07 juillet 2018

Mettre fin au racket des sociétés d'autoroutes : une vraie réforme que ne fera pas Emmanuel Macron...

Gare de péage
La route est un bien public mais comme toujours, les missions de service public confiées à des opérateurs privés, à l'image d'autres secteurs économiques, se traduisent par une augmentation non justifiée des prix au détriment des utilisateurs ou des consommateurs. 
Et aujourd'hui, non seulement les péages autoroutiers continuent d’augmenter régulièrement mais sur deux tronçons d'autoroute à peu près identiques en longueur, le prix du péage au kilomètre peut varier de 1 à 5...


A l'origine, les péages autoroutiers devaient servir à rentabiliser les investissements consentis pour construire les autoroutes mais ces grands axes de circulation sont largement amortis depuis longtemps. Il n'est donc plus nécessaire d'augmenter les tarifs des péages et il serait même tout à fait justifié qu'ils soient réduits de façon significative. 

Un peu d'histoire 

En octobre 2001, le processus de privatisation des autoroutes était engagé par Laurent Fabius, alors ministre des Finances du gouvernement de Lionel Jospin. Une seule société d'autoroutes, Cofiroute, était alors privée. L'opération lancée concernait les Autoroutes du Sud de la France (ASF) avec l’ouverture minoritaire de son capital et son introduction en bourse dans le cadre d’un plan de relance de l’économie.
En novembre 2004 et mars 2005 la Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône (SAPRR) et celle des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (SANEF) étaient elles aussi introduites en Bourse. Le 8 juin 2005, le Premier ministre, Dominique de Villepin, annonçait leur privatisation lancée officiellement via un appel à candidatures (14 milliards d'euros au lieu du prix de vente minimum de 24 milliards estimé par la Cour des comptes). 
En 2006, la privatisation totale des sociétés ASF, SAPRR et SANEF était rendue effective par décrets publiés au Journal Officiel. 
Depuis cette date, les tarifs des péages ont explosé et la Cour des comptes a dénoncé ce qui s'apparente à du racket et même à une situation de rente digne de l'Ancien régime, en particulier l’opacité de la gestion et les hausses tarifaires injustifiées. Ses rapports réguliers, ainsi que ceux de l’Autorité de la Concurrence, ont démontré que les sociétés d’autoroutes affichaient des taux de rentabilité exceptionnels, atteignant des records, dans certains cas de plus de 60% ! 

La technique dite du " foisonnement " 

Pour justifier la hausse continue des péages, les sociétés d’autoroutes invoquent notamment l'argument du coût de l'entretien mais celui-ci représente une part infime dans les bilans annuels.
La Cour des comptes a notamment mis en lumière la fameuse technique dite du " foisonnement ". En quoi consiste cette technique ?
A chaque augmentation de tarifs, les concessionnaires disent respecter le cahier des charges et le système des prix, ce dernier étant inhérent au système tel qu'il avait été conçu avant même la privatisation. 
En clair, l'Etat fixe un taux global d'augmentation pour chaque société, qui choisit ensuite d'augmenter plus ou moins certains tronçons. Les tronçons où il y a le plus de trafic sont les plus chers, ce qui permet de donner un coup de pouce à leurs résultats, tout en respectant les consignes de l'Etat. Par exemple, si l’on emprunte le tronçon de l'A64N entre Chapitre et Muret Nord, il faut débourser près de quatre fois plus que sur le tronçon Nîmes Ouest-Arles sur l'A54, qui est pourtant loin d'être le moins cher.
De plus, chaque société possède sa propre méthode de calcul des tarifs, ce qui complique encore un peu plus la compréhension des prix par les automobilistes.
Ces pratiques ne sont pas hors-la-loi mais s'apparentent à une spoliation de bien public qui prive le pays du bénéfice d'infrastructures payées par les impôts des citoyens et rend impossible la gratuité de circulation, pourtant promise initialement par l'Etat.
Les automobilistes attendent donc toujours l’annulation pure et simple des privatisations des  sociétés d'autoroutes et leur rachat par l’Etat au prix où elles ont été vendues en 2006 mais à l'image actuellement des Aéroports de Paris, d'Engie (ancien Gaz de France) et de la Française des jeux, Emmanuel Macron entend bien continuer à privatiser massivement au nom de la sacro-sainte libéralisation des services, chère à l'Union européenne…


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