mais un ancien banquier de chez Rothschild peut-il ne serait-ce
qu'y penser ? Poser la question, c'est y répondre...
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